Une interview exclusive de Kamal Abdallah Salim. Porte-parole du Collectif pour la Défense de la Démocratie aux Comores. www.lemoheli...
Une interview exclusive de Kamal Abdallah Salim.
Porte-parole du Collectif pour la Défense de la Démocratie aux Comores.
www.lemohelien.com: Depuis 2008, soit deux ans après l'élection d'Ahmed Sambi à la magistrature suprême des Comores, tout le monde s'est aperçu que le Collectif pour la Défense de la Démocratie au Comores, dont vous êtes le charismatique et emblématique porte-parole, s'est toujours associé au Parti RIDJA pour promouvoir un certain nombre de valeurs républicaines et démocratiques, mais aussi des actions politiques d'envergure contre les régimes politiques en place à Moroni, d'Ahmed Sambi à Ikililou Dhoinine. De fait, certaines mauvaises langues vont jusqu'à prétendre que le Collectif est un simple supplétif, un produit additionnel, voire un faire-valoir pour le Parti RIDJA. Pour leur part, les langues de vipère disent ouvertement, après des années de murmures et de rumeurs de bouchères, que vous seriez un des lieutenants les plus influents de Maître Saïd Larifou, le Président du RIDJA. Est-ce que ces murmures ont un fond de vérité?
www.lemohelien.com: Pourtant, vous savez bien que la rumeur constitue le sel de la vie politique aux Comores. Vous savez bien qu'on me nomme membre de tous les partis politiques comoriens, alors que je n'ai jamais eu de carte d'électeur, ni de carte de parti.
Kamal Abdallah Salim: Je sais, je sais. On prétend que vous avez conclu un accord secret avec le RIDJA. On prétend que votre sœur Madame Moinaécha Youssouf Djalali vous a promis le ministère des Affaires étrangères ou l'Ambassade des Comores à Paris. On prétend que vous avez écrit un livre de propagande en faveur du Vice-président Mohamed Ali Soilihi, uniquement parce que vous avez de bonnes relations avec son ami et colistier Maître Ibrahim Ali Mzimba. On prétend que vous avez conclu un accord secret avec Hamada Madi Boléro, que vous devez critiquer mollement de temps à autre pour tromper les gens. On prétend même que vous défendez la Première Dame face à la hargne et aux mauvaises manières d'Ahmed Sambi. On prétend, on prétend…
www.lemohelien.com: Le Parti RIDJA en appelle à une manifestation publique de protestation mercredi 19 mars 2014 à 16 heures, Place Badjanani, à Moroni. Les membres du Collectif feront-ils le déplacement et serez-vous du voyage? Pouvez-vous nous dire quelques mots à ce sujet, sur le sens profond de cette nouvelle démarche citoyenne en terre comorienne.
Kamal Abdallah Salim: Tout d'abord, je tiens dire que des membres du Collectif seront dans le meeting historique du 19 mars 2014, pendant que moi-même, je ne peux organiser un tel voyage. Cela étant dit, je souhaite réaffirmer tout mon soutien et toute ma solidarité envers l'initiative courageuse, de salut national, entreprise par le Parti RIDJA, en concertation avec le Collectif et d'autres partenaires politiques sur le territoire national. Je tiens à exprimer toute ma reconnaissance à son chef charismatique, Maître Saïd Larifou, un véritable guerrier de la paix et de l'État de Droit, un vrai gladiateur dans l'arène citoyenne, une infatigable machine de guerre pacifique. Il est vrai que nous avons le même tempérament et avons en partage de nombreuses valeurs républicaines. Nous sommes en symbiose totale sur le diagnostic et sur les solutions à apporter pour remédier aux maux qui traversent les Comores, notamment sur la nécessité urgente de mettre un terme à ce régime politique carnivore qui, en soi, est une plaie de l'Histoire. Nous sommes tous animés de la volonté de mettre fin au bal des vautours et à l'État-casino des copains et des coquins, à un régime politique comprenant des escrocs compulsifs, aux démarches illicites qui donnent lieu aux carnets de lait les plus surenchéris de l'Histoire récente de notre jeune État. Ce régime politique est un cancer qui cherche à se métastaser alors qu'il est au stade d'une tumeur au cerveau, dont on peut encore sauver l'essentiel, à condition d'agir vite. C'est une véritable course contre la montre que nous devons engager. C'est pourquoi toutes les bonnes volontés sont la bienvenue. Dans cette bataille contre un système mafieux, personne ne doit se sentir visé, comme personne ne peut prétendre pouvoir tirer à lui seul profit du contexte actuel. Le pays seul engrangera les bénéfices de cette lutte. Pour toute ambition politique partisane, il faudra patienter et attendre le moment venu et pour que cela se fasse. Il nous faudra, avant toute chose, créer les conditions optimales, celles propices à une élection démocratique, libre et transparente. Ce qui n'est pas possible dans l'état actuel des choses. De la manifestation pacifique du 19 mars 2014 doit émerger un Front républicain afin de commencer à mettre par terre les certitudes nocives, nuisibles et destructrices d'un régime politique qui se complaît dans un confort morbide, immaculé du sang sacré de nos frères victimes d'un système politique funeste et infâme, bâti par des tyrans bellicistes et arrogants. Nous nous attelons au prélude funèbre de leur propre disparition. La Providence a ses desseins, qui doivent nous pousser à méditer sur nos malheurs, provoqués par le régime politique ubuesque et autocrate d'Ikililou Dhoinine. Car l'histoire s'arrête quand l'homme n'agit plus, et nous faisons le choix d'agir pour ne plus subir l'Histoire. Ainsi, la peur va-t-elle changer de camp.
www.lemohelien.com: Après le 19 mars 2014, quelle perspective envisagez-vous pour le pays et qu'adviendra de nos institutions au-delà cette date, alors que le mandat des Députés prend fin et que le Président de l'Union a pris la décision unilatérale de prolonger de 8 mois une législature qui n'a brillé que par l'action du Député Abdoulfattah Saïd Mohamed.
Kamal Abdallah Salim: Je ne suis pas Madame Soleil et je ne veux pas jouer les Cassandre, encore moins me faire passer pour un diseur de bonne aventure. Pour autant, je reste persuadé que notre pays est à la croisée des chemins et qu'il se joue là et maintenant le destin futur de notre chère patrie. Depuis quelques temps, la rue comorienne grogne, gronde et s'agite. Elle est en pleine effervescence. L'impatience se fait sentir. La société civile a occupé la rue pendant 3 mois. Elle a été suivie par les enseignants de l'École privée et publique, le point d'orgue étant atteint à la suite de l'entrée en scène fracassante des élèves, qui ont fait preuve d'une détermination et d'une volonté impressionnantes. Je tiens d'ailleurs à leur rendre un hommage très appuyé. Et voilà qu'aujourd'hui, l'opposition nationale, à travers un Front républicain, s'empare du flambeau de la contestation et se dresse vent debout contre le système politique et contre ceux qui l'incarnent. L'opposition nationale s'est résolument engagée à mettre un terme aux malversations financières, aux détournements des deniers publics, et s'engage à récupérer tous les biens mal acquis sur le dos de l'État comorien. Rendre un hommage très appuyé aux mouvements citoyens, voilà qu'aujourd'hui l'opposition nationale, à travers ce Front républicain, s'empare de flambeau de la contestation et se dresse contre les corrompus, les corrupteurs et les receleurs. Nous continuons à nous opposer à la violation des règles démocratiques, à la marginalisation de la Cour constitutionnelle, à la violation de la Loi fondamentale. Nous nous engageons à restaurer la cohésion nationale, à œuvrer pour la paix sociale, à dénoncer une Assemblée nationale monogramme, monochrome, inodore et incolore, bref, un Parlement aux ordres de son maître, dans les Comores de Papa.
Propos recueillis par ARM
© www.lemohelien.com – Mardi 18 mars 2014.