Pétrole, mon beau pétrole, dis-nous où tu te caches. Tandis que tous les hommes politiques de la place fantasment sur des hypothétiques ...
Pétrole, mon beau pétrole, dis-nous où tu te caches.
Tandis que tous les hommes politiques de la place fantasment sur des hypothétiques découvertes de gisements de pétrole et de gaz, la population, quant à elle, espère juste ne pas finir noyée dans un puits de pétrole. En effet, plusieurs indicateurs nous laissent perplexes par rapport à cette manne qui viendrait de la mer pour sauver un archipel au bord des abysses de l’océan Indien. Avec une économie moribonde, sous perfusion des aides internationales, des envois de la diaspora et des quelques liquidités honteuses et scandaleuses de la «citoyenneté économique», les dirigeants de la République, qui n’a de République que le nom, misent sur ce dernier coup de dé pour sauver les apparences et sortir la tête haute après 38 ans d’errance et de tâtonnement, afin de mener le peuple vers la terre promise. Hélas pour eux, l’Histoire est là pour nous dire que l’or noir salvateur et tant convoité risque d’être le point d’achèvement d’une République balbutiant dans les méandres des imbroglios constitutionnels avec ses trois Gouverneurs et leurs gouvernements, son Président et son gouvernement, ses quatre assemblées, ses pléthores de conseillers, directeurs généraux , régionaux, etc.
Ceux qui nous précèdent ne font pas mieux
En attendant de danser sur les barils de pétrole et de sortir enfin des pays classés PMA vers les pays à revenus intermédiaires comme l’espèrent certains, nos pays frères du continent ne nous ont pas donné la bonne recette pour mieux gérer la manne divine. Effectivement, plusieurs pays africains producteurs de pétrole sans compter les ressources minières supplémentaires qu’ils exploitent n’ont pas fait les avancées spectaculaires que l’on espérait. Au Maghreb, la population, privée de tout droit, a fini par descendre dans les rues, après avoir croupi pendant des années sous les bottes des dictateurs. Encore une opération hypocrite de l’Occident? Peut-être, mais ne dit-on pas que c’est l’occasion qui fait le larron? L’Afrique subsaharienne ne fait guère mieux, partagée entre les Présidents à vie, la mégalomanie, la corruption, les guerres civiles et la pauvreté.
L’autodestruction comme modèle
En l’état actuel des choses, une découverte de gisements au large des Comores, ne ferait que précipiter le pays vers un chaos indescriptible. Un pays où pour planter un manguier au bord de la route, nécessite le parrainage d’un organisme international, on se demande comment on pourra gérer des centaines voire des milliards de dollars. Avec les maigres ressources actuelles, le pays est embourbé dans les scandales financiers, d’un côté, et dans l’incapacité de proposer une vision claire à court, moyen et long termes, d’un autre. Résultat des courses: après des décennies d’indépendance, le pays ne dispose d’aucune infrastructure viable, la corruption est devenue le sport roi, et les inégalités sociales ne font que s’agrandir. Un pays en ruines. On voit mal par quel miracle on peut changer des pratiques malsaines devenues traditions du seul fait qu’on ait découvert du pétrole.
Le rêve est permis certes, mais avant de vivre son rêve, il faut être prêt à le faire. Commençons donc par une meilleure éducation, une meilleure Justice, une administration efficiente et une meilleure gouvernance. Réagissons à temps avant que le rêve ne devienne cauchemar au pire. Au mieux, on sera prêt pour l’avenir si le rêve ne reste juste qu’une énième désillusion sous les cocotiers des Iles de la Lune, car jusqu’à présent personne n’a vu une goutte de ce beau pétrole.
© www.lemohelien.com – Mercredi 1er janvier 2014.