Une simple lecture des déclarations d’hommes politiques algériens, de la presse algérienne et internationale, des défenseurs et opposants à...
Une simple lecture des déclarations
d’hommes politiques algériens, de la presse algérienne et internationale, des
défenseurs et opposants à une 4ème candidature de Bouteflika mais
également le nombre impressionnant de candidats à cette présidentielle
algérienne 2014 laissent à penser que les dés sont pipés.
A l’heure où cet article est
écrit, près d’une centaine de citoyens algériens ont retiré leur dossier de
candidature. Une inflation de candidatures historique dans les annales politiques
de l’Algérie post-coloniale qui interpelle le simple observateur de la
situation politique algérienne.
En Algérie, bien que la loi
autorise à tout citoyen lambda, qui réunit les conditions requises, de
prétendre au fauteuil présidentiel, il est de notoriété publique que la
cooptation reste le modus operandi pour la désignation des Présidents de la
République.
D’ailleurs, la grande
majorité de candidats de cette floraison printanière précoce le sait, mais a
décidé de tenter l’aventure pour amuser la galerie et tirera sa révérance juste
avant le lancement de la course.
En effet, nombre de
candidats ne pourra réunir les souscriptions requises et encore mois mener une
campagne présidentielle qui demande des moyens financiers conséquents.
Dans cette ruée à la
candidature que des inconnus du bataillon, peu de partis politiques ont engagé
officiellement leur candidat. Seuls le Parti Travailliste de Louisa Hanoune, le
FNA de Moussa Touati, l’Ahd 54 d’Ali Fawzi Rebaïne, le Jil Jadid de Soufiane
Djilali, le Front El Moustakbel d’Abdelaziz Belaïd, le Rassemblement Algérien d’Ali
Zeghdoud et le Mouvement National d’Espérance de Mohamed Hadef l’ont fait.
S’agissant du FLN, celui-ci
a apporté son total soutien à une 4ème candidature de Bouteflika. Un
soutien qui a été renforcé par le ralliement à cette option de 42 petits partis
satellitaires du FLN et du Rassemblement National Démocratique.
Pour ce qui est des partis
islamistes, dont le Mouvement de la Société pour la Paix, tous
ont décidé de boycotter ce scrutin, une première depuis le multipartisme
instauré par la réforme constitutionnelle de 1989.
Ainsi, au regard de la nuée
de candidats, tout porte à croire que les autorités algériennes
cherchent un éparpillement des voix qui garantirait une élection dès le 1er
tour de son candidat en éliminant d’entrée les adversaires les plus redoutables
que sont Ali Benflis, Mouloud Hamrouch, qui vient de décliner l’offre d’un
ticket présidentiel avec Bouteflika, Ahmed Benbitour et Ahmed Ouyahia,
De plus, force
est de constater que des restrictions ont été imposées au droit de
rassemblement et l’espace médiatique a été totalement vérouillé. Des mesures
qui laissent présager que cette présidentielle ne sera pas une compétition
ouverte et que le rendez-vous du changement et des réformes pour le peuple
algérien est repoussé aux calendes grecques.
Il est à noter
qu’excepté le référendum du 1er juillet 1962, toutes les élections ont été
utilisées pour renforcer le régime et, aujourd’hui, bien qu’il soit ébranlé par
des luttes internes, il est avéré qu’il ne lâchera pas du lest.
Les responsables
algériens feront tout pour empêcher toute alternance afin de ne pas perturber
le fragile équilibre entre les différents clans au pouvoir et assurer la
pérennité du système de rente.
Un équilibre
précaire qui pourrait bien avoir volé en éclat après les déclarations du patron
contesté du FLN, proche du clan Bouteflika, Amar Saïdani, faites dans une
interview au site électronique TSA publiée le 03 février 2014, dans lesquelles
il appelle le tout puissant chef des Services, le général de corps d’armée Mohamed
Toufik Mediene, à démissionner.
Un appel qui
sera sans nul doute suivi de réactions sanglantes lors de cette présidentielle
car en Algérie, il est dangereux, voir mortel, de s’attaquer frontalement au
tout puissant DRS et à son patron.
Une
présidentielle algérienne qui attestera, au final, que seul le candidat coopté par
l’oligarchie militaro-financière qui dirige l’Algérie depuis son indépendance, sera
élu.
Cette profusion
de candidatures, tout à fait légitime dans une vrai démocratie, n’est que
poudre aux yeux lancée aux observateurs algériens et internationaux et commence
à susciter moult interrogations tout en n’augurant rien de bon pour le peuple
algérien privé de libertés, de mode d’expression, de critiques et de libre choix.
Dans quelques
semaines, le peuple algérien assistera médusé au bal des courtisans et certains
pourront choisir leur candidat au Souk El Fellah, après la parade du Carnaval
printanier des prétendants à la Magistrature Suprême.
Une certitude,
cette présidentielle n’intéresse pas les algériens car les cartes sont jouées
et elle devrait enregistrer un fort taux d’absentéisme ou un bourrage d’urnes
sans précédant.
Farid Mnebhi.