Le gouvernement français est parvenu à éteindre le feu à La Réunion et dans les Antilles. Mais la limitation des marges profitera peu aux au...
Pour une fois le gouvernement n'a pas reculé. Après un bras de fer de plusieurs mois avec les pétroliers et malgré les grèves à répétition des sations-service de Martinique, Guadeloupe, Guyane, Réunion et Mayotte, Victorin Lurel, le ministre des Outre-mer a réussi à imposer une limitation de la marge des pétroliers dans les DOM à 9% contre 14% à 22% jusqu'à présent.
Les trois arrêtés de méthodes ont été publiés au Journal Officiel jeudi 5 février, l'un pour les Antilles-Guyane (11 pages), l'un pour Mayotte ( 6 pages) et le dernier pour La Réunion (6 pages).
Une nécessaire transparence sur les marges
Tout avait commencé le 29 octobre 2013 quand le ministère des Outre-mer saisit l'Autorité de la concurrence sur un projet de décret visant à limiter les marges des importateurs d'hydrocarbures, à faire baisser les prix à la pompe et à établir une transparence sur les réseaux de distribution et la répartition des profits.
Très vite, les pétroliers vont menacer de remettre en cause, via notamment une plus grande automatisation, l'emploi des pompistes dans les stations-service qui en général leur appartiennent. Il n'en fallait pas plus pour déclencher une vague de grèves des pompistes. Grèves qui ont pris fin avant même la publication des arrêtés au Journal Officiel.
En fait, la situation est différente selon les îles. Aux Antilles et en Guyane, le monopole des hydrocarbure est assuré par la SARA, une filiale de Total. A Mayotte, Total a aussi directement le monopole de la distribution. A la Réunion, c'est la Société Réunionnaise des produits pétroliers (SRPP) qui assure à la fois une activité de grossiste à travers son réseau de stations Shell et de stockeur pour l'enseigne Elf. Les autres grossistes réunionnais étant Total, Tamoil et Engen.
Au mieux 3 centimes de moins au litre
Au total au niveau des DOM, quelque 26 millions devraient théoriquement être récupérés sur la filières pétrolière qui dégage un bénéfice net de 99 millions d'euros. Les députés et sénateurs ultramarins ont applaudi l'accord en estimant qu'il permettra "une économie concrète à la pompe au profit des de chaque consommateur d'Outre-mer".
Toutefois, de nombreux observateurs restent sceptiques quant à un recul des prix des carburant. A la Réunion par exemple, les marges des grossistes et des détaillants ont été maintenues et seule la SRPP voit ses marges réduites sur son activité de stockage. Ce qui devrait représenter 1 à 2 millions récupérés. Et Victorin Lurel l'a lui même reconnu: la baisse des des prix, si elle intervient, ne devrait pas dépasser 3 centimes par litre.
Pierrick Pédel pour Challenges
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