Les Comoriens de France, éternels dindons de la farce présidentielle . Toucher la main d’un chef d’État est une chose qui ne s’oublie ...
Les Comoriens de France, éternels dindons de la farce présidentielle .
Toucher la main d’un chef d’État est une chose qui ne s’oublie pas. Lui parler équivaut à un pèlerinage à La Mecque et Médine. Si encore ce chef d’État cumule les titres de Docteur et d’Al-Hadj, les effluves sacrées et la baraka que dégagent son auguste personne se trouvent multipliées à l’infini, et c’est ce qui explique l’empressement avec lequel les Comoriens de France se pâment de plaisir de l’accueillir dans leurs bastions de Nice, Lyon, La Courneuve, Dunkerque et bientôt ailleurs. Tout ça est bien, et pour tout dire, très bien. Mais, à ce jour, ce vagabondage présidentiel n’a pas encore fait l’objet d’une évaluation sérieuse. Qu’est-ce que les voyages du Président en France apportent aux Comoriens de France et aux Comores? Rien! Les gens se bagarrent à son hôtel car chacun veut endosser le rôle de la personne la plus proche du chef de l’État, et on a même vu l’un de ses proches pincer du nez par mépris quand l’un des meilleurs serviteurs des Comores en France lui a adressé la parole. Les clans se font et se défont, au gré des petits intérêts de pacotille...
Un ami qui a été à son hôtel parisien le 26 septembre 2013 dit qu’«il y régnait un tel désordre protocolaire que même un Équato-guinéen qui ne connaît rien sur les Comores saurait qu’il règne un désordre indescriptible aux Comores, rien qu’en constatant les salades des proches dans l’hôtel qu’occupe le Président à Paris. Si ce n’est pas malheureux…».
Cette fois, le Président est arrivé à Paris pour assister à une conférence de chefs d’État et de gouvernement d’Afrique et de France sur la sécurité en Afrique. Mais, rapidement, la visite en question a viré au vaudeville. Les bourdes protocolaires ont viré au cauchemar ce samedi 7 décembre 2013, jour de clôture de la conférence. Dans les annales diplomatiques, on n’a jamais vu ça, et on parle de «sabotage et d’amateurisme de beaufs qui ne savent pas où ils sont et où ils mettent les pieds».
Mais, au-delà de ces bourdes protocolaires inacceptables qui sont commises dans la cour des grands, ce qui inquiète le plus, c’est la vanité des déplacements du chef de l’État, de son ministre des Relations extérieures, de la Météorologie nationale et internationale chargé de la Diaspora, et de son Commissaire prétendument chargé de cette même Diaspora. Ils servent à quoi tous ces gens censés aider les Comoriens et qui n’aident que leur propre poche à se remplir très vite? La vanité est d’autant plus réelle qu’on ne voit pas ce que aussi bien le ministre que le fameux Commissaire font pour les Comoriens vivant en France. Ils ne sont d’aucune utilité. Avant l’arrivée du Président en France, son ministre des Relations extérieures a été vu du côté du Stade Vélodrome de Marseille, où il n’a fait aucune proposition digne d’intérêt et valant la remarque. Il vit des Comoriens qui attendaient de lui des propositions concrètes, alors qu’il était du côté de la Canebière, des Quartiers Nord et de la Place d’Aix pour parler chiffons. Quand les membres de l’ancien Comité de Soutien à la candidature d’Ikililou Dhoinine en 2010 voulurent qu’on parle de leur fameux Comité de Soutien, la salle se vida en une fraction de seconde. Les Comoriens ont plusieurs façons d’exprimer leur mépris.
Vendredi 29 novembre 2013, les Comoriens de France eurent l’insigne honneur et le grand privilège de recevoir de la part du ministre des Relations qui sont extérieures à l’Union des Comores le message rafraîchissant suivant sur leurs téléphones portables: «Chers amis, Présidents et responsables des associations comoriennes. Le 15 septembre dernier je vous avais donné rendez-vous fin novembre pour venir poser les fondations du conseil représentatif de la diaspora. Entre ma nomination et aujourd’hui je n’ai pas ménagé mes efforts pour chercher les solutions aux problèmes que nous rencontrons dans notre vie en France. Il est temps de construire la structure qui va nous fédérer et nous permettre d’atteindre nos objectifs. Je vous invite donc à participer à une rencontre d’échanges que j’organise ce dimanche 1er décembre 2013 à 15 heures Salle Rosa Parks Rue Kruger à la courneuve [sic] TRAM Stade Geo Andre [sic]. Je vous remercie. Elanrif saïd [sic]Hassan Ministre des relations extérieures» (texte intégral, sans aucun changement).
Comme les Comoriens et les Comoriennes sont de bons pères et de bonnes mères de famille, ils se rendirent à l’invitation du ministre, mais en pure perte. À Paris, comme à Marseille, il parla chiffons. Rien de révolutionnaire à annoncer aux Comoriens de France, qui attendent des pouvoirs publics comoriens des décisions concrètes sur leurs possibilités de prendre part à l’élection du chef de l’État, la mise en place d’une ligne aérienne directe entre Paris et Hahaya, le problème de dédouanement affectant le matériel destiné aux projets communautaires aux Comores, une présence consulaire dans des villes à forte communauté comorienne comme Dunkerque, Le Havre, Lyon et Marseille, l’entrée en France métropolitaine du conjoint du Franco-comorien passant 5 ans aux Comores avant d’obtenir le visa lui donnant la possibilité de rejoindre l’époux ou l’épouse, faute de Convention de la famille entre les Comores et la France…
En réalité, du «Conseil représentatif de la Diaspora», les Comoriens de France s’en foutent royalement. Ça leur fait une belle jambe. L’amélioration des conditions de travail et d’accueil à l’Ambassade des Comores à Paris et l’ouverture de consulats dans les grandes villes où vivent de nombreux Comoriens seraient plus utiles qu’un gadget concocté par des désœuvrés.
Après la conférence franco-africaine de Paris sur la sécurité en Afrique, le Président de la République est parti à Dunkerque, mais si on lui posait des questions sur les raisons de cette visite dans cette grande «agglomération comorienne», si l’on fait abstraction du côté festif de la chose, il n’aurait rien eu à dire. Vagabondage présidentiel. Plusieurs partisans, courtisans, bouffons du roi, pique-assiettes et autres amuseurs de tapis et de galeries sont du voyage, en espérant que cette fois, ils ne vont pas se bagarrer entre eux comme en septembre 2013. Mais, le chef de l’État n’a rien de concret à annoncer aux Comoriens, qui savent que le Président effectue un simple voyage protocolaire pour caresser les fameux notables dans le sens du poil, pendant que dans les cénacles politiques comoriens de France, la seule chose qui intéresse les gens, ce sont les élections présidentielles de 2016.
Une fois de plus, les Comoriens sont les dindons de la farce présidentielle. Qu’ils fassent entrer aux Comores, chaque année, 95 milliards de francs comoriens n’est pas une chose à faire réfléchir les autorités comoriennes sur la nécessité de prendre cette communauté au sérieux, en lui facilitant toutes ses relations avec son pays d’origine. L’homme de Beït-Salam, grand consommateur d’amabilités, frimes, flaflas et fariboles de ses courtisans, est incapable de comprendre que les Comoriens vivant en France ont des besoins spécifiques et que ceux-ci doivent être satisfaits. Or, la satisfaction ne viendra pas des salamalecs des courtisans en mal d’imagination et d’inspiration, mais de ceux des Comoriens qui diront au Président que les Comoriens vivant en France aimeraient cesser d’être les dindons de la farce présidentielle et qu’ils souhaitent qu’on les traite en adultes, en trouvant des solutions à leurs problèmes.
Dans l’affaire, les bouches et les oreilles du chef de l’État en France induisent leur homme en erreur car ils évitent d’évoquer devant lui les vrais problèmes que vivent les Comoriens de France, qu’on sollicite beaucoup quand il s’agit de les faire travailler en vue d’une élection majeure aux Comores et quand il s’agit de recevoir en devises fortes les quantités d’argent qu’ils font entrer chaque année aux Comores. Cela signifie que pendant qu’on élude les vrais problèmes touchant les Comoriens de France, l’homme de Beït-Salam, comme l’autruche, cache sa tête dans le sable, croyant que les acclamations des courtisans sont sincères. Pour qu’il puisse comprendre la vérité sur ces acclamations, il devra attendre la fin de son mandat.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Dimanche 8 décembre 2013.