Un carrefour politique à sens giratoire dénommé le crypto-sambisme. «Ha! Mon bon Monsieur! Il fallait nous voir, nous les ivrognes des C...
Un carrefour politique à sens giratoire dénommé le crypto-sambisme.
«Ha! Mon bon Monsieur! Il fallait nous voir, nous les ivrognes des Comores, en 2006. Quel gâchis! En 2006, donc, certains étaient étonnés de nous voir, nous les plus grands ivrognes des Comores, nous qui avons le nez constamment plongé dans la tisane, nous mobiliser comme un seul homme pour l’élection d’Ahmed Sambi à la fonction de Président de la République. Les gens nous ont regardés et nous ont demandé la raison pour laquelle des hommes vivant dans le péché de manière permanente et destinés aux flammes de l’enfer – Dieu nous vienne en aide, malgré tout – avions pris fait et cause pour le candidat surnommé “Ayatollah”, qui allait interdire notre péché mignon. Ceux qui sont étonnés par notre attitude n’ont rien compris. En réalité, nous sommes fatigués d’être des ivrognes, et nous avons soutenu la candidature d’Ahmed Sambi pour qu’il interdise l’alcool, nous faisant donc sortir des beuveries et de l’ivrognerie. Tout le pays est comme ça. Les gens font le mal, vivent dans le mal, et veulent que quelqu’un leur dise d’arrêter. Or, Ahmed Sambi n’a rien fait sur le plan moral et religieux. Du coup, l’enfant qui fait mal, qui sait qu’il fait mal et qui attend de papa une bonne fessée, pour sentir sur lui l’autorité parentale, attend toujours. C’est très triste». Après avoir dit tout ça, notre ivrogne lança un tonitruant «Ma-cha Allah!», «Gloire à Dieu!». Oui, gloire à Dieu!
C’est vrai, c’est triste. Et si Ahmed Sambi a échoué dans le seul domaine dans lequel on disait qu’il avait de la compétence et de l’expertise, la religion, personne n’a rien à attendre de lui sur autre chose. Aujourd’hui, alors que les Comoriens commencent timidement à ouvrir les yeux pour voir en face la réalité du crypto-sambisme, ils se rendent compte que celui-ci est un carrefour à sens giratoire. Quand on arrive à un carrefour à sens giratoire et quand, en même temps, on ne sait quelle direction prendre, on peut indéfiniment tourner en rond jusqu’à la nausée et au tournis. Mais, on finit par attirer l’attention des gens…
Il se trouve que des politiciens comoriens tentés par le crypto-sambisme sont arrivés au carrefour à sens giratoire et tournent en rond, croyant trouver leur voie en regardant vers l’argent du chef de la «zaouïa» (confrérie). Car le crypto-sambisme est une «zaouïa», mais une étrange «zaouïa», car on trouve un peu de tout: des arrivistes au petit pied, de la petite bière, du sangs-mêlés politiques, des politiciens attrape-tout à l’image des partis attrape-tout, des convertis par réalisme et non par conviction, des beaufs, des mangeurs à tous les râteliers, des porteurs de valise, un «professionnel» tellement dangereux dans sa profession qu’il a reçu de l’un de ses collègues français une cinglante lettre l’appelant à changer d’emploi car il met en danger l’intégrité physique et la vie d’autrui, en exerçant dans un domaine où il n’a aucune compétence, ceux qui cherchent un sponsor pour leur campagne politique en 2014 et 2016…
Normalement, les crypto-sambistes devaient être des religieux, puisque le chef de la «zaouïa» a une prétention de religieux. Or, tous les vrais religieux des Comores lui vouent une haine et une détestation au laser. Il est vrai que les religieux comoriens peuvent être de drôles de zèbres, et ne sont pas à l’abri de la critique. Mais, aucun d’entre eux n’est exposé à la haine, détestation et mépris qu’on voue à Ahmed Sambi. Les gens aiment détester, haïr et mépriser Ahmed Sambi. On ne critique pas un Saïd Abdallah Rifki sur un comportement général, mais sur un fait précis, une bêtise monumentale donnée.
Une cousine de l’ancien Président me dit sous le sceau du secret: «Bon, écoute. Ne cite pas mon nom dans tes salades, car je connais tes manies et tes mauvais penchants, quand tu es en présence d’une information sulfureuse et croustillante. En réalité, Ahmed Sambi n’a aucune vocation religieuse et n’en aura jamais. En l’envoyant en Arabie et en Iran, son papa ne se faisait aucune illusion sur son rejeton, mais voulait tout simplement se débarrasser d’un garçon qui le fatiguait. C’était une mesure d’éloignement. Qu’a-t-il étudié en Arabie Saoudite? Rien. Le voilà en Iran. Où va-t-il étudier? À Qom, la ville natale de l’Ayatollah Rouhollah Khomeiny. Que fait-il là-bas? Il s’inscrit dans une école de propagande. Il n’a rien appris en religion, et tout ce qu’il dit sur l’Islam suscite la polémique. Comment un homme peut-il avoir raison face à tout un pays ayant adopté l’Islam au début de la troisième décennie de l’Islam? Soyons sérieux! Il faut l’écouter quand il parle de l’Islam. Il faut être un taré pour être d’accord avec mon cousin. N’oublie pas. Si tu cites mon nom dans tes histoires, je ne t’adresse plus la parole». Entendu.
Mais, il y a encore plus grave. Cet homme qui a évolué dans la mouvance propagandiste et expansionniste de l’Iran à Madagascar détient des informations explosives. Prenant un air de conspirateur, et après avoir regardé à droite et à gauche, pour être sûr de ne pas être entendu par des oreilles indiscrètes, il chuchote: «À Madagascar, nous travaillions pour la politique expansionniste de l’Iran, un État résolument engagé dans la compétition stratégique contre l’Arabie Saoudite en Afrique et dans l’océan Indien. Le dada des Iraniens, c’est la culture, un excellent vecteur pour exporter leur Révolution utopiste. Un jour, je vois arriver Ahmed Sambi, qui me dit de but en blanc, s’agissant des activistes iraniens de la République islamique: “Si tes gens-là ne me donnent pas l’argent que j’attends deux, je ne m’implique plus dans leurs affaires de Chiisme”». Drôle de croyant, dont la foi et la ferveur religieuse sont conditionnées à des arguments sonnants et trébuchants. Quand on apprend de petites informations pareilles, on comprend pourquoi le crypto-sambisme, malgré l’argent amassé, a été un immense fiasco, dès les origines.
Tout ceci explique pourquoi les gens sérieux qui sont dans l’entourage d’Ahmed Sambi se comptent sur les doigts d’une main. Car il est difficile, quand on est sérieux, de travailler avec un homme abonné au contraire de ce qu’il dit. Il se dit théologien, mais personne ne l’a entendu un jour traduire et interpréter un verset du Coran. C’est tout de même déroutant.
Avec lui, on a l’impression de voir Toto Riina dit «La Belva» («La Bête»), Al Capone et le personnage de «Tony Soprano» expliquer la vertu aux policiers et aux magistrats. Aveuglé par l’enfumage créé par le fidèle Docteur Sounhadj Attoumane, le fameux «Distributeur automatique de billets de banque» (DAB), à qui il remet des sacs d’argent pour qu’il achète les acclamations de badauds faméliques et intéressés devant lui, il a fini par croire à ses propres mensonges et manipulations. Ne dit-on pas que ce sont les régimes politiques arabes qui ont légué à l’humanité entière le fameux score de 100% dans une élection? Quand le dictateur Hafez El Assad est mort le 10 juin 2000, on a vu des gens se jeter «spontanément» dans les rues des villes et villages de Syrie, barrer la route aux voitures pour pleurer de «douleur». Dans certains pays d’Afrique, il existe même une profession de pleureuses, ces femmes qu’on va louer pour pleurer un mort qu’elles ne connaissent pas et dont elles se fichent royalement. L’ami Ahmed Sambi est dans cette logique.
À Mayotte où sévissent ses Joseph Goebbels, on a fini par lui reconnaître les attributs de «Papa» et de «Mlezi», «Le Père nourricier et éducateur». Il est le «Papa» et le «Père nourricier des siens», en dehors de tous les autres Comoriens. Le bilan du crypto-sambisme est tellement nul qu’il est impossible d’être complaisant à l’égard de cet homme: injustifiable enrichissement personnel, trabendo de passeports ordinaires et diplomatiques comoriens, trabendo des postes de représentants des Comores à l’UNESCO, détournement de l’argent destiné à son fameux Projet Habitat, mensonge sur les 945 milliards de francs comoriens de la fantomatique Fondation Fatima, achat d’un appartement à Paris, acquisition de maisons à Majunga, Madagascar, achat de deux villas à Dubaï, actionnaire majoritaire dans deux cimenteries et autres affaires en Tanzanie, fraude électorale en 2010, divisionnisme hystérique, chantage au séparatisme, mise en danger de l’unité nationale, népotisme aggravé, etc. Voilà le vrai visage du crypto-sambisme.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Mardi 3 décembre 2013.