Il est grand temps de rallumer les étoiles de la vie et de l’espoir aux Comores

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 Voilà bien longtemps que notre peuple a perdu le goût de la vie et qu'il vit résigné, dans une forme d'échec confortable, sous l...


 Voilà bien longtemps que notre peuple a perdu le goût de la vie et qu'il vit résigné, dans une forme d'échec confortable, sous la férule d'une petite caste de nantis, d'arrivistes et de parvenus, pendant que pour la plupart d'entre nous, la vie est un véritable chemin de croix pour supplicié. Nous avons l'impression que même le rêve d'une vie banalement normale nous est interdit, devenant à nos yeux innocents et en même temps coupables – car complaisants – un luxe inaccessible. Le seul geste consistant à lever la tête vers le ciel pour admirer les étoiles aujourd'hui nous paraît être un geste de folie, un geste presque blasphématoire. Pourtant, la nature ne nous prive de rien. Bien au contraire, elle nous a bien servi, voire gâtés, pour nous avoir doté des offrandes les plus convoitées et les plus prisées en ce bas-monde, en matière de tourisme exotique de masses, au même titre que les paradis terrestres que sont nos voisins les Seychelles, Maldives, Maurice, Zanzibar et le Kenya, pendant que les Comores restent «l'éternel homme malade de l'océan Indien».
     
Nous avons tout ce qu'il nous faut pour vivre heureux, dans un décor idyllique et dans un environnement écologique exceptionnel. Mais, hélas, ce fut sans compter avec les nombreuses vicissitudes de la vie de «damnés de la Terre» qu'on nous impose, avec les aléas causés par la cupidité humaine insatiable incarnée par des hommes et des femmes qui ne reculent devant aucune honte, ni bassesse pour assouvir leurs appétits sordides et gargantuesques d'ogres vivant de notre sang et de notre chair. Ce sont ceux-là mêmes qui, à l'instar d'Ahmed Sambi, l'éternel candidat, le Président à vie et à mort, promettent, à Moroni, Fomboni, Mutsamudu, Épinay-sur-Seine, Lyon, Marseille et ailleurs monts, et merveilles au peuple comorien toujours en émoi et toujours émerveillé. Ce sont d'indécrottables aventuriers qui, la main sur le cœur, prétendent connaître le chemin le plus court pour faire accéder le peuple au bonheur, comme pour aller au «Rehemani», l'impossible paradis promis en 1996 par feu le Président Mohamed Taki Abdoulkarim, Dieu l'agrée au Paradis.
      
Or, le peuple comorien ne demandait pas tant. Il demande juste le droit inaliénable à la liberté, une quête effrénée à la dignité humaine et à une vie décente et saine, le droit d'exister par lui-même, pour lui-même, le droit de vivre et même de mourir dans la dignité. Mais, il est vrai que les bons sentiments ne font pas les bonnes œuvres, et cela le peuple comorien l'a appris et bien compris à ses dépens, dans une indicible douleur. Nonobstant, il ne faut pas tout rejeter, malgré toutes les péripéties rencontrées, malgré toute la souffrance infligée et stoïquement vécue, malgré les nombreuses meurtrissures provoquées par les blessures et les douleurs endurées que le peuple comorien, un peuple qui n'a pas perdu son humanité.
      
Bien au contraire, le peuple ne regrette rien. Il reste digne, serein et imperturbable, observant avec pitié un Ahmed Sambi s'agiter dans tous les sens pour se poser en sauveur d'un peuple qu'il a lui-même conduit à l'échec, deuil et malheur. Le Comorien assume son passé, s'enrichit de ses expériences et reste fier de son histoire, que parfois il n'écrit pas, reste fier de son parcours et de sa trajectoire, qu'il aurait voulu différents. Il continue d'avancer vers son destin, vaille que vaille car il croit en sa chance, et il a raison d'y croire, car personne n'a le droit de priver les Comoriens de l'espoir et de la contemplation des étoiles de l'espoir.
     
 Ahmed Sambi et ses mensonges éhontés, Ikililou Dhoinine et sa pusillanimité et les autres tueurs de l'espérance n'ont pas la possibilité de bloquer la progression de notre peuple vers une vie plus digne. Leurs tentatives malheureuses d'étranglement du peuple comorien par l'estomac et le cœur ne sont que des obstructions éphémères et passagères et non des facteurs endogènes ou exogènes pouvant avoir des conséquences insurmontables et éternelles.
      
Il nous faut juste prendre le temps de comprendre les raisons de nos échecs répétitifs et devenus chroniques, pour les analyser avec objectivité et lucidité, sans passion, ni haine. Pourquoi déployer autant d'efforts les uns et les autres pour chercher à dérailler le processus d'indépendance de notre pays, une indépendance qui était censée nous apporter une «plus-value vitale». Pourquoi des frères que nous côtoyons quotidiennement sans prendre des gants ont fait plus tout ce mal à leur pays en 39 ans d'indépendance, plus que la puissance coloniale de 1841 à 1975, au cours des années de colonisation. Bientôt, nous serons en train de tirer la même conclusion que le Camerounais Maurice Kamto, qui n'a jamais été tendre avec le colonisme et qui dit des échecs des indépendances africaines: «Le plus insupportable…, c'est de nous avoir fait regretter un régime que nous combattions et que nous vomissions à pleine gueule!».
      
Pourquoi donc un tel acharnement des dirigeants comoriens contre leur propre pays et contre les intérêts de leur peuple? Pourquoi détruire le bien commun? Comment analyser et cerner les contours d'un échec aussi retentissant dans notre pays? Plus nous aurons compris et mieux réussi à interpréter les raisons profondes de cette triste réalité historique, plus nous aurons une forte chance d'y apporter les solutions, et alors l'espoir pourra de nouveau gagner du terrain dans nos cœurs et dans nos esprits. Ce travail d'introspection, de prospection et d'examen de conscience est incontournable pour nous tous, et doit se faire loin des salles vides d'Épinay-sur-Seine dans lesquelles s'égosille un Ahmed Sambi qui ne veut pas admettre les malheurs et deuils qu'il a apportés aux Comoriens. L'introspection s'y impose à nous comme un impératif vital.
      
Nous devons prendre notre courage à deux mains et engager un travail laborieux d'«exorcisation» de notre conscience collective de Comoriens meurtris, trahis et piétinés par nos incorrigibles dirigeants. Le siècle qui s'est ouvert devant nous il y a déjà 14 ans et prétendument attribué au continent africain n'est pas encore africanisé, car l'Afrique ne se l'approprie toujours pas. On dit que le centre d'intérêt du monde s'est déplacé du Nord vers le Sud en direction du continent africain, et que le curseur a bougé toujours en direction de l'Afrique et des pays émergents. Mais, est-ce à dire que ce changement de matrice indique clairement que les décennies à venir consacreront le règne impérial du continent africain sur le reste du monde? Que l'Afrique commence par régner sur elle-même, et les Comores sur elles-mêmes.
     
 Nous avons changé d'époque. Nous en apercevons déjà les soubresauts en ce début d'année 2014, depuis le déclenchement de «Révolutions de jasmin» dans le monde arabe, alors que la «Révolution de l'ylang-ylang» n'a pas eu lieu aux Comores. Le vent de nouveau souffle de sang neuf n'a pas soufflé aux Comores. Chez nous, la mutation est désespérément trop lente, trop progressive, et sa réussite n'est même pas assurée.
      
Souvenez-vous: la période qui précède l'indépendance a été gérée par une race d'hommes politiques dits de la première génération, qui a fait ses classes politiques dans les salons de l'administration coloniale. Nous avons vu disparaître tour à tour ces hommes d'État, comme engloutis par le siècle qui finissait. Nous les avons surnommés les «dinosaures», parfois avec un certain dédain et mépris. Après l'émergence, en 1990, d'une nouvelle génération d'hommes politiques fut assurée dans le cadre d'une relève générationnelle, au pied levé, sans aucune préparation, face à une classe politique qui avait vieilli sur pied.
      
Pourtant, la nouvelle génération, marchant sur les braises chaudes des aînés dans un fracas sans précédent est la conséquence logique d'une rupture sans passage de relais, entraînant un tohu-bohu assourdissant et indescriptible. S'ensuivit, comme on pouvait s'y attendre, une période d'improvisation et d'approximation devenue une véritable usine à gaz, avec des réformes homéopathiques aléatoires, comparables aux sparadraps du Capitaine Haddock, alors qu'il s'agissait d'une génération ambitieuse, bradée de diplômes, intellectuellement et individuellement compétente, mais collectivement inefficace, individualiste, carriériste et égocentrique, sans aucune expérience dans l'exercice du pouvoir. Pis, cette génération qui s'est trouvée propulsée au pouvoir par feu le Président Saïd Mohamed Djohar, se trouve être comme par hasard la même que celle de 1968, qui avait déclenché la première grève comorienne, alors que certains d'entre nous étions des lycéens défiant et déstabilisant l'ordre établi, au point de faire vaciller les fondements de l'administration coloniale pour la première fois de son histoire aux Comores, le pays qui était jusqu'alors sans soubresauts. C'est par cette brèche ouverte que le sentiment d'indépendance commence à envahir l'opinion. Les failles du système sont apparues au grand jour, permettant à l'opinion publique comorienne de constater les faiblesses du système politique en place. Le roi était nu…
      
Pour autant, cette génération arrive au pouvoir dans la désorganisation, s'entremêlant après s'être déchirée pendant une longue période. En effet, après 1968, elle s'est dispersée et, par la force des choses, il s'est créé deux écoles politiques divisant cette génération politique dorée: celle de l'Association des Stagiaires et Étudiants comoriens (ASÉC), fondée en France par les premiers bacheliers comoriens ressuscités après la grève de 1968, et celle du soilihisme (Ali Soilihi), qui fut contrainte pendant un moment de mettre de côté la scolarité pour se mettre au service de la Révolution du 3 août 1975 au 13 mai 1978, pour reprendre le chemin de l'École après le putsch du 13 mai 1978.
     
 Les animateurs de ces deux courants révolutionnaires devinrent des frères ennemis se disputant un marxisme-léninisme plus «authentique». Aucune des deux écoles ne reconnaît à l'autre le droit d'incarner une pensée authentiquement révolutionnaire, s'accusant mutuellement de «révolutionnaires de paille». Les acteurs de cette guéguerre idéologique persistante se sont trouvés de 1991 à 1996 aux commandes du pays, sans en avoir clarifié leur «contradiction idéologique», restant en proie à toutes leurs frustrations, se regardant en chiens de faïence, sans jamais se voir, se taisant et évitant d'aborder les sujets qui fâchent. Ils ont étés victimes d'une guerre fratricide qu'ils ont imprudemment déclenchée, une lutte insensée pour un leadership insensé, qui a fini par tout balayer sur son passage de manière tout autant insensée. Ce fut une véritable tornade politique.
     
 Cette génération a l'obligation morale de réveiller le réflexe patriotique enfoui aux tréfonds de leur être pour, de nouveau, éclairer, encadrer et accompagner le peuple pour la reconquête de sa dignité, de sa liberté et de ses droits fondamentaux, toutes valeurs foulées au pieds par une horde sauvage, sans foi, ni loi, dont il faut stopper net la progression dans son œuvre de destruction des fondements de la République.
      
Il nous faut agir pour honorer la mémoire de nos compatriotes tombés en victimes des mercenaires et des régimes qui ont les mains trempées dans le sang de nos compagnons. Le drame de la première génération a été de n'avoir jamais réussi à s'entendre pour surmonter sa division, qui n'avait aucune base idéologique mais tout simplement un problème d'ego et de conflits régionalistes insensés. Le problème qui est le nôtre réside dans l'appropriation des nouveaux talents qui ont émergé et qu'il nous faut intégrer dans le processus de renouvellement des élites, et leur accorder la place qui leur convient parce qu'ils ont livré leur part du combat.
     
 À l'heure actuelle, se pose encore le problème de leadership, un leadership que s'attribue avec gourmandise et un manque de décence et de retenue Ahmed Sambi, encouragé en cela par une horde de mendiants et de voleurs. Ces gens-là ne sont pas les Comores. Dès lors, il faut rapidement régler ce problème de leadership pour pouvoir aller de l'avant et éviter de perdre trop de forces en combattant un partenaire potentiel en lieu et place de l'adversaire qui, lui, est surarmé, archi-équipé, disposant d'un trésor de guerre inépuisable accumulé sur le dos du peuple comorien par d'immenses détournements de fonds publics et régulièrement alimenté par les Mollahs obscurantistes de la République islamique d'Iran, pendant que nous nous toisons. Au-delà du pacte législatif qui s'impose pour espérer gagner les prochaines élections et commencer à réduire l'influence du camp mafieux, d'autres méthodes démocratiques permettent de régler les problèmes de leadership, notamment le procédé des élections primaires républicaines, entre autres. Et que le meilleur gagne!

Par Kamal Abdallah
© www.lemohelien.com – Dimanche 12 janvier 2014.
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Il est grand temps de rallumer les étoiles de la vie et de l’espoir aux Comores
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