Pourquoi Ahmed Abdallah Sambi s’acharne t-il à vouloir griller la politesse aux Grands-Comoriens dans la perspective des élections préside...
Pourquoi Ahmed Abdallah Sambi s’acharne t-il à vouloir griller la politesse aux Grands-Comoriens dans la perspective des élections présidentielles de mai 2016, alors qu’il sait pertinemment que l’île comorienne de Mayotte n’étant pas en capacité de prendre part à la présidence tournante, il revient de facto à la Grande-Comore de concourir pour la haute magistrature suprême des Comores. Comment cet homme, mégalomane et prétentieux qu’il est, peut s’imaginer que tout seul, en claquant des doigts, peut décréter la fin d’un processus arraché d’extrême justesse et d’une manière consensuelle, dans un cadre solennel des Accords de Fomboni du samedi 17 février 2001, avec le concours précieux de la communauté internationale, mettant un terme à 7 années de crise séparatiste de l’île comorienne d’Anjouan, la plus grave crise institutionnelle et politique que le pays connut depuis son accession à l’indépendance?
De quel droit s’arroge t-il le pouvoir de défaire ce qui est le fruit d’un consensus national dans le but de préserver l’unité de la nation, la souveraineté du pays et la cohésion nationale? Seul un cadre institutionnel équivalent, une fois réuni d’un commun accord entre les îles sœurs libres de tout occupation, en congrès national, a le pouvoir légitime de prononcer la fin de la tournante et déclarer des élections ouvertes et cela après avoir dûment constaté et convenu que le pays a retrouvé les conditions optimales garantissant la paix, la stabilité et la cohésion nationale. Cette exigence spécifique relève de la responsabilité exclusive du gouvernement de l’Union des Comores, qui doit constater les conditions particulières dans lesquelles évolue l’île comorienne de Mayotte, conditions qui ne permettent pas d’organiser des élections libres, démocratiques et transparentes. C’est une situation qu’il doit référer à la fois à la Cour constitutionnelle et à la représentation nationale.
Toutefois, cette mission constitutionnellement dévolue au gouvernement de la République se trouve aujourd’hui remise en cause au vu des conditions controversées qui ont conduit à l’élection du Président de la République en exercice, qui ne dispose, ni de la légalité ni de la légitimité d’engager le pays dans cette voie. L’île comorienne de Mayotte se trouve dans une situation d’occupation militaire, donc d’une décolonisation inachevée. C’est une singularité qui constitue un cas d’école et qui a de multiples conséquences, notamment celle de limiter l’expérience de la présidence tournante aux trois îles libérées.
Qui plus est, le gouvernement illégitime d’Ikililou Dhoinine vient de signer à Paris un accord qui consacre définitivement des restrictions et des limitations sur l’intégrité territoriale de notre pays, in fine, sur l’autel des intérêts particuliers et occultes, en confirmant à la France la mise sous tutelle d’une partie intégrante de notre territoire nationale. C’est un joli cadeau d’avant Noël que Hamada Madi Boléro a pris un plaisir malin et sadique à remettre à Paris, parachevant ainsi le travail de liquidation des intérêts comoriens inauguré sous l’ère de son ami Azali Assoumani.
Le gouvernement d’Ikililou Dhoinine s’est révélé défaillant et incompétent sur cette question d’enjeu national, à l’instar de ses prédécesseurs. Son incapacité à gérer les dossiers cruciaux du pays est criant et alarmant, et laisse la porte ouverte à toutes les interprétations, faisant le jeu des aventuriers, aventuristes et mercenaires politiques, qui n’ont pas tardé à s’engouffrer dans cette brèche afin de tenter de reprendre la main. C’est le cas d’Ahmed Sambi, qui engage une stratégie qui consiste à forcer le passage et à imposer son tempo, donnant l’impression de déborder tout le monde, au point d’imposer sa vision, en mettant les gens sur le fait accompli. Il veut faire de sa volonté une Loi divine, et de ses désirs une réalité coranique.
En réalité, c’est du bluff, car c’est oublier que la politique c’est avant tout l’art du rythme et du temps, c’est la maîtrise de ces deux éléments essentiels et complémentaires. C’est aussi une science qu’Ahmed Abdallah Sambi ne maîtrise pas. Pour preuve, il confond vitesse et précipitation. Il est temps de mettre un terme aux ambitions démesurées et insatiables de cet homme imbu de sa personne, et de lui indiquer le lieu et la place auxquels il devrait se trouver, après avoir commis tant d’actes délictueux et répréhensibles qui sont dévastateurs et qui compromettent le devenir de notre pays et perturbe son développement harmonieux.
Le peuple comorien attend des explications sur le désastre économique engendré lors de son passage aux commandes du pays, et sur son rôle dans l’intronisation d’Ikililou Dhoinine à la tête de l’Union des Comores. Il doit s’expliquer sur de nombreux dossiers douteux qui vont de la malversation financière au détournement des deniers publics, toutes choses qui l’ont aidé dans son enrichissement illicite et dans l’accumulation de biens mal-acquis. S’en ajoutent les crimes de sang et les accords signés avec des États voyous engageant l’État comorien autant sur des affiliations avec des partenaires encombrants, peu fréquentables, au passé sulfureux qui ne dégagent pas une odeur de sainteté.
Il en sera de même sur les dossiers initiés sous sa présidence et qui portent notamment sur l’exploration du gisement de pétrole et du gaz, sur les activités opaques et douteuses de la fantomatique et imaginaire Fondation Fatima. N’oublions pas le lourd dossier de la «citoyenneté économique», une véritable pieuvre tentaculaire, jonchée sur ses zones d’ombre et ayant de multiples ramifications, et constituant un véritable nœud gordien. Voilà le menu que nous a légué Monsieur le Prestidigitateur gargantuesque.
Tous ces dossiers constituent des préjudices gigantesques subis par notre pays et qui plombent l’économie nationale, et lui faisant chausser des semelles de plomb qui l’empêchent de prendre de son envol de manière à assurer son développement harmonieux. Les crimes économiques d’Ahmed Abdallah Sambi compromettent aussi bien le présent que le futur proche des Comores.
Au vu de tout cela il n’est nullement permis de douter que la place du gourou des sambistes est certainement aux cotés de son complice et argentier, son exécuteur testamentaire, le tristement célèbre Abou Achirafi Ali Bacar, le mafieux et ancien Directeur de la Sécurité nationale, qui s’est converti en Imam de la prison où il est enfermé en attendant que son compagnon Ahmed Abdallah Sambi le rejoigne.
Tout ce tapage médiatique entrepris fait par le clan d’Ahmed Abdallah consiste à créer diversion et à détourner l’intérêt des Comoriens sur les vrais sujets, les dossiers chauds impliquant l’ancien Président, dont est engagée la responsabilité «organique», politique, morale et surtout pénale. Cette démarche qui consiste à engager le pays dans une campagne électorale deux ans avant l’heure relève de la supercherie. Cette démarche est comme un cheveu qui tombe inopportunément et sournoisement sur la soupe pour la rendre incomestible.
Il y a là, à la fois 2 grands classiques de la littérature française qui se côtoient chez cet homme: Les Fourberies de Scapin et Le Malade imaginaire, interprétés par cet homme-orchestre. C’est une posture qu’il affectionne pour amuser la galerie, une manière de noyer le poisson par la théâtralisation des faits, une duplicité et une dualité dont il a le secret, le mélange de genres. Un moment, il est le chef religieux, et à un autre moment, le chef politique. Avec lui, il n’y a pas de séparation entre culte et politique, sauf que cette-fois-ci le peuple comorien a sifflé la fin de la recréation Monsieur l’imposteur.
La période de l’impunité zéro est terminée; nous ne laisserons rien passer comme nous ne nous laisserons pas distraire par des singeries afin de ne pas perdre de vue l’essentiel: l’obligation morale de faire rétablir la vérité, la nécessité urgente de faire triompher la Justice, le besoin vital de sortir le pays des griffes accrescentes et destructrices de la famille mafieuse recomposée qui se transmet le pouvoir à coup d’élections frauduleuses. Si le clan Ahmed Abdallah Sambi songe se racheter une virginité politique ou redorer son blason en se trimbalant en France, alors il sera servi. La diaspora est prête à l’accueillir comme il se doit, à coups de tambours et de trompettes. Il y aura même des majorettes qui s’exécuteront en votre honneur, Monsieur le Parrain, lors de vos meetings de campagne. Mais, en fait, de quelle campagne s’agit-il? L’élection de Liss France a déjà eu lieu, et je vous suggère de compenser par Miss Univers. Les candidatures sont encore ouvertes. Quant à ce qui concerne les élections de l’Union des Comores, de grâce, ne nous offensez pas, s’il vous plaît, nous avons en Grande-Comore suffisamment de talents confirmés pour prétendre à la responsabilité. Il n’est vraiment pas nécessaire qu’Anjouan nous prête ses postulants de demain; mais pour rester polis, nous vous sommes toutefois reconnaissants, Monsieur le candidat à tous.
Nous avons déjà eu un aperçu des ambitions que vous nourrissez pour le pays et de l’estime que vous lui témoignez à travers votre choix cornélien d’imposer à la tête de l’Assemblée de l’Union le plus compétent et le plus créatif de vos courtisans et à la tête de la République le plus doué et le plus pétri de talents de votre Cour. Le pays s’en souviendra, à n’en pas douter. Pour la suite, laissez-nous le privilège de choisir à qui nous préférons confier notre destin et l’avenir de notre pays, si ce n’est pas trop vous demander, bien sûr.
À bon entendeur, salut.
Par Kamal Abdallah
© www.lemohelien.com – Dimanche 29 décembre 2013.