Les institutions de Mohéli plus contaminées que la centrale nucléaire de Fukushima. Pour commencer, ils avaient de la classe. En plus, il...
Les institutions de Mohéli plus contaminées que la centrale nucléaire de Fukushima.
Pour commencer, ils avaient de la classe. En plus, ils s’habillaient avec recherche, sans avoir l’air de jeunes premiers et de gommeux boutonneux, connaissaient les vertus de l’hygiène, se lavaient, se parfumaient, et d’eux se dégageait une autorité naturelle de bon aloi. Enfin, ils ne suscitaient pas la peur, mais le respect. Qu’il faisait bon vivre à Mohéli quand feu Ahmed Mattoir et feu Haribou Chebane occupaient le poste de Gouverneur de l’île. Car, malgré les réserves des Mohéliens sur l’immobilisme et le conservatisme d’une époque définitivement révolue (1978-1989), ils s’enorgueillissaient d’avoir à la tête de leur île de dirigeants respectables, respectés et charismatiques, qui prenaient soin de s’entourer de la crème des administrateurs de l’île, dont on connaissait même l’arrière-arrière-arrière-arrière-arrière grand-père, des assistants et des collaborateurs qui avaient un sens aigu de l’honneur personnel (c’est très important), de la dignité, de la famille, de l’État, du service public et de l’intérêt général.
Comment oublier la figure du toujours jeune et pétillant d’intelligence et de compétence Aboubacar Ahmed Kassim, qui dirigeait avec brio et maestria le Cabinet du Gouverneur, rédigeait des discours éblouissants dans un français flamboyant, établissait des notes de service et des arrêtés à faire pâlir d’envie et de jalousie le plus chevronné des énarques?
«Chère vieille France, la bonne cuisine, les Folies Bergères, le Gai Paris, la haute couture, le cognac, le champagne, le bordeaux, le bourgogne…, c’est terminé», avait dit, dans un autre contexte national, et de manière caustique, le Président Georges Pompidou, lors de sa conférence de presse du 21 septembre 1972, pour signifier qu’il ne fallait pas s’enfermer dans une nostalgie larmoyante du temps passé. Mais, même en décidant de ne pas vouloir faire revivre les lampes à pétrole et les voitures à manivelle, force est de constater que Mohéli est tombée dans un état de médiocrité politique inégalée. La politique à Mohéli pue. Le Gouvernorat de Mohéli a perdu tout son prestige, devenant une poubelle politique ouverte à toutes les vulgarités. Si on pouvait connaître les ancêtres des anciens gouvernants au moins jusqu’à 6ème génération, aujourd’hui, c’est à peine si on peut arriver au père. Passons.
On aurait pu se consoler en disant qu’on ne connaît pas les dirigeants et leurs lignées mais qu’on apprécie le travail de qualité qu’ils font. Mais, là, tintin. Tintin. Échec et mat. Un exemple? Le Gouverneur d’Anjouan, Anissi Chamsidine, a accouché de l’un de ces monstres institutionnels dont les Comores ont le redoutable secret. Son Excellence le brillantissime Anissi Chamsidine qui, aujourd’hui, pour signaler qu’entre Ahmed Sambi et lui tout baigne, a fait pousser la barbe grisonnante, a été un pionnier à l’échelle du monde, en créant le poste de secrétaire général du Gouverneur et celui de secrétaire général des Commissaires du Gouvernorat! Dans l’entourage du chef de l’État, dont on ne connaît pas le juriste en chef, personne n’a pipé mot. Pour caser un proche, l’inimitable Mouigni Baraka, Gouverneur de la Grande-Comore, a fait pareil, et le chef de l’État a regardé ailleurs, ne comprenant même pas qu’il s’agit d’une énorme incongruité institutionnelle. «Autonomie des îles», dit-on. Piqué au vif, l’inégalable Mohamed Ali Saïd, corrosif Gouverneur de Mohéli, demanda au chef de l’État l’autorisation de faire pareil à Bonovo. «Vas-y, mon frère, tu as ma bénédiction», lui rétorqua le chef d’État. Aussitôt dit, aussitôt fait. Mais, rapidement, on se rendit compte qu’aucun des deux secrétaires généraux n’avait une activité effective. En attendant, l’argent du contribuable bien désargenté coule à flot. Sur les trois îles, les intéressés eux-mêmes le reconnaissent sous le manteau: ils ne servent à rien.
Mais, il y a pire. Le Conseil de l’Île de Mohéli est une plaie. Une institution bidon faisant du bidonnage. La preuve? Que le Conseil nous montre les lois qu’il vote. Au départ, le Conseil de l’île de Mohéli, une espèce de chose devant incarner le rôle de Parlement local, devait avoir plus de membres que celui de Grande-Comore et d’Anjouan réunis! Face au ridicule, les Mohéliens ont reculé. Mais, le malaise persiste.
Quand on évoque ces sujets, avec une mauvaise foi très touchante, les gens du pouvoir ricanent et rient sous cape, avant de lancer: «ARM n’aime que lui-même», «ARM n’aime personne» ou «ARM, maudits soient son nom et ses initiales, n’aime pas les dirigeants comoriens, surtout ceux de Mohéli». Ne sommes-nous pas en plein sous-développement? Or, Mohéli est en plein naufrage institutionnel. Citons un seul exemple: l’arrêté n°13/026/GIAM du 2 novembre 2013 «Portant interdiction des Embarcation [sic] clandestine [sic] à Mohéli», un arrêté signé par le Gouverneur Mohamed Ali Saïd lui-même. Ce texte a été envoyé par Internet par l’Ambassade d’un grand pays, et les diplomates qui l’ont lu sont encore en train de se demander s’il s’agit d’un poisson d’avril. Le fond de l’arrêté a déchaîné les passions sur Internet. Mais, sa forme permettra de prendre connaissance de l’excellence intellectuelle et professionnelle des dirigeants du Gouvernorat de Mohéli. Soyons sport. Faisons comme en dictée de contrôle, vendredi, en cours élémentaire, et n’attribuons la note 0/10 qu’à partir de 5 fautes. Cherchons donc les fautes.
«Portant interdiction des Embarcation clandestine à Mohéli» au lieu de «Portant interdiction des Embarcations clandestines», «coopération international» au lieu de «coopération internationale», «Dispositions spéciaux» au lieu de «Dispositions spéciales», «ports maritimes nationales» au lieu de «ports maritimes nationaux», «d’une personne tiers» au lieu «d’une tierce personne», «sont celle employés» au lieu de «sont celles employées», «les personnes susvisés» au lieu de «les personnes susvisées», «pour pratiquent» au lieu de «pour pratiquer», «des personne» au lieu de «des personnes», «vedettes motorisés dénommés» au lieu de «vedettes motorisées dénommées», «Dispositions général» au lieu de «Dispositions générales», «embarcations de fortunes» au lieu d’«embarcations de fortune», «ne sont permise» au lieu de «ne sont permis», «de tous genre» au lieu de «de tous genres», «tous autres zone côtière» au lieu de «toutes autres zonescôtières» ou «toute autre zone côtière», «tous autres zone côtière […] sont formellement interdits» au lieu de «toutes autres zones côtières […] sont formellement interdites» ou «toute autre zone côtière […] est formellement interdite», «tous commandants de vedettes ou bateaux qui enfreindra» au lieu de «tout commandant de vedettes ou bateaux qui enfreindra», «des dites embarcation faites» au lieu de «desdites embarcations faites», «des zones autorisé» au lieu de «des zones autorisées», «seront paisibles» au lieu de «seront passibles», «interdictions formelle» au lieu d’«interdictions formelles» ou «interdiction formelle», «quelques soit le motif» au lieu de «quels que soient les motifs» ou «quel que soit le motif», «les entrées et sorties […] ne peut s’effectuer», «les entrées et sorties […] nepeuvent s’effectuer», «toute embarcation volumineuse des marchandises d’origines végétale ou animal tel que girofle, banane, […] doivent» au lieu de «toute embarcation volumineuse de marchandises d’origine végétale ou animale […] doit», «attestation de propriété délivré» au lieu d’«attestation de propriété délivrée», «pour leur conduire» au lieu de «pour les conduire», «bateaux ou boutresprisent» au lieu de «bateaux ou boutres pris», «la présente arrêté» au lieu de «le présent arrêté», «autorités compétents» au lieu d’«autorités compétentes», «des dites moyens» au lieu de «desdits moyens», «lorsqu’une vedette ou tous enginsflottants opère» au lieu de «lorsqu’une vedette ou tout engin flottant opère», «seront chacun passibles» au lieu de «seront chacun passible», «touscommandants qui aurait» au lieu de «tout commandant qui aurait», «situation irréguliers» au lieu de «situation irrégulière», «situations irréguliers» au lieu de «situations irrégulières», «zones précités» au lieu de «zones précitées», «marchandises et effets prohibé» au lieu de «marchandises et effets prohibés», «de la marchandise et les effets prohibés» au lieu de «de la marchandise et des effets prohibés», «de la marchandise et prohibés» au lieu de «de la marchandise et effetsprohibés», «qui a conduit et qui aurai» au lieu de «qui a conduit et qui aurait».
Voilà. Il appartiendra à chacune et à chacun de tirer la conclusion sur la capacité qu’ont les personnes qui ont établi et signé cet arrêté à diriger un pays, surtout dans un contexte de sous-développement aggravé. L’ancien Président béninois Mathieu Kérékou disait qu’on n’a pas besoin d’être un bon locuteur de la langue française pour être un bon dirigeant dans un pays francophone. Certes. En même temps, dans un pays francophone, la maîtrise de la langue française est un bon indicateur du capital culturel des uns et des autres. Mais, il y a plus beau, et c’est Jacques Attali qui raconte l’anecdote décapante dans le Volume III de son ouvrageVerbatim. C’était en plein conseil des ministres, mercredi 3 avril 1991. Le ministre Alain Decaux lança: «Le maréchal Mobutu ne semble pas très conscient des problèmes de son pays, mais s’intéresse beaucoup à l’évolution de l’accent circonflexe dans la langue française». Ce à quoi le Président François Mitterrand avait répondu: «Ah bon! Il n’y a pas d’accent circonflexe sur maréchal». Le grade de «maréchal» que s’était attribué Mobutu Sese Seko relevait de la bouffonnerie tropicale, et c’est pour cela que François Mitterrand en parlait.
Donc, ici, il n’est pas demandé à l’autorité comorienne de s’intéresser plus à «l’évolution de l’accent circonflexe dans la langue française» qu’aux «problèmes de son pays», mais de savoir que nous vivons dans un monde qui exclut et refuse l’incompétence et l’inculture. Et quand on voit l’incompétence et l’inculture qui figurent dans la rédaction de chaque mot figurant sur l’arrêté analysé, on ne peut pas compter sur le Gouverneur Mohamed Ali Saïd pour conduire l’île de Mohéli vers le développement. Malheureusement, aux Comores et à un niveau supérieur, il n’est pas seul dans son cas.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Lundi 25 novembre 2013.
Pour commencer, ils avaient de la classe. En plus, ils s’habillaient avec recherche, sans avoir l’air de jeunes premiers et de gommeux boutonneux, connaissaient les vertus de l’hygiène, se lavaient, se parfumaient, et d’eux se dégageait une autorité naturelle de bon aloi. Enfin, ils ne suscitaient pas la peur, mais le respect. Qu’il faisait bon vivre à Mohéli quand feu Ahmed Mattoir et feu Haribou Chebane occupaient le poste de Gouverneur de l’île. Car, malgré les réserves des Mohéliens sur l’immobilisme et le conservatisme d’une époque définitivement révolue (1978-1989), ils s’enorgueillissaient d’avoir à la tête de leur île de dirigeants respectables, respectés et charismatiques, qui prenaient soin de s’entourer de la crème des administrateurs de l’île, dont on connaissait même l’arrière-arrière-arrière-arrière-arrière grand-père, des assistants et des collaborateurs qui avaient un sens aigu de l’honneur personnel (c’est très important), de la dignité, de la famille, de l’État, du service public et de l’intérêt général.
Comment oublier la figure du toujours jeune et pétillant d’intelligence et de compétence Aboubacar Ahmed Kassim, qui dirigeait avec brio et maestria le Cabinet du Gouverneur, rédigeait des discours éblouissants dans un français flamboyant, établissait des notes de service et des arrêtés à faire pâlir d’envie et de jalousie le plus chevronné des énarques?
On aurait pu se consoler en disant qu’on ne connaît pas les dirigeants et leurs lignées mais qu’on apprécie le travail de qualité qu’ils font. Mais, là, tintin. Tintin. Échec et mat. Un exemple? Le Gouverneur d’Anjouan, Anissi Chamsidine, a accouché de l’un de ces monstres institutionnels dont les Comores ont le redoutable secret. Son Excellence le brillantissime Anissi Chamsidine qui, aujourd’hui, pour signaler qu’entre Ahmed Sambi et lui tout baigne, a fait pousser la barbe grisonnante, a été un pionnier à l’échelle du monde, en créant le poste de secrétaire général du Gouverneur et celui de secrétaire général des Commissaires du Gouvernorat! Dans l’entourage du chef de l’État, dont on ne connaît pas le juriste en chef, personne n’a pipé mot. Pour caser un proche, l’inimitable Mouigni Baraka, Gouverneur de la Grande-Comore, a fait pareil, et le chef de l’État a regardé ailleurs, ne comprenant même pas qu’il s’agit d’une énorme incongruité institutionnelle. «Autonomie des îles», dit-on. Piqué au vif, l’inégalable Mohamed Ali Saïd, corrosif Gouverneur de Mohéli, demanda au chef de l’État l’autorisation de faire pareil à Bonovo. «Vas-y, mon frère, tu as ma bénédiction», lui rétorqua le chef d’État. Aussitôt dit, aussitôt fait. Mais, rapidement, on se rendit compte qu’aucun des deux secrétaires généraux n’avait une activité effective. En attendant, l’argent du contribuable bien désargenté coule à flot. Sur les trois îles, les intéressés eux-mêmes le reconnaissent sous le manteau: ils ne servent à rien.
Mais, il y a pire. Le Conseil de l’Île de Mohéli est une plaie. Une institution bidon faisant du bidonnage. La preuve? Que le Conseil nous montre les lois qu’il vote. Au départ, le Conseil de l’île de Mohéli, une espèce de chose devant incarner le rôle de Parlement local, devait avoir plus de membres que celui de Grande-Comore et d’Anjouan réunis! Face au ridicule, les Mohéliens ont reculé. Mais, le malaise persiste.
Quand on évoque ces sujets, avec une mauvaise foi très touchante, les gens du pouvoir ricanent et rient sous cape, avant de lancer: «ARM n’aime que lui-même», «ARM n’aime personne» ou «ARM, maudits soient son nom et ses initiales, n’aime pas les dirigeants comoriens, surtout ceux de Mohéli». Ne sommes-nous pas en plein sous-développement? Or, Mohéli est en plein naufrage institutionnel. Citons un seul exemple: l’arrêté n°13/026/GIAM du 2 novembre 2013 «Portant interdiction des Embarcation [sic] clandestine [sic] à Mohéli», un arrêté signé par le Gouverneur Mohamed Ali Saïd lui-même. Ce texte a été envoyé par Internet par l’Ambassade d’un grand pays, et les diplomates qui l’ont lu sont encore en train de se demander s’il s’agit d’un poisson d’avril. Le fond de l’arrêté a déchaîné les passions sur Internet. Mais, sa forme permettra de prendre connaissance de l’excellence intellectuelle et professionnelle des dirigeants du Gouvernorat de Mohéli. Soyons sport. Faisons comme en dictée de contrôle, vendredi, en cours élémentaire, et n’attribuons la note 0/10 qu’à partir de 5 fautes. Cherchons donc les fautes.
«Portant interdiction des Embarcation clandestine à Mohéli» au lieu de «Portant interdiction des Embarcations clandestines», «coopération international» au lieu de «coopération internationale», «Dispositions spéciaux» au lieu de «Dispositions spéciales», «ports maritimes nationales» au lieu de «ports maritimes nationaux», «d’une personne tiers» au lieu «d’une tierce personne», «sont celle employés» au lieu de «sont celles employées», «les personnes susvisés» au lieu de «les personnes susvisées», «pour pratiquent» au lieu de «pour pratiquer», «des personne» au lieu de «des personnes», «vedettes motorisés dénommés» au lieu de «vedettes motorisées dénommées», «Dispositions général» au lieu de «Dispositions générales», «embarcations de fortunes» au lieu d’«embarcations de fortune», «ne sont permise» au lieu de «ne sont permis», «de tous genre» au lieu de «de tous genres», «tous autres zone côtière» au lieu de «toutes autres zonescôtières» ou «toute autre zone côtière», «tous autres zone côtière […] sont formellement interdits» au lieu de «toutes autres zones côtières […] sont formellement interdites» ou «toute autre zone côtière […] est formellement interdite», «tous commandants de vedettes ou bateaux qui enfreindra» au lieu de «tout commandant de vedettes ou bateaux qui enfreindra», «des dites embarcation faites» au lieu de «desdites embarcations faites», «des zones autorisé» au lieu de «des zones autorisées», «seront paisibles» au lieu de «seront passibles», «interdictions formelle» au lieu d’«interdictions formelles» ou «interdiction formelle», «quelques soit le motif» au lieu de «quels que soient les motifs» ou «quel que soit le motif», «les entrées et sorties […] ne peut s’effectuer», «les entrées et sorties […] nepeuvent s’effectuer», «toute embarcation volumineuse des marchandises d’origines végétale ou animal tel que girofle, banane, […] doivent» au lieu de «toute embarcation volumineuse de marchandises d’origine végétale ou animale […] doit», «attestation de propriété délivré» au lieu d’«attestation de propriété délivrée», «pour leur conduire» au lieu de «pour les conduire», «bateaux ou boutresprisent» au lieu de «bateaux ou boutres pris», «la présente arrêté» au lieu de «le présent arrêté», «autorités compétents» au lieu d’«autorités compétentes», «des dites moyens» au lieu de «desdits moyens», «lorsqu’une vedette ou tous enginsflottants opère» au lieu de «lorsqu’une vedette ou tout engin flottant opère», «seront chacun passibles» au lieu de «seront chacun passible», «touscommandants qui aurait» au lieu de «tout commandant qui aurait», «situation irréguliers» au lieu de «situation irrégulière», «situations irréguliers» au lieu de «situations irrégulières», «zones précités» au lieu de «zones précitées», «marchandises et effets prohibé» au lieu de «marchandises et effets prohibés», «de la marchandise et les effets prohibés» au lieu de «de la marchandise et des effets prohibés», «de la marchandise et prohibés» au lieu de «de la marchandise et effetsprohibés», «qui a conduit et qui aurai» au lieu de «qui a conduit et qui aurait».
Voilà. Il appartiendra à chacune et à chacun de tirer la conclusion sur la capacité qu’ont les personnes qui ont établi et signé cet arrêté à diriger un pays, surtout dans un contexte de sous-développement aggravé. L’ancien Président béninois Mathieu Kérékou disait qu’on n’a pas besoin d’être un bon locuteur de la langue française pour être un bon dirigeant dans un pays francophone. Certes. En même temps, dans un pays francophone, la maîtrise de la langue française est un bon indicateur du capital culturel des uns et des autres. Mais, il y a plus beau, et c’est Jacques Attali qui raconte l’anecdote décapante dans le Volume III de son ouvrageVerbatim. C’était en plein conseil des ministres, mercredi 3 avril 1991. Le ministre Alain Decaux lança: «Le maréchal Mobutu ne semble pas très conscient des problèmes de son pays, mais s’intéresse beaucoup à l’évolution de l’accent circonflexe dans la langue française». Ce à quoi le Président François Mitterrand avait répondu: «Ah bon! Il n’y a pas d’accent circonflexe sur maréchal». Le grade de «maréchal» que s’était attribué Mobutu Sese Seko relevait de la bouffonnerie tropicale, et c’est pour cela que François Mitterrand en parlait.
Donc, ici, il n’est pas demandé à l’autorité comorienne de s’intéresser plus à «l’évolution de l’accent circonflexe dans la langue française» qu’aux «problèmes de son pays», mais de savoir que nous vivons dans un monde qui exclut et refuse l’incompétence et l’inculture. Et quand on voit l’incompétence et l’inculture qui figurent dans la rédaction de chaque mot figurant sur l’arrêté analysé, on ne peut pas compter sur le Gouverneur Mohamed Ali Saïd pour conduire l’île de Mohéli vers le développement. Malheureusement, aux Comores et à un niveau supérieur, il n’est pas seul dans son cas.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Lundi 25 novembre 2013.