«Hou! Fais-moi peur», ou la tentative du coup d’État bidon du 19 avril 2013. Ce vendredi 22 novembre 2013, la presse ne parle que des mys...
«Hou! Fais-moi peur», ou la tentative du coup d’État bidon du 19 avril 2013.
Ce vendredi 22 novembre 2013, la presse ne parle que des mystères entourant l’assassinat de l’ancien Président John Fitzgerald Kennedy des États-Unis, il y a 50 ans, jour pour jour, répétant ce que tout le monde sait déjà, à savoir que personne n’en sait rien de nouveau et qu’on se perd en conjectures. Or, les mystères entourant les complots, il n’y a pas que les États-Unis qui en raffolent. Les Comores aussi ont leurs petits mystères. Et, de façon tout à fait légitime, les Comoriens et la communauté internationale s’interrogent encore sur les dessous de la fameuse tentative de «coup d’État» du 19 avril 2013 aux Comores, une grosse magouille qui avait tenu en haleine les Comoriens et quelques chancelleries, bouleversant des habitudes et permettant de dire: ......«Enfin, dans le calme de cimetière d’un pays sans opposants, ni opposition donc, il se passe quelque chose». Depuis, des arrestations arbitraires ont eu lieu, des personnes ont eu leur honneur bafoué, leur réputation souillée, leur vie et leur carrière brisées, leur liberté confisquée, et tout ça, non pas pour une tentative de coup d’État, mais pour une opération machiavélique destinée juste à faire peur au Président Ikililou Dhoinine et à le déstabiliser psychologiquement.
Car, on a beau croire aux astres et aux augures, quand on apprend que des assassins étaient à la grille de la Présidence de la République, et cela non pas pour lire le Coran mais pour faire du barouf sanglant, on prend peur. Sans entrer dans la tête du chef de l’État, on sait que la manœuvre ne l’a laissé ni insensible, ni indifférent, car un coup d’État qui réussit finit par un renversement de régime politique et parfois par la mort brutale du chef de l’État et de ses proches et, quelles que soient les réserves des Comoriens et leur désapprobation envers le régime politique en place, cela, personne ne le souhaite. La mort brutale d’un mauvais chef d’État et le renversement d’un régime politique honni, décrié et exécré n’ont jamais été une solution pour un pays.
Or, 7 mois après le pétard mouillé qu’est cette fausse tentative de faux «coup d’État» du 19 avril 2013, en plongeant dans les bas-fonds de la Présidence des Comores, on est effaré de constater que tout ce bruit est fait pour du bluff, pour une machination sordide visant non pas la vie, le régime politique et le pouvoir d’Ikililou Dhoinine, mais la psychologie du chef de l’État, avec qui certains jouent à «Hou! Fais-moi peur».
Drôle d’époque, tout de même. Comme le régime politique en place ne sait que faire, il nage dans l’illégalité, et va continuer ainsi, en gardant en prison et sans procès des personnes qui n’ont pas beaucoup de choses à se reprocher. Cette absence de procès est illégale, et rien ne sera fait en vue de la libération des otages sans demande de rançon, car on est en présence de «prévenus» devenus les otages d’un régime politique déboussolé. Ces personnes vont donc attendre sagement la fin de la présidence d’Ikililou Dhoinine, avant d’être relâchées du jour au lendemain, toujours sans procès, ni excuses, ni explications, ni compensation. Théorie du complot? Non. Un complot dans le complot? Oui, ou plutôt un complot du complot…
Les «prévenus» sont donc devenus des otages, pour qui aucune rançon ne sera demandée, ni versée. Ils sont devenus leur propre rançon. Même leurs avocats se sont résignés depuis des mois et ne disent rien du tout. Plus personne n’entend le son de leur voix sur ce dossier aux allures de baudruche dégonflée. Or, au train où vont les choses, par esprit de Justice (un gros mot dans la République du matin éternellement ensoleillé des Comores), les autorités des Comores devraient se résoudre à les libérer, à leur présenter des excuses et à les indemniser. Aux Comores, aujourd’hui, surtout depuis juin 2010, arrêter arbitrairement les gens pour des raisons bassement politiciennes est devenu une règle d’avilissement et de persécution de personnes et de leurs familles. Même quand les dossiers judiciaires sont désespérément vides, on s’acharne sur les gens, on les mutile psychologiquement et on s’emploie à détruire leur honneur, leur honorabilité et leur respectabilité. Aucune organisation de défense des droits de l’Homme ne pourra donc décerner la palme de l’État de Droit et de la démocratie aux Comores, un État qui n’a pas la sérénité de la Finlande.
En matière de mauvaise gouvernance et en termes de droits humains, l’État comorien, monstre froid complètement désincarné, ne reconnaît jamais ses torts. Cela ne l’honore pas.
Les gens de Beït-Salam savent exactement ce qui s’est passé la nuit du 19 avril 2013, ou plus exactement, ce qui ne s’est pas passé cette nuit-là. Et, aujourd’hui, les adversaires du chef de l’État boivent du petit-lait en sachant que le Président et ses gens vivent dans une peur bleue. Un Ahmed Sambi, assoiffé de vengeance sur Ikililou Dhoinine et assoiffé de pouvoir jusqu’à la déraison, n’est pas du tout fâché de savoir que les bases psychologiques d’Ikililou Dhoinine ont vacillé sous l’effet de la peur. Il en rajoute et montre ses muscles, pendant que le peuple dit: «La prochaine fois sera la bonne». Mais, comment parler de «prochaine fois» alors qu’il n’y a pas eu de fois précédente?
Impitoyable, ce fin observateur des mœurs politiques peu orthodoxes des Comores enfonce le clou: «En réalité, Ahmed Sambi traumatise le Président, en provoquant en lui une peur infernale. Les choses sont telles que, quand Ikililou Dhoinine doit se rendre quelque part, il s’assure d’abord qu’Ahmed Sambi n’y sera pas, et quand l’ancien bavard de Beït-Salam y est, le Président de la République reste sagement chez lui. À la suite du décès de Mahmoud Mradabi, le Président n’a pas été aux funérailles, y déléguant Hamada Madi Boléro, car Ahmed Sambi y était. Par contre, il a rendu visite à domicile à la famille du défunt. C’est très parlant, tout ça. Ahmed Sambi le sait, et comme il est sadique, il ne se prive pas de mettre son successeur dans un état proche de l’affolement. On dirait qu’il n’a pas de cœur».
En attendant, il serait temps de prendre une décision juste car, faire moisir en prison des gens pendant trois ans sans jugement n’est pas une pratique digne d’un État de Droit et d’une démocratie.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Samedi 23 novembre 2013.