Interview du représentant de l’OMS aux Comores

Avant de quitter l’île d’Anjouan, le Représentant de l’OMS est reçu à Dar-Nadjah le mercredi 18 décembre par le Gouverneur Anissi Chamsid...

Avant de quitter l’île d’Anjouan, le Représentant de l’OMS est reçu à Dar-Nadjah le mercredi 18 décembre par le Gouverneur Anissi Chamsidine. Dr Yao Kassankogno, a saisi cl’opportunité de son passage à Anjouan pour présenter ses adieux au premier magistrat de l’île. A sa sortie du bureau du Gouverneur, il a été interpelé par la presse de Dar-Nadjah.

Le Dar-Nadjah
Mr Yao Kassankogno, vous êtes le représentant de l’OMS aux Comores, votre mission vient de prendre fin. Qu’est-ce que ça vous fait de quitter les Comores ?

Dr. Kassankogno
Je suis en mission dans l’ile et avant de quitter définitivement le pays il fallait que je fasse mes adieux aux autorités de haut niveau. J’ai passé de bonnes années ici et j’ai travaillé avec beaucoup d’autorités. Je suis venu aux Comores avec une nationalité que j’utiliserais onusienne car l’OMS fait parti de l’ONU et je pars avec une deuxième nationalité, comorienne, et je crois laisser quelques choses de positive. Je pars la tête toute haute après une mission plus ou moins accomplie. Car, la vie du personnel diplomatique est en effet, ponctuée de départ et de retour, ensuite partir c’est aussi renaître et je crois que c’est cela l’espoir, l’espérance qu’il faut toujours cultiver en dépassant la vision négative du départ pour intégrer dans une perspective positive.

Le Dar-Nadjah
Votre cérémonie de pot de départ est organisée à Bandrani ; pourquoi le choix de ce petit poste de santé ?

Dr. Kassankogno
Ce choix n’est pas au hasard, ce sont les autorités nationales qui ont voulu que ça soit fait à Bandrani. C’est un message qu’elles voulaient me passer afin que les communautés de ce genre soit gravé dans ma mémoire. Et dans ce sens, je les rassure que pour moi, elles sont inoubliables. Là-bas, j’ai eu un accueil chaleureux et à travers les hautes technologies de l’information mondialisée, j’espère que j’accompagnerais les postes de santé même à distance.

Le Dar-Nadjah
Après 6 ans aux Comores, vous partez avec quel souvenir par rapport aux personnels de santé aux Comores ?

Dr. Kassankogno
Je pars avec ma conscience tranquille suite aux bonnes relations entretenues avec eux. Je tiens d’abord à souligner les pas franchis jusqu’ici par ces personnels, avant, il y avait beaucoup de réclamations, de grèves, des personnes non payés, des situations non régularisés. Mais depuis deux ans, un point positif est né. Les grèves ont diminué à cause de la régularisation des salaires. En plus j’ai toujours constaté une volonté au niveau des personnels paramédicaux et médicaux, une volonté de vouloir travailler même les jours de grèves. Je peux vous rassurer qu’ils m’ont toujours tenu compagnie et je profite encore de cette occasion pour saluer le climat de travail, l’esprit de bonne collaboration et le soutien dont ils ont bénéficié durant mon séjour. Entre autres, je souhaite que cette dynamique de travail soit toujours entretenue afin de permettre le pays d’atteindre les objectifs que j’ai tracés. Et pour appuyer mes dire, je suis convaincu que la seule manière pour votre pays de faire face au lourd fardeau des maladies épidémiques récurrentes et émergeantes consiste à renforcer le systèmes de santé, en mettant l’accent ou le paquet particulièrement sur le renforcement de capacités en matière de ressources humaines, basé sur la formation. Le personnel de santé a besoin d’être aidé, qu’il soit du national ou insulaire ou du Système des Nations Unies, les formations les motiveront.

Le Dar-Nadjah
Quelle est la contribution la plus importante de la part de l’OMS pendant la période de votre mission aux Comores ?

Dr. Kassankogno
C’est un peu difficile pour faire le bilan pour le moment. Mais je pense qu’il y a un changement important. Au moment où je suis arrivé, juste trois mois après, il y avait l’épidémie du cholera et depuis, il n’y a jamais eu de choléra. Il y a une bonne surveillance de la santé de la population même si elle n’est pas complètement réalisée. En ce moment que je tiens à préparer mes valises, j’ai constaté également que le paludisme sera pratiquement éliminé avec les chinois, mais l’OMS a joué un rôle important dans la surveillance et des conseils qu’il fallait entreprendre pour la campagne de sensibilisation. J’ai constaté que la mortalité maternelle a baissé de façon importante. Il y a aussi les maladies comme le diabète, la tension et l’hypertension, le cholestérol qui ont des effets négatifs chez les patients mais à travers beaucoup d’ateliers et de sensibilisations, les gens ont commencé à se rendre compte de la gravité de la maladie et se présentent à l’hôpital pour se soigner et prendre les précautions nécessaires pour se guérir. Ça aussi c’est un pas franchis. sur ce, je tiens à remercier les autorités de l’Union et de l’île pour leur soutien dans nos projets et qui ont par la suite fait de leur priorité, depuis leur accession au pouvoir, à juste titre je donne une mention particulière aux efforts du Gouverneur de l’île d’Anjouan qui a montré à toute la communauté internationale qu’il est prêt à collaborer avec n’importe quel partenaire qui embrasse son ambition de promouvoir la santé de l’homme. Et en ce qui me concerne je redis à Anissi qu’il n’est pas loin d’atteindre les objectifs.

Le Dar-Nadjah
Quels messages avez-vous à dire aux autorités nationales et insulaires ?

Dr. Kassankogno
Je leur redis d’appuyer les postes de santé, d’essayer de demander aux services de la santé de leur donner un plan de proposition de projets établis, au cas où ils se trouvent en voyage, ce plan leur serviront de références, de miroirs pour impressionner ou convaincre un bailleur ou partenaire qui est prêt à financer des projets.

Le Dar-Nadjah
Par rapport aux projets que vous avez mis en œuvre, quels sont ceux qui affichent les résultats escomptés ?

Dr. Kassankogno
L’accélération de la réduction de la mortalité maternelle. Sur cet optique nous avons donné des kits pour les césariennes face aux accouchements et j’ai vu que ce projet a servi beaucoup de patients. Je peux même dire que je suis fier de cette mission. le projet qui n’a pas été suffisamment financé, c’est la lutte contre les maladies non transmissibles en l’occurrence, l’hypertension artérielle qui tue vraiment les patients. J’espère que les autorités se rendront comptent de l’impact négatif que présente ces maladies.

Le Dar-Nadjah
N’avez vous pas eu un jour un accrochage avec un de vos personnels ?
En majorité non, mais si ça je ne me souviens pas, je tiens à présenter mes excuses pour le manque et incompréhension qui ont du parfois blessé malencontreusement certains collègues, car les exigences des missions ont parfois crée ces incompréhensions entre nous dans l’exécution du travail. Je tiens à préciser que cela était strictement d’ordre professionnel.

Pour mémoire, Dr Yao Kassankogno a été salué par les autorités de l’Union et de l’île par ses capacités d’écoute et sa disponibilité de vouloir lever haut le flambeau de la santé des comoriens. Il se prépare à quitter le pays le 30 décembre 2013 pour son pays natal, le Togo.

Propos recueillis par Hayati Mihidjay