Le créateur du trafiquant et du trabendo des passeports se tait sur ses « bébés ». Il est une question que les Comoriens ...
Le créateur du trafiquant et du trabendo des passeports se tait sur ses «bébés».
Il est une question que les Comoriens se posent désespérément ces derniers temps: pour quelle raison Ahmed Sambi, émérite pionnier de la très controversée, détestable et décriée «citoyenneté économique» et promoteur de l’horrible carrière d’Abou Achirafi Ali Bacar est devenu brusquement taiseux, alors que ses deux «bébés» sont en plein naufrage? Ce silence tonitruant est d’autant plus suspect que l’homme, habituellement verbeux, oiseux et vaseux, est connu pour l’usage immodéré qu’il fait de sa langue et de la parole, surtout quand il n’est pas invité à la prendre, et surtout quand il la prend pour dire tout et n’importe quoi, toujours avec son inimitable bagout de marchand de tapis reconverti en marchand de chameaux. Aujourd’hui, les Comoriens, avec le sens aigu et tranchant de la logique qu’on leur connaît, aimeraient bien savoir pourquoi l’homme qui a causé une bonne partie de leurs innombrables malheurs refuse de s’exprimer sur l’immense bombe qu’il a léguée aux Comores.
Que les choses soient claires une bonne fois pour toutes. Quand il voulait démontrer qu’il n’était en rien lié à l’assassinat du Président Ahmed Abdallah Abderemane, Robert «Bob» Denard avait tenu un discours étrange duquel on apprenait qu’il n’avait aucun intérêt à voir disparaître le Père de l’Indépendance des Comores, parce que ce dernier le laissait vendre des passeports comoriens à des citoyens de Hong Kong que la perspective de la rétrocession de la colonie britannique d’alors à la Chine populaire, le 1er juillet 1997, rendait nerveux. C’était dutrabendo à l’état pur, et le très poétique Robert «Bob» Denard n’a jamais prétendu s’être appuyé sur une quelconque loi pour faire ce qu’il voulait faire pour se faire de l’argent facile.
Après 1989, personne aux Comores n’a parlé de vente de passeports à des étrangers. Et puis, un jour, les Comoriens ont élu à la présidence de la République un marchand de rêves, illusions et places au Paradis répondant au nom inoubliable et inoublié d’Ahmed Sambi, à qui personne ne reconnaît la moindre expertise en matière de gestion publique. Ne sait-il pas, à ce qu’il paraît, parler, et ne dit-on pas que la langue n’a pas d’os? Quelques mois après son élection très démocratique en 2006, il se lança dans son projet fou consistant à vendre la nationalité et des passeports comoriens à des gens du Moyen-Orient qui ne savent même pas où se situent les Comores. Dans la foulée, il promut le Commissaire principal Abou Achirafi Ali Bacar, en le nommant à la tête de la Direction nationale de la Sûreté du Territoire (DNST). Dans les pays institutionnellement développés, on place à la tête d’une institution pareille de grands commis de l’État ayant le cœur et le cerveau bien accrochés et non des bachi-bouzouks et des tarés dépassés par la cupidité et l’irresponsabilité.
Quand Ahmed Sambi parla de sa «citoyenneté économique», les Députés comoriens prirent son projet pour ce qu’il est, à savoir: une immense honte, une plaisanterie de mauvais goût, une fumisterie et le sommet de l’irresponsabilité. Qu’à cela ne tienne, il «s’arrangea» avec une fausse loi pour instaurer le plus grand trafic criminel étatique de tous les temps. À ce jour et selon les mots d’un proche collaborateur du Président Ikililou Dhoinine, personne ne sait combien de passeports comoriens ont été vendus à des étrangers, et combien les Comores ont gagné dans ce trabendo géant. Ce flou est voulu, car il facilite les détournements des fonds générés par le trabendo des passeports.
Comme c’est Abou Achirafi Ali Bacar qui avait la haute main sur la partie matérielle de l’opération, muni de sa mallette magique lui permettant d’établir des passeports lui-même et de les remettre séance tenante à des clients du Moyen-Orient, où il se rendait en personne pour les besoins de sa cause personnelle, il avait mis en place son souk «perso» de passeports à côté de celui de l’État. Marchant définitivement sur les pas de son modèle et inspirateur qu’est Pablo Escobar, il ne se gênait nullement pour imiter la signature du Président Ikililou Dhoinine sur le «décret de naturalisation» d’au moins 70 mauvais garçons du Moyen-Orient considérés comme dangereux pour la sécurité mondiale. Un garçon charmant, cet Abou Achirafi Ali Bacar-là. Il fut pourtant arrêté, quand les maîtres émiratis du Président Ikililou Dhoinine furent alarmés par la grande quantité de passeports comoriens circulant chez eux au profit de Chiites d’origine iranienne. Après avoir eu les oreilles devenues verdâtres à force d’être tirées par ses maîtres des Émirats Arabes Unis, Ikililou Dhoinine sacrifia le bandit au costume blanc trop court mais aux manches trop longues, et le donna en pâture à une opinion publique déchaînée par la colère. Il n’y a donc rien de vertueux et de moral dans l’arrestation du bandit de Bandrani Mtsangani.
S’il a donc fallu en arriver là, c’est la faute d’Ahmed Sambi. C’est pourquoi les Comoriens souhaiteraient l’entendre s’expliquer sur ce sujet qui concerne une bombe géante qu’il a lui-même fabriquée. Un homme d’État assume ses responsabilités, et Ahmed Sambi doit assumer les siennes. Tout le monde est au courant de l’immense pagaille qu’il a semée le 18 août 2013 en déclarant qu’il a laissé des milliards de francs comoriens dans les caisses de l’État lors de son départ forcé de Beït-Salam le 26 mai 2011, alors qu’il n’a laissé à Ikililou Dhoinine que des courants d’air, du vent et des dettes dans les caisses de l’État. Une mentalité de fripon et de forban.
La tristesse et la colère des Comoriens sont d’autant plus manifestes sur cette affaire que non seulement Ahmed Sambi est le géniteur de la «citoyenneté économique» et le découvreur des «talents» d’Abou Achirafi Ali Bacar, mais en plus, il fait partie du Triumvirat de la Haine et de l’Irresponsabilité (avec le Vice-président Nourdine Bourhane dit l’«individu-État» et le Gouverneur Anissi Chamssidine), qui voudrait que le mauvais garçon soit libéré, y compris par la force employée par deux unités venues d’Anjouan et parties en charpie à Mbachilé.
Ahmed Sambi ne peut pas être bavard quand il veut enfumer les Comoriens, et taiseux quand il souhaite ne pas s’exprimer sur les sujets qui l’embarrassent. Il doit être cohérent et garder une ligne de conduite cohérente. Et si au cours des deux siècles à venir, il est demandé des comptes au bon Abou Achirafi Ali Bacar, il faudra citer celui qui l’a fabriqué de toutes pièces car, s’il n’y a jamais de 2 sans 3, il n’y a jamais eu 2 avant 1. Et, d’Ahmed Sambi, naquit Abou Achirafi Ali Bacar.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Mardi 3 décembre 2013.