De Blaise Compaoré à Yoweri Museveni, voici les chefs d'État qui ne sont pas prêts à céder leur place. «Le pouvoir est l'aphrodis...
De Blaise Compaoré à Yoweri Museveni, voici les chefs d'État qui ne sont pas prêts à céder leur place.
«Le pouvoir est l'aphrodisiaque suprême»,
disait Henry Kissinger, le prix Nobel de la paix 1973 et nombreux sont
les présidents qui ne peuvent plus s’en passer. Arrivés à la tête de
leurs pays par coup d’Etat ou par des élections dites démocratiques, voici un petit échantillon classement des ces dirigeants africains.
1 — Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, 71 ans et 34 ans au pouvoir
Teodoro Obiang Nguema Mbasogo à la cérémonie d'ouverture de la CAN en Guinée Equatoriale, REUTERS/Amr Abdallah Dalsh
A la première place de ce classement on retrouve le président de la Guinée équatoriale:
Teodoro Obiang Nguema. Arrivé au pouvoir le 3 août 1979, après avoir
renversé son oncle Francisco Macias Nguema, cela fait plus de 30 ans
qu’il dirige cet pays. Aujourd’hui âgé de 71 ans, cet ancien militaire
n’est pas près de céder sa place.
2 — José Eduardo Dos Santos 71 ans et 34 ans au pouvoir
José Eduardo Dos Santos à l'aéroport de la Havane à Cuba, REUTERS / Claudia Daut
Cet ancien ingénieur du pétrole et militant contre
les colons portugais est parvenu à se hisser au sommet de ce pays par
désignation, après la mort d’Agostinho Neto, le 10 septembre 1979. Avec
34 ans de règne à la tête de l’Angola,
José Eduardo Dos Santos a fait savoir qu'il pourrait ne pas se
présenter au scrutin de 2017. Même si ce n'est pas la première fois que
le chef de l'Etat angolais fait ce type d'annonce.
3 — Paul Biya 80 ans et 32 ans au pouvoir
Une femme sous une affiche de campagne de Paul Biya Youndé, REUTERS / Akintunde Akinleye
Il a succédé à Ahmadou Ahidjo, le 6 novembre 1982, après la démission de ce dernier. Paul Biya
est accriché au palais d'Etoudi depuis 32ans. Grâce à la levée de
limitation de mandat, en 2008 et à l’opposition qui peine à se
rassembler autour d’une candidature unique, Paul Biya semble se diriger
vers une présidence à vie.
4 — Yoweri Museveni 69 ans et 28 ans au pouvoir
Yoweri Museveni sur une affiche du National Resistance Movement à Kampala en Ouganda, REUTERS/Radu Sigheti
Devenu président de la République après un coup d’État, Yoweri Museveni dirige l’Ouganda
depuis janvier 1986. Cet ancien agent des services secrets du président
Milton Obote, va attendre 1996 avant d’organiser une élection dont il
sera le seul est l’unique candidat.
Fils d'un riche propriétaire terrien, il est lui-même considéré,
aujourd’hui, comme un millionnaire en dollars. Après 28 ans de pouvoir
et une fortune non négligable, il envisage de céder sa place... mais à
son fils Muhoozi Kainerugaba.
5 — Robert Mugabe 89 ans et 26 ans au pouvoir
Affiche de Robert Mugabe à son arrivée à l'aéroport d'Harere au Zimbabwe, REUTERS/Philimon Bulawayo
Il est le plus âgé des chefs d'État d'Afrique en
exercice. Élu le 31 décembre 1987, après avoir été premier ministre dès
1980, il a depuis plongé le Zimbabwe dans une dictature. Robert Mugabe va au cours de son mandat mener son pays vers une pénurie alimentaire et en plus de créer une certaine rivalité ethnique. Cet ancien chef
de guérilla dans l'ex- Rhodésie du Sud, Président depuis 27 ans, il a
cependant accepté de partager le pouvoir depuis 2008, avec l’opposant Morgan Tsvangirai.
6 — Idriss Déby Itno 62 ans et 23 ans au pouvoir
Idriss Déby Itno lors d'un discours au Mali, AFP PHOTO / STR
Le 2 décembre 1990, il chasse du pouvoir Hissène Habré.
Un homme qui l’avait aidé à gravir les échelons des Forces armées.
Officiellement président de la République du Tchad, le 28 février 1991, Idriss Déby Itno
va instaurer le multipartisme sous le regard fier de son soutient
européen. Mais va s’en suivre des accusations de détournement à des fins
militaires ainsi que des violations de droit de l’homme. En 23 ans de pouvoir, Idriss Déby Itno a souvent vu son gouvernement se fragiliser, sans jamais être renversé.
7 — Blaise Compoaré 62 ans et 22 ans au pouvoir
Montgolfière à l'éffigie de Blaise Campaoré à Ziniare au Burkina Faso, AFP PHOTO / OUOBA YEMPABOU AHMED
Auparavant l'allié du père de la révolution burkinabè Thomas Sankara,
Blaise Compaoré, comme beaucoup d’autres, prendra les rênes du pouvoir
après un coup d’État. Le 15 octobre 1987 le président Sankara est
assassiné et son ancien compère se retrouve à la tête du pays. Il
instaure le multipartisme
en 1991 et est élu président 7 ans plus tard et durant les trois
élections qui suiveront. Toujours bloqué par la Constitution de 1991 et
sa limitation de mandat de l’article 37, le président du Burkina Faso cherche toujours un moyen de résoudre ce casse-tête avant la présidentielle de 2015.
8 — Omar el-Béchir 70 ans et 20 ans au pouvoir
Manifestation à Khartoum contre le mandat d'arrêt d'Omar el-Béchir, AFP/PHOTO/ASHRAF SHAZLY
Militaire de pure souche, Omar el-Béchir a fait ses armes à l’académie militaire du Caire. Il servira les intérêts égyptiens durant la guerre de Kippour
en 1973, avant d’être chargé de diriger les militaires soudanais contre
l’Armée de libération du Soudan. Il accède au pouvoir après le coup d’État militaire
de 1989 et dissout la plupart des instances politiques (partis,
parlement…). À la fois président, Premier ministre et chef de l’armée,
il va consacrer une partie de son mandat à négocier avec les
sécessionnistes du Sud. Accusé d’avoir joué un rôle dans la guerre du Darfour, Omar el-Béchir est le premier chef d'État en exercice à être sous le coup d'un mandat d’arrêt international de la Cour pénale internationale, pour crime de guerre, crime contre l'humanité et génocide dans le cadre de la guerre civile au Darfour.
9 — Issayas Afeworki 67 ans et 20 ans au pouvoir
Issayas Afeworki lors d'une interviewe à Asmara en Erythré, REUTERS/Radu Sigheti
Avant dernier, mais non le moindre: Issayas Afeworki. Militant de l’indépendance érythréenne face à l’Ethiopie,
il ne va obtenir gain de cause qu’en mai 1993. Au pouvoir depuis 20
ans. Il a depuis l’indépendance, instauré un régime au parti unique sans
élection présidentielle, ni liberté de la presse. Emprisonnant systématiquement ceux qui s’opposent à son pouvoir.
10 — Abdelaziz Bouteflika 76 ans et 14 ans au pouvoir
Partisans d'Abdelaziz Bouteflika lors des élections de 2009 en Algérie, REUTERS/Zohra Bensemra
Après de nombreux postes au sein du gouvernement algérien, Abdelaziz Bouteflika est élu en 1999. Candidat du Front de libération nationale (FLN), il sera réélu en 2004 puis en 2009. Au pouvoir depuis déjà 14 ans, son parti l’a désigné en novembre dernier comme le candidat pour des présidentielles de 17 avril prochain. Toutefois, le principal intéressé ne s’est pas encore exprimé à ce sujet et sa dernière hospitalisation au Val-de-Grâce, à Paris, mardi 14 janvier laisse penser que son état de santé ne supporterait pas un quatrième mandat.
Greta Mulumbu
Journaliste