Une législation musclée sur les partis, qui sonnera le glas de la vie politique

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Partitocratie, diarrhée partisane et constipation en matière de partis.   On dit que quand deux Cambodgiens se rencontrent dans un pays é...

Partitocratie, diarrhée partisane et constipation en matière de partis. 


On dit que quand deux Cambodgiens se rencontrent dans un pays étranger, ils créent une organisation non-gouvernementale (ONG). Mais, on sait aussi que quand deux Comoriens se rencontrent dans un coin de rue, et même dans le métro parisien, ils créent un parti politique. L’un de nos deux lascars se déclare candidat à la prochaine élection présidentielle et, perfide et menteur, répand la rumeur de son «soutien» par la France, se dit le chouchou du parti politique de tel homme d’État français rencontré lors d’un meeting électoral, se dira l’ami du Député Noël Mamère et du Député européen Daniel Cohn-Bendit, qu’il aura aperçus un jour montant les marches de l’Assemblée nationale...
française, à Paris, on qu’on lui aura montrés du doigt, à 150 mètres. Tout ceci nous ramène à une vie politique décousue et devenue la risée de tout le monde. Les Comoriens pleurent des actions de leurs politiciens quand ils sont au pouvoir et rient de leurs simagrées et singeries quand ils ne sont ni au pouvoir, ni dans l’opposition, mais tentent d’exister par des expédients.


  Or, on veut désormais interdire le sourire aux Comoriens. Les Comores sont un pays dont le charme réside notamment dans le folklore de la vie politique. Voir un «politicien» qui n’a même pas un clou pour accrocher son slip troué et qui se déclare malgré tout candidat à l’élection présidentielle de 2016 est un phénomène qui n’étonne personne aux Comores. C’est devenu banal. Voir un «politicien» comorien créer un parti politique avec sa femme et ses deux cousins vivant l’un à Dunkerque, l’autre à Nice, en France, est un phénomène banal pour les Comoriens. Entendre un «politicien» comorien faire un ramdam des enfers alors que son «parti» ne compte qu’un seul «élu» à l’Assemblée de l’Union, relève de la banalité, surtout quand on sait que Monsieur le Député ne doit son siège qu’aux magouilles d’Ahmed Sambi. Pourtant, pendant que les Comoriens n’ont qu’une seule source d’amusement collectif, les singeries des politiciens, aujourd’hui, des esprits chagrins veulent les empêcher de rire, et cela, en légiférant sur les partis politiques, de façon à ce que la création d’un parti politique aux Comores relève désormais de la gageure.


       En réalité, l’idée du sevrage partisan n’est pas nouvelle. Déjà, sous la présidence de Mohamed Taki Abdoulkarim, la Constitution du 20 octobre 1996 avait posé le principe selon lequel les partis et groupements politiques non représentés à l’Assemblée fédérale par au moins deux députés dans chaque île à l’issue de la première élection législative qui suit l’adoption de la Constitution en question, devaient être frappés de dissolution, et ne devaient survivre sur le plan juridique qu’en s’alliant à une formation politique remplissant toutes ces conditions. Foutaise! Il y a combien de sièges de Députés à Mohéli pour permettre l’existence de deux partis politiques aux Comores. Divagations et aberrations de parlementaires qui ne connaissent pas l’arithmétique politique et parlementaire du pays.
       Le Député Abdérémane Ahmed Abdallah est sincère quand il déclare: «J’ai toujours dit que là où il n’y a pas de règles, c’est le désordre qui règne. L’Assemblée de l’Union compte trente-trois députés. On ne peut pas avoir soixante partis dans un pays de moins d’un million d’habitants». C’est vrai. Mais, il est impossible de légiférer sur les partis politiques comoriens de manière à en limiter le nombre. Et, en lisant le projet de loi visant le statut des partis politiques comoriens, on tombe des nues, puisque son article 7 est rédigé dans les termes suivants: «Les partis politiques sont tenus de participer aux élections nationales, insulaires et locales. Tout parti politique perd son statut juridique s’il n’est pas représenté à l’Assemblée de l’Union par au moins cinq élus issus des différentes îles autonomes des Comores; s’il n’est pas représenté par au moins deux élus dans les Assemblées des Îles autonomes; si lors des élections municipales, législatives nationales ou insulaires, présidentielle de l’Union ou des gouverneurs des îles n’obtient pas au moins 15% des suffrages exprimés sur l’ensemble du territoire national». Qu’on se le dise tout de suite: avec une telle loi sur les partis politiques, les Comores opèrent un retour vers le monolithisme politique.

       En plus, cette proposition de loi tombe très mal, à un moment où les partis politiques se scindent jour après jour, en livrant au public un véritable psychodrame, dont le sommet a été atteint quand la CRC a été dans l’obligation de se rendre devant le juge pour savoir qui, du légitimiste Houmed Msaïdié et du «putschiste en herbe employant des méthodes d’amateurs» (le mot est de Pascal Perri) qu’est Hamidou Karihila est fondé à parler et à agir au nom de la CRC, et même quand le juge avait demandé à Hamidou Karihila et à Azali Assoumani de calmer leurs ardeurs, ils ont fait comme s’ils n’avaient pas entendu. Le Parti Orange lui-même est en crise depuis que Mouigni Baraka, élu au Gouvernorat de la Grande-Comore en 2010 grâce à l’argent de Mohamed Daoud dit «Kiki» et à la fraude organisée par Ahmed Sambi, s’est obstinément mis en tête l’idée farfelue qu’il veut devenir Président des Comores. «Papy et Mamy, Papa et Maman, Tonton et Tatie, moi aussi, je veux devenir Président de la République», dit tout le monde, même les vendeurs de charbon à Volo-Volo. Absurde!

       Il est vrai que tout le folklore de la vie politique comorienne se réfugie dans la diarrhée partisane du pays. Mais, si la proposition de loi sur les partis politiques est adoptée, on va passer de la diarrhée à la constipation. Pire, il se pourrait qu’aucun parti politique ne puisse remplir les conditions exigées par la Loi. Nous allons donc assister à la mort de la vie politique aux Comores. Et quand on connaît l’enracinement de la fraude électorale dans les mœurs politiques comoriennes, on sait que bientôt, il n’y aura aucun parti politique aux Comores. On dit même que le parti du Président n’a aucune chance de faire élire un Député en 2014, 2015 ou 2016, et que c’est uniquement Hamada Madi Boléro qui pourra lui sauver la mise. En tout cas, bonjour les dégâts!

 Par ARM
© www.lemohelien.com – Samedi 9 novembre 2013.
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