Le 11 janvier 2014, pèlerinage électoral d'Ahmed Sambi à Épinay-sur-Seine. C'est quand même salutaire pour les politiciens comorien...
Le 11 janvier 2014, pèlerinage électoral d'Ahmed Sambi à Épinay-sur-Seine.
C'est quand même salutaire pour les politiciens comoriens de savoir que quand ils sont interdits de meeting aux Comores (à Bambao Mtsanga, le 18 août 2013, par exemple), ils peuvent venir se «consoler» en France, à condition d'en avoir les moyens, d'obtenir un visa Schengen, et de disposer d'un auditoire en France, là où les politiciens comoriens ont installé leur capitale politique. D'ailleurs, on se demande s'il ne faut pas appliquer à la classe politique comorienne ce que Mouammar El Kadhafi, futur ami et protecteur d'Ahmed Sambi, évoquait à l'endroit de la capitale où il devait installer la mission diplomatique de la Libye auprès du Gabon. En effet, dans un discours prononcé le 4 août 1980, Mouammar Kadhafi avait exprimé sa volonté de fermer l'ambassade libyenne au Gabon, pour en confier la gestion à celle de Paris, soutenant que «la dépendance continue de certains États envers la France amènerait la Libye à envisager le transfert de sa représentation dans ces pays à Paris, où se trouve leur place naturelle». Trouvant un goût douteux à ce discours, le président Omar Bongo Ondimba du Gabon annonça, le 5 août 1980, la fermeture de l'ambassade libyenne à Libreville. Mais, que serait la France sans un meeting d'Ahmed Sambi? Survivrait-elle? Mais, en France, où l'homme-Dieu doit-il faire son show?
Épinay-sur-Seine ou Sarcelles? La question avait dominé les esprits pendant plusieurs jours car les crypto-sambistes ne savaient pas exactement où ils devaient organiser le show de leur chef Ahmed Sambi dans le Val-d'Oise, en Région parisienne. Finalement, on apprend que la ville d'Épinay-sur-Orge a été retenue. Mais, c'est un choix qui présente de nombreux désavantages, dans la mesure où la ville d'Épinay-sur-Seine est quand même éloignée du centre de Paris, à la différence de Montreuil (ville surnommée Bamako-sous-bois) et de La Courneuve, bastion comorien connu pour son sens de la mobilisation populaire. En plus, en déclarant sa candidature à une élection dont les candidats à la fonction de chef d'État devraient être, de par l'esprit de la Constitution du 21 décembre 2001, les seuls Comoriens originaires de la Grande-Comore, le pressé Ahmed Sambi prend le grand risque de se couper d'une bonne partie de la population de la Grande-Comore, qui prend sa précipitation pour une injure faite à son île, jugée incapable de désigner des candidats valables à une élection présidentielle.
Bien évidemment, l'ancien satrape est convaincu d'être indispensable et surtout d'être le meilleur, celui qu'on suit même quand il marche sur la susceptibilité de la population de toute une île. Mais, cette fois, il prend des risques énormes parce que les Grands-Comoriens de France ne vont pas se précipiter par milliers auprès d'un homme dont la démarche politicienne peut être traduite en termes d'incapacité de leur île à faire émerger des candidats à une élection présidentielle, jusqu'à ce qu'un Anjouanais, qui se prend pour l'homme-Dieu, vienne combler le vide. Le risque encouru est d'autant plus grand que les seuls Comoriens qui se mobilisent en politique aujourd'hui sont les Grands-Comoriens, puisque les Mohéliens et les Anjouanais refusent de prendre part à toute activité militante. Dès lors, la question qui se pose est celle de savoir si, par pur réflexe de solidarité insulaire, les Anjouanais de France vont vouloir et pouvoir combler le vide que risque de créer la politique de la chaise vide pouvant résulter du mécontentement des Grands-Comoriens envers un homme qui a séduit en 2006 au cours d'une campagne électorale qui a été le plus gros tas de mensonges politiques du monde. Et puis, suffira-t-il d'être Anjouanais pour se ranger derrière Ahmed Sambi?
En tout état de cause, les enjeux du meeting du 11 janvier 2014 sont énormes car, quand il est lancé dans la parlote inutile, Ahmed Sambi est impossible à arrêter et à ramener à des proportions verbales acceptables. Or, cette fois, il va parler de quoi? Il va dire quoi? Et surtout à qui? Dès qu'il abordera ses querelles avec Ikililou Dhoinine, il est perdant car il n'a pas à ramener des problèmes personnels sur le champ public. En plus, le choix qu'il a fait sur Ikililou Dhoinine en 2010, qui ne veut plus entendre parler de lui aujourd'hui, signifie qu'il sait raconter des histoires aux Comoriens, mais qu'il ne sait pas ce qui relève de la vérité et ce qui relève du mensonge dans son propre discours. Ce n'est pas le signe d'une intelligence politique. Du reste, il est une question que les Comoriens devront se poser aujourd'hui: est-ce que si, en 2010, Ahmed Sambi avait choisi de soutenir le Docteur Fouad Mohadji ou Mohamed Larif Oucacha et que le candidat présidentiel soit élu, ce Mohélien autre qu'Ikililou Dhoinine n'aurait-il pas fait comme Ikililou Dhoinine?
Pour ce qui de l'invocation de ses prétentions présidentielles en 2016, en en parlant le 11 janvier 2014 à Épinay-sur-Seine, Ahmed Sambi n'aura pas la chance de faire rire les quelques Grands-Comoriens qui seront dans la salle. Le sujet est brûlant. L'évoquer en public, sur le sol français, relève d'un défi énorme. L'affaire divise la communauté nationale comorienne. Maître Saïd Larifou ne prend même au sérieux pas cette prétention, qu'il dit relever d'une volonté manifeste de «provocation» et de cette manie sambienne qui consiste à occuper la scène médiatique, même pour dire des fadaises.
En même temps, il faut rappeler que des Comoriens de France ont déjà pris la décision de s'inviter à tout meeting d'Ahmed Sambi, et cela, non pas pour écouter les mêmes blablas, mais surtout pour rappeler au paparazzo de Soweto que des promesses sont en attente d'une concrétisation depuis 2006, tout en sachant qu'elles ne seront jamais réalisées. Les mêmes Comoriens veulent verser de l'acide et du piment sur la plaie, en demandant à l'homme-Dieu des comptes sur tous les sujets qui fâchent les Comoriens, de «la citoyenneté économique» aux détournements massifs d'argent public sous Ahmed Sambi, qui en profita pour se constituer une immense fortune. Est-ce que ce dernier va pousser la plaisanterie jusqu'à renier des évidences? Le mois de janvier 2014 risque d'être très chaud aux Comores.
Joyeux Noël à toutes et à tous.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Mercredi 25 décembre 2013.