Élections à Hamavouna, meeting à La Courneuve et confusion à Place d’Aix. Hystérique! Échevelé! Sonné! Ceux qui l’ont vu, disent n’avo...
Élections à Hamavouna, meeting à La Courneuve et confusion à Place d’Aix.
Hystérique! Échevelé! Sonné! Ceux qui l’ont vu, disent n’avoir jamais connu Mohamed Ali de Fomboni dans cet état proche de l’hystérie. C’était le 23 septembre 2010. On l’a vu dans une cabine téléphonique à Fomboni appeler toutes ses relations politiques en France – et Dieu sait s’il en a – et ce, pour répéter comme une antienne: «Est-il exact que tel candidat à l’élection présidentielle 2010 s’était endormi en plein meeting organisé à Marseille en son honneur et que, dans ses rares moments de lucidité, quand on lui posait une question sur la banane, il parlait de manioc?». Résultat de cette folie: 35.000 francs comoriens «brûlés» en cartes téléphoniques, mais la persévérance de Mohamed Ali avait fini par payer, puisque les méchantes langues avaient certifié, la main sur le cœur, que lors du meeting en question, le candidat en cause dormait les poings fermés, ronflait et répondait à côté… À quoi une telle information allait servir à Mohamed Ali si ce n’est pour essayer de convaincre un certain nombre de personnes que la candidature de ce amusant dormeur en public faisait jaser les Comoriens de France, et qu’elle devait être retirée dans la mesure où elle posait problème?
«Anecdotique», me direz-vous. Non. Nous sommes bien loin de l’anecdote car, là, nous entrons de plain-pied dans l’un des aspects les plus marquants, les plus récurrents des mœurs politiques des Comores: faire de la politique dans ce pays par procuration, comme si, pour exister, un politicien comorien a nécessairement besoin de se faire accepter, d’abord, à Paris, Dunkerque, au Havre, La Courneuve, Marseille, Vaulx-en-Velin et autres villes de France métropolitaine, avant que sa stature d’homme d’État ne soit acceptée sur les rivages de l’océan Indien. En vue de l’élection présidentielle et de celle des gouverneurs des Îles autonomes en octobre et décembre 2010, les Comoriens, complètement dépassés virent une très forte délégation d’un parti politique quitter les Comores en direction de la France, exhibant fièrement un budget de plus de 60 millions de francs comoriens, à un moment où les Comores sont ancrées obstinément dans une récession aux effets ravageurs.
Plus surréaliste encore, certains politiciens comoriens estiment que leur pèlerinage électoral en France peut avoir sur leur carrière moribonde ou sur leur campagne électorale en berne les effets de l’eau bénite sur un paralytique. L’affaire frise le risible quand, chaque fois qu’un Comorien se pique d’être un politicien, il doit impérativement se rendre en France, faire son petit show et se faire accepter par les grands chefs du «Madjliss». Encourageant! On a même vu des politiciens sans le sou – n’ont-ils pas dilapidé le joli magot qu’ils ont volé au peuple comorien quand ils étaient aux affaires? – se faire payer des voyages onéreux, se faire placer dans des résidences familiales ou dans des hôtels et se faire offrir des costumes pour eux-mêmes et des tailleurs pour Mesdames leurs chères épouses par des Comoriens bien dévoués, mais qui vivent de petits emplois et ont un nombre incommensurable de problèmes d’ordre financier à régler en famille. C’est triste de voir ces patriotes sincères consentir des sacrifices pour certains bandits de grand chemin qui, une fois l’élection passée, élus ou rejetés par le peuple, n’hésitent pas à se répandre en ricanements et railleries sur leurs bienfaiteurs.
En même temps, en France, on rencontre une étrange faune, car certains Comoriens vivant à Paris et ailleurs, empruntant l’inimitable style des «Comoricains», ne sont pas en reste puisque, avec une facilité déconcertante, s’autoproclament politologues, spécialistes de sociologie électorale, spécialistes en mercatique politique, conseillers politiques, experts en communication politique, alors qu’ils savent rien de tout ça et ne sont que des mythomanes à la petite semaine, abusant sans vergogne de la sincérité, voire de la naïveté d’autrui. À l’approche des élections aux Comores – ce phénomène étant plus sensible depuis 2006, en prenant des proportions diaboliques en 2010, et sataniques en janvier 2014 –, certains parmi ces affabulateurs se mettent en disponibilité, s’achètent des costumes en solde ne dépassant 25 euros que bien rarement (on en trouve même au poids) et «descendent» aux Comores, où ils passent leur temps à embrouiller les gens, comme si les Comoriens n’avaient pas assez de problèmes comme ça… S’ils pouvaient avoir une petite idée du mépris que les Comoriens des Comores ont pour eux… Ces «spécialistes» sont des «Comoricains», donc des vantards.
Du cinéma. Du cinéma à l’état pur. Ces gens ne sont pas francs du col. Les plus culottés – et, il n’en manque jamais – s’introduisent subrepticement dans les états-majors politiques français, promettent de leur apporter les voix de tous les électeurs d’origine comorienne. Le plus drôle dans l’affaire, c’est que ces requins à deux pieds promettent toujours la même chose aux partis politiques les plus en vue, qu’ils soutiennent par l’intermédiaire de groupes distincts, trahissent ces partis politiques sans honte, ne maîtrisent que leurs propres voix et vivent du mensonge et dans le mensonge. Dès que les résultats du scrutin en France sont connus, ils se déclarent du vainqueur du jour, se rangent derrière lui et jouent aux chefs auprès des autres Comoriens, leur promettant le bonheur paradisiaque sur terre.
Comme dit le proverbe mohélien bien connu, «l’aplomb, c’est de l’argent», et ces gens poussent le bouchon trop loin quand ils déclarent être présidents d’une Fédération des ONG comoriennes en France, d’une Union des Associations comoriennes en France, alors qu’aucune association comorienne n’est membre de leurs coquilles vides aux méthodes douteuses, qui n’ont qu’un seul membre, le menteur qui les crée pour ses propres besoins alimentaires. Parfois, on y trouve les épouses. Plus grave encore, les présidents de ces coquilles vides promettent aux partis politiques comoriens et français l’apport des voix de toutes les familles comoriennes installées en France quand l’élection se déroule en France et de celles restées aux Comores pour les élections aux Comores. Il fallait y penser. Il fallait l’oser. Mais, les choses se clarifient et les affabulateurs et mythomanes sont enfin connus.
Dès que ces champions en mobilisations populaires (qui ne mobilisent qu’eux-mêmes) et en politique apprennent que des candidats à une élection présidentielle aux Comores effectuent le pèlerinage électoral en France, ils déclarent être mandatés par les grands partis politiques français pour faire du lobbying et introduire lesdits candidats auprès de ces derniers, affirment partout avoir organisé des rendez-vous pour eux auprès des autorités françaises, jurent être chargés par des «bailleurs de fonds» pour contacter lesdits candidats et avoir reçu mandat des personnalités politiques comoriennes pour leur préparer un agenda de rencontres avec les industriels, les partis politiques et les autorités françaises, le tout dans une confusion monumentale, car deux menteurs peuvent s’autoproclamer mandataires pour la même mission et au profit d’un seul et même candidat ou parti politique, en même temps. Ah! Les scélérats!
D’autres joyeux lurons désœuvrés et sans scrupules, sans rire, débarquent en France, où ils prétendent être les représentants personnels des principaux candidats. En 2010, cette tendance avait atteint des proportions frisant la folie. Depuis novembre 2013, le phénomène a repris.
En d’autres termes, la philosophie électorale aux Comores se résume par: «Si tu veux te faire élire aux Comores, fais un pèlerinage en France, et raconte des salades aux gens». Depuis le 11 janvier 2014, Ahmed Sambi est sur les routes françaises, prêchant une parole de plus en plus inaudible, répétant les mensonges de 2006. Le Gouverneur Mouigni Baraka de la Grande-Comore, grand prêtre des Assises de la Diaspora comorienne à Dunkerque en 2012, une plaisanterie qui avait coûté 100 millions de francs comoriens, se rappelle au bon souvenir de la France, où il a organisé un meeting populaire ce dimanche 26 janvier 2014, à Marseille. Même s’il a placé son discours sous le signe de la «Coopération décentralisée», la réalité est ailleurs: il est en campagne électorale pour le scrutin présidentiel de 2016 et entend faire entendre sa voix. Mais, il doit compter avec Mohamed Abdouloihabi, ancien Président de l’Île autonome de la Grande-Comore, qui est sur place à Marseille en train de mobiliser ses soutiens politiques, toujours en vue de l’élection présidentielle de 2016. Mohamed Daoud dit «Kiki» a été le premier à entrer en campagne électorale en France, et cela dès la mi-2013.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Lundi 27 janvier 2014.