Le copinage de Beït-Salam du vendredi 8 novembre 2013, rejeté par le RIDJA. Ils sont très procéduriers, au RIDJA. Et, pendant qu’une b...
Le copinage de Beït-Salam du vendredi 8 novembre 2013, rejeté par le RIDJA.
Ils sont très procéduriers, au RIDJA. Et, pendant qu’une bonne partie de la classe politique glose et applaudit la décision tout à fait anticonstitutionnelle par laquelle le chef de l’État et sesprétendus«Grands Élus»,dans la logique de «coup d’État et du coup d’éclat permanents», reportent les élections législatives d’avril à décembre 2014, une «bonification» doublement anticonstitutionnelle de 7 mois, Maître Saïd Larifou, leader du Parti RIDJA, tire la sonnette d’alarme et rejette toutes les conclusions tirées par les prétendus «Grands Élus» lors de leur rencontre démagogique du vendredi 8 novembre 2013. En effet, vendredi 8 novembre 2013, dans un style que n’aurait pas renié un Conseil des Familles de la Mafia, le Président de la République réunissait ses fameux et risibles «Grands Élus» à Beït-Salam: les Gouverneurs des îles, les 3 Vice-présidents, le Caporal Bourhane Hamidou, Président de l’Assemblée, et les Présidents des Conseils des îles. L’ordre du jour ? La fixation de la...date des élections législatives, au mois de décembre 2013. Aberrant! Très aberrant !
Or, sur requête de Maître Saïd Larifou, Président du Parti RIDJA, la Cour constitutionnelle a rendu l’arrêt n°13-007Cc du 12 septembre 2013 par lequel il fixe la fin du mandat des Députés fin avril 2014. En règle générale, la Cour constitutionnelle prend des décisions qui ne sont susceptibles d’aucun recours. Dès lors, le Parti RIDJA ne comprend pas pourquoi le chef de l’État et ses prétendus «Grands Élus» s’arrogent le droit, de manière tout à fait anticonstitutionnelle, de changer cette date. Ces gens-là n’ont pas ce droit.
En effet, pour Maître Saïd Larifou, qui s’exprime au nom du Parti qu’il dirige, «le RIDJA n’acceptera pas les arrangements anticonstitutionnels convenus entre Ikililou et son équipe (les Présidents de l’Assemblée et des îles ainsi que les exécutifs des îles). La Constitution ne leur donne aucune compétence à faire ce genre d’arrangements». Et, c’est vrai en plus car la bien nommée Cour constitutionnellea été créée pour statuer sur les litiges constitutionnels comme c’est le cas de cette affaire de date d’organisation des élections législatives. Et, on ne voit pas du tout pourquoi le Président de la République se couvre de ridicule en se lançant dans une aventure pareille. C’est une honte.
Que faire alors? Maître Saïd Larifou a une idée sur la question, et celle-ci est très simple: comme la Cour constitutionnelle estime que le mandat des Députés prend fin avril 2014, les élections doivent être organisées 2 mois auparavant, c’est-à-dire fin février 2014, au lieu de décembre 2014, comme le suggèrent les prétendus «Grands Élus». Quel gâchis juridique que cette réunion du vendredi 8 novembre 2013! Fin février 2014, donc. Et Maître Saïd Larifou lance un avertissement: «Faute d’élections législatives à partir de cette date, le Président Iki portera une lourde responsabilité. Il aura fait preuve de défaillance grave, dans la mesure où notre pays ne disposerait pas de Parlement et qu’aucune personne, ni aucune institution ne saurait légiférer». Là encore, Maître Saïd Larifou est dans le vrai, mais il n’est pas certain que le Président et ses gens soient en mesure de comprendre les enjeux juridiques du débat dans lequel ils s’engouffrent. D’ailleurs, qui est le juriste en chef de Beït-Salam? Un nom! Vite! Messieurs les «Grands Élus», dites aux Comoriens le nom des juristes qui aident le chef de l’État à prendre ses décisions lamentables, déplorables, contestables et contestées dans le domaine du Droit. Si ces personnes existent, elles doivent être licenciées pour incompétence et incitation au ridicule permanent.
Perfidement, Maître Saïd Larifou tacle Ikililou Dhoinine, le touchant par son talon d’Achille, au cours de ce match de football juridique qui n’a pas encore livré tous ses secrets et au cours duquel les adversaires font des footings avant de se lancer dans le grand stade du Droit constamment violé et martyrisé: «Le Président de la République est le garant des institutions de l’Union des Comores et doit, à ce titre, donner l’exemple, et non agir comme il le fait actuellement, à savoir: condamner la corruption et les détournements pour sa bonne conscience, et laisser ses principaux collaborateurs s’enrichir en toute illégalité et détourner les deniers publics en toute impunité».
Juste une nuance: même s’il est vrai que l’entourage du chef de l’État est composé de charognards qui mordent sur tout ce qu’ils trouvent, il ne faut pas commettre l’injustice d’oublier que cet entourage d’arrivistes et de parvenus ne fait que suivre l’exemple du Président de la République, devenu en quelques mois le plus grand propriétaire terrien des Comores, faisant pâlir d’envie les Léon Humblot, William Sunley et Joseph Lambert dans leurs tombes. De toute manière, on n’a jamais vu un chef d’État honnête travailler avec des corrompus. Et, le jour où naquit l’éléphant-fourmi, il ne tarda pas à mourir de faim car il ne savait pas s’il était un éléphant ou une fourmi, et quand une partie de la bête réclamait de la nourriture pour fourmi, l’autre partie réclamait de la nourriture pour éléphant. Donc, cher Maître, il ne faut pas parler de la «corruption» et «détournements de fonds» des «principaux collaborateurs» tout en oubliant le Président lui-même. Lui aussi est corrompu et s’enrichit à une vitesse vertigineuse, par la corruption.
Maître Saïd Larifou ne compte pas laisser le Président et ses fameux «Grands Élus» jouer avec la Constitution et les nerfs des Comoriens. Si le Président de la République refuse d’organiser les élections conformément à l’arrêt n°13-007Cc du 12 septembre 2013 sur la fin du mandat des Députés fin avril 2014, le RIDJA compte réagir par les voies légales: «Le RIDJA demandera à la Cour constitutionnelle de constater la défaillance du chef de l’État qui, non seulement éprouve des difficultés inquiétantes pour doter notre pays d’une Justice digne de ce nom, mais en plus de cela, refuse d’organiser des élections législatives, au mépris de la décision de la Cour constitutionnelle. Nous demanderons à la Cour d’en tirer toutes les conséquences».
Ce qui est extraordinaire dans cette affaire, c’est qu’aucun des prétendus «Grands Élus» n’a la moindre notion de Droit, en général, et de Droit constitutionnel, en particulier. C’est tout simplement une catastrophe. Une catastrophe nationale. Tour à tour, on a vu le Vice-président Nourdine Bourhane, chargé du ministère de l’Aménagement du Territoire, des Infrastructures, de l’Urbanisme et de l’Habitat (et non du ministère chargé des Relations avec le Parlement), se lancer dans des digressions, divagations et exégèses constitutionnelles de bas-étage et de caniveau sur le thème, se plantant en beauté. Il n’a aucune compétence en la matière. Pour sa part, Hamada Madi Boléro, Directeur de Cabinet du Président chargé de la Défense, s’y essaya avec des règles de grammaire et de mathématiques, mais n’y fit pas mieux. Bien au contraire, sa démonstration suscita la colère des Comoriens, qui se sentaient humiliés par une approche pédagogique pédante et sophiste. Or, il n’y a qu’une seule leçon à tirer de tout ça: se soumettre à la décision rendue par la Cour constitutionnelle.
En tout état de cause, depuis 2010, les Comores sont entrées dans l’incertitude parce que chaque fois qu’une élection doit être organisée, il faut qu’on fasse la découverte d’un article constitutionnel que personne n’avait vu auparavant pour tenter de reporter le scrutin. À la longue, ça devient fatigant. Ça manque de fairplay politique et ça témoigne d’un sous-développement mental et politique pitoyable de la part des dirigeants comoriens. C’est pour cette raison qu’au cours de la prochaine élection présidentielle, il faudra renvoyer tous ceux qui ont «fauté» et voter pour de nouvelles têtes féminines et masculines. Le visage des scélérats habituels provoque même des cauchemars. Qu’ils s’en aillent!
Par ARM