L’AND a offert à Mohéli et aux Comores le plus pittoresque des amuseurs de tapis. « Que Dieu te maudisse! Maudit sois-tu! Jusqu’alor...
L’AND a offert à Mohéli et aux Comores le plus pittoresque des amuseurs de tapis.
«Que Dieu te maudisse! Maudit sois-tu! Jusqu’alors tu ne sais pas que j’ai été promu Colonel?». La malédiction ainsi prononcée est sortie de la bouche fleurie et toujours active du Colonel Mohamed Anrifi Moustoifa Bacar Madi, dit «José», et qui s’est surnommé lui-même. «Obama». Il s’en prenait à un jeune Fombonien qui, tout en sachant qu’il avait obtenu ses barrettes de Colonel, voulait le provoquer par une «rétrogradation verbale». La malédiction ainsi proférée par le Colonel en dit long sur le caractère irascible et la susceptibilité à fleur de peau de celui qui se qualifie de «Doyen et premier Mohélien lauréat d’une École d’Officiers», du «Valeureux officier qui a reçu avec dignité,...
...honneur et mérite ses galons du Roi Hassan II du Maroc, galons que personne d’autre ne peut toucher», de «l’officier supérieur comorien surnommé “Monsieur l’Expert” par un Colonel français émerveillé par la qualité mémorable du Mémoire de fin d’études qu’il a soutenu à l’École d’État-major de Kenitra, au Maroc, sur “Le Communisme dans les relations internationales”». Connu pour son avarice légendaire, il ne cesse d’être avare que quand il fait des éloges à sa propre personne, par des discours d’autoglorification et d’autosatisfaction d’une bouffonnerie affligeante.
C’est par avarice qu’il renonça à sa candidature à l’élection présidentielle de 2010.
Pourtant, il gagnerait à être plus modeste, lui qui est entré à l’Académie Royale Militaire de Meknès (Maroc), dans la promotion d’Azali Assoumani, sans Baccalauréat, et qui arbore fièrement sur sa poitrine d’officier de pacotille nord-coréen, des insignes de parachutiste alors que même les poules de Meknès savent qu’il avait dit être disposé à être fusillé plutôt que de sauter en parachute. Il avait peur de sauter et ne sautera jamais en parachute. Il a toujours peur de sauter en parachute.
Il se signala au sein de l’Armée comorienne par une insubordination élevée au rang de vertu cardinale. Régulièrement, il lança à la figure du Commandant Ahmed Hazi, alors chef d’état-major des Forces Armées comoriennes des accusations de racisme insulaire: «Tu ne m’aimes pas car je suis de Mohéli». La belle excuse. Quand des tracts ont circulé à Fomboni contre lui, il arrêta le Docteur Fouad Mohadji, alors membre du Cabinet du Président Azali Assoumani, et le jeta en prison, sans juge, ni jugement. Le Président Azali Assoumani se trouvant alors à l’étranger, l’appela par le téléphone de l’un de ses amis car, étouffé par sa fameuse ladrerie, Mohamed Anrifi Moustoifa Bacar Madi ne pouvait se résoudre à s’abonner au téléphone portable, et lui expliqua qu’il n’avait pas le droit d’arrêter les gens et de les jeter en prison. Azali Assoumani a eu un bourdonnement d’oreille droite pendant deux semaines à cause des cris au téléphone de son ancien camarade de classe: «Ça ne te regarde pas! Occupe-toi de tes affaires politiques et laisse-moi régler mes problèmes militaires à Mohéli. Ne t’avise plus jamais à me donner des ordres. Je garde en prison ce garçon mal élevé». De guerre lasse, Azali Assoumani dépêcha à Mohéli son Vice-président mohélien, Ben Massound Rachid, qui se fit traiter de «sale blédard»et de«campagnard borné»: «Qui es-tu sale blédard, espèce de campagnard borné, pour venir donner des ordres à un citadin né dans la plus noble des familles de Mohéli?». Du Mohamed Anrifi Moustoifa Bacar Madi tout craché.
En 2003, il avait enfin trouvé chaussure à son pied quand, au téléphone, en ma présence, chez moi au Maroc, oubliant qu’il parlait à Hamada Madi Boléro, son ministre de tutelle, il osa contester la promotion d’autres officiers, alors qu’il était à l’étranger: «C’est une trahison. Je suis le seul officier comorien à avoir affronté et battu des mercenaires étrangers, ceux qui avaient débarqué à Mohéli le 19 décembre 2001. On aurait dû m’attendre avant de procéder à des promotions au sein de l’Armée». Hamada Madi Boléro lui avait lancé un très méchant «Hé! Sais-tu que tu t’adresses au ministre de la Défense des Comores», et j’ai vu son visage prendre une couleur de cendre. Il faisait pitié à voir car, en quelques secondes, il avait perdu de sa superbe. Il avait vieilli en quelques instants seulement.
Il sera tout de même promu Colonel dès son retour aux Comores. Narcissique jusqu’au bout des ongles, il adore les médias. Il s’impose à la Radio de Mohéli, et exige qu’on lui remette des cassettes de ses interventions, qu’il oblige tout le monde à écouter à partir de son autoradio. Régulièrement, il se rend à Moroni, où il impose aux journalistes de lui tendre le micro car, dit-il, les officiers mohéliens n’ont pas accès aux médias. L’avènement d’Ikililou Dhoinine, marié à une de ses cousines, lui a donné des ailes, et il n’a pas oublié sa vieille histoire de tract avec le Vice-président Fouad Mohadji, qu’il poursuit toujours d’une haine inextinguible, refusant de jeter la rancune à la rivière. Cela étant, toutes les avanies contre le Vice-président Fouad Mohadji sont son «œuvre». Devant le Président Ikililou Dhoinine, lors d’une soirée du ramadan 2012 au cours de laquelle la réconciliation entre le chef de l’État et son Vice-président devait être scellée chez l’ancien Vice-président Mohamed Hassanaly, le dénominateur commun entre les trois protagonistes, devançant le «Lion de Mohéli», il s’était lancé dans des injures de moutard mal élevé sur Fouad Mohadji, sabotant la réconciliation et sans que le Président de la République ne le remette à sa place.
Depuis la création du Parti de l’Enfer par Ahmed Sambi et les crypto-sambistes, ceux-ci ont organisé des meetings à la Grande-Comore et à Anjouan. Ils veulent aller faire un peu de propagande à Mohéli. La Présidence de la République a déjà informé le Colonel Mohamed Anrifi Moustoifa Bacar Madi qu’elle ne voyait pas d’un bon œil un meeting d’Ahmed Sambi à Mohéli. Dès qu’il reçut la consigne, son sang ne fit qu’un tour, trouvant un moyen de plus pour tenter de tourmenter son ennemi intime, le Vice-président Fouad Mohadji, proche d’Ahmed Sambi. Depuis qu’il a reçu la consigne, il dit partout: «Même si mon beau-frère, Son Excellence le Docteur Ikililou Dhoinine, Président de la République, chef de l’État, me dit qu’il autorise la tenue de la conférence de ces gens-là, moi, je l’interdis et je l’interdirais».
Très porté sur les magouilles et manœuvres politiques souterraines, il avait écrit une lettre de mendicité professionnelle à Ahmed Sambi, alors Président de la République, et avait reçu un cinglant rappel à l’ordre du Général Salimou Mohamed Amiri, alors chef de l’AND. Il tentera de se venger du Général, en demandant à Ahmed Sambi de fusiller ce dernier. Il faut dire que le Colonel est un partisan acharné de la peine de mort, qu’il avait réclamée contre les auteurs de la fausse tentative de putsch du 19 avril 2013. Les jeunes de Fomboni qui veulent le provoquer disent devant lui: «Il paraît que tu fais antichambre pendant des jours avant d’être reçu par le Président Ikililou Dhoinine». Hé! Il faut l’entendre dire que dès qu’il se présente à la Présidence de la République, le chef de l’État le reçoit toutes affaires cessantes, quitte à écourter une audience avec l’Ambassadeur de France ou de Chine.
Le connaissant comme s’il l’avait fait de ses propres mains, Azali Assoumani devait partir à l’étranger en sa compagnie et avait spécialement demandé à Radio Comores de diffuser ce message pendant trois jours: «Ce mercredi, le Colonel Azali Assoumani, Président de la République, partira en voyage officiel en Afrique du Sud, en compagnie du Commandant Mohamed Anrifi Moustoifa Bacar Madi». Notre homme n’oubliera jamais cet honneur.
En réalité, le côté veau à deux têtes du Colonel mohélien amuse le tapis. En même temps, il faut dire que l’amuseur de tapis est un dictateur qui peut jeter n’importe qui en prison, sans motif, ni autorisation du juge. Même pour le règlement d’affaires privées qui le concernent, il jette en prison ceux qui ne lui plaisent pas. Le 18 mai 2011, une semaine avant l’investiture d’Ikililou Dhoinine, Elamine Ali Mbaraka dit «Embargo», avait prononcé un discours très sévère contre Ahmed Sambi et Ikililou Dhoinine, à Moroni. Le 21 mai 2011, dès son arrivée à Mohéli, il fut arrêté et jeté en prison jusqu’au 3 juin 2011, sans jugement, par le Colonel. Mohamed Anrifi Moustoifa Bacar Madi a réprimé tous les mouvements politiques et sociaux de Mohéli et, avec la complicité de l’autre soudard, le Gouverneur Mohamed Ali Saïd, il a transformé Mohéli en immense prison, où la liberté d’expression a été bannie des mœurs.
Par ARM