«Je t’ai privé injustement de ton élection et de ton mandat, pour Ikililou Dhoinine». Le rapprochement spectaculaire entre les...
«Je t’ai privé injustement de ton élection et de ton mandat, pour Ikililou Dhoinine».
Le rapprochement spectaculaire entre les deux «adversaires» politiques d’hier, Mohamed Saïd Fazul et Ahmed Sambi, n’a pas fini de livrer ses petits et grands secrets, et de surprendre le microcosme politique comorien. Le peuple, lui, ne veut plus rien comprendre, car tout cela est touffu et flou. Très flou. Pis, très illisible. L’opération de rapprochement en elle-même constitue l’une de ces transhumances politiques dont les acteurs politiques comoriens ont le redoutable secret. Mais, en plus, il est désormais officiel que l’ancien satrape Ahmed Sambi a présenté ses excuses les plus plates et les plus larmoyantes à Mohamed Saïd Fazul lors de leur grande et très «secrète» rencontre de Moroni, rencontre qui permit de sceller l’alliance politique entre les deux hommes. Des excuses? Oui. Quelles excuses?
Pour aller à l’essentiel, il faudra rappeler que lors de l’élection présidentielle de 2010, Ahmed Sambi avait jeté son dévolu sur son Vice-président Ikililou Dhoinine, qui n’avait pas remué les bouts des lèvres pour soutenir son projet fou de rester au pouvoir au-delà du 26 mai 2010, alors que le Docteur Fouad Mohadji et Mohamed Larif Oucacha s’étaient mis à dos le tout-Mohéli, en défendant les divagations constitutionnelles et politiques d’Ahmed Sambi. Mais, pour faire élire son poulain Ikililou Dhoinine, Maître Aliboron n’avait reculé devant rien: fraudes électorales à la Grande-Comore, mascarade électorale à Anjouan et Mohéli, achats de «consciences» et d’«inconsciences», usage éhonté de l’argent du peuple comorien en faveur des ambitions d’un clan aujourd’hui à couteaux tirés, etc. Tout ceci fit une victime: le peuple Comorien, qui avait voté massivement pour la liste conduite par Mohamed Saïd Fazul, dont les colistiers étaient Maître Saïd Larifou (leader du RIDJA, Grande-Comore), Soundi Abdoulatuf (Anjouan) et Chaabane Bacar (Mohéli). Sur 705 bureaux de vote, 687 étaient litigieux, et Ahmed Sambi avait muselé la Cour constitutionnelle. Mohamed Abdouloihabi avait été escroqué électoralement à 80%, toujours par le même Ahmed Sambi.
Donc, pour sceller son alliance politique avec Mohamed Saïd Fazul afin d’en découdre bientôt avec son ancien poulain, Ikililou Dhoinine, qui l’a douloureusement poignardé sur le dos, Ahmed Sambi reconnaît aujourd’hui que la Cour constitutionnelle a entièrement été «achetée», et que le poétique Ahmed Abdallah Salim dit «Ahmed Hydro» avait mis dans les poches de ce membre influent de la Cour constitutionnelle, 32 millions de francs comoriens pour valider une élection bidon. Aujourd’hui, Ahmed Sambi reconnaît en secret que son «homme de poche», Ahmed Abdallah Salim, partait le vendredi précédent le premier et le deuxième tours, de Chindini vers Mohéli, en Japawa, avec des cartons d’argent sale, un argent appartenant tout de même au peuple comorien.
Aujourd’hui, en cachette, emporté par une colère phénoménale contre Ikililou Dhoinine, Ahmed Sambi, amadouant Mohamed Saïd Fazul, avoue tout ça, sans omettre un détail de ses anciennes pratiques frauduleuses. La préparation mortelle d’une vengeance mortelle vaut bien quelques confessions tardives. Ça coûte quoi, après tout? Ahmed Sambi reconnaît des faits de notoriété publique, mais en politique, c’est toujours ça de gagné, surtout en cette période charnière, au cours de laquelle les uns se positionnent, les autres prennent leurs marques et, en embuscade, tout le monde est lancé dans une opération d’identification non pas des alliés, mais des adversaires. Curieuse période! Curieux acteurs politiques!
En même temps, dans les états-majors politiques, nombreux sont ceux qui n’ont pas la conscience tranquille. Et, le bon Ahmed Elarif Hamidi, champion toutes catégories de la survie politique et aujourd’hui Président de la Cour des Comptes, est très sollicité par ses amis de Beït-Salam. On lui demande un retour d’ascenseur. Mais, il y a des ascenseurs qui doivent être mis à marche par une clé, et Ahmed Elarif Hamidi n’a pas la clé de l’ascenseur qu’on lui montre. En réalité, il ne l’aura pas. Pis, il ne l’aura jamais. Pour comprendre l’origine de cette impossibilité, il faut plonger dans les bas-fonds de la médina politique mohélienne. En janvier 2011, Ahmed Elarif Hamidi était membre de la Cour constitutionnelle des Comores, et avait joué un rôle déterminant dans la validation d’une fraude électorale mise en place contre Mohamed Saïd Fazul. Or, Mohamed Saïd Fazul est son beau-frère. Au lendemain de l’avis favorable rendu en faveur d’Ikililou Dhoinine par la Cour constitutionnelle, le même Ahmed Elarif Hamidi avait tenté de s’approcher de la résidence du Président élu, où il avait trouvé porte close, avec en face de lui, des gens qui lui disaient qu’il y était indésirable. Mais, c’est mal connaître notre ancien professeur de Mathématiques au Collège de Fomboni: il cria, rappela son droit d’aînesse, des relations de famille et surtout son statut d’ancien professeur de Maths du Président élu et de Madame. Cherchez l’erreur… Il est comme ça, en homme qui sait ce qu’il veut, cousin Ahmed Elarif Hamidi.
Depuis, plus personne n’a osé s’interposer entre lui et le Président, qui finira par le nommer Président de la Cour des Comptes. Aujourd’hui, on lui demande d’aller parler à son beau-frère Mohamed Saïd Fazul pour qu’il reconsidère son alliance politique avec Ahmed Sambi. Seulement, tous ceux qui connaissent Mohamed Saïd Fazul disent que sa première qualité, c’est sa mémoire, sa deuxième qualité est sa mémoire, et sa troisième qualité est sa mémoire. Rendez-lui un service aujourd’hui, il vous le rappellera dans 30 ans. Faites-lui une misère aujourd’hui, il vous la rappellera dans 31 ans. Et c’est ainsi qu’il n’a pas oublié l’injustice qu’on lui a fait subir en janvier 2011. Il sait que parmi les gens qui ont été à l’origine de cette injustice, il y avait bien le généreux beau-frère. Généreux, mais pas envers Mohamed Saïd Fazul, qui était son chef à la Présidence de l’Île autonome de Mohéli. Ahmed Elarif Hamidi n’a donc aucune chance de le faire revenir sur sa décision d’alliance avec Ahmed Sambi. Auparavant, l’insulteur officiel de Beït-Salam avait tenté d’amadouer Mohamed Saïd Fazul, poussant la «gentillesse» jusqu’à lui attribuer un titre de «beau-frère», mais l’ancien Président de l’Île autonome de Mohéli, très caustique à ses heures et champion d’un humour décapant, l’avait regardé avec un mépris à faire fondre la banquise au Pôle Nord, du côté de la Laponie, et avait craché par terre sans prononcer un mot.
Observant toutes ces amabilités hypocrites et intéressées autour de Mohamed Saïd Fazul, son ami, le Vice-président Fouad Mohamed, un ami notoire d’Ahmed Sambi, boit du petit-lait et mange des dattes avec une gourmandise qu’il ne cherche même pas à cacher, surtout quand il voit Mohamed Ali Saïd, Gouverneur de Mohéli, dans un état de désespoir très désespérant. On n’a pas fini de rire. N’est-ce pas Mohamed Ali Saïd qui a été pendant des mois, de concert avec le Colonel Mohamed Anrifi Moustoifa Bacar Madi dit «José», dit «Obama» (un gâchis fait d’un nom aussi beau et bon), le porte-parole d’Ikililou Dhoinine à Mohéli quand il s’agissait d’injurier Fouad Mohadji? Aujourd’hui, ce dernier est en train d’affûter sa stratégie pour demain, et cela inquiète certains, à telle enseigne que les chantres de l’injure à Beït-Salam commencent à voir la source de leurs ennuis à venir à travers l’alliance constituée par Ahmed Sambi, Fouad Mohadji et Mohamed Saïd Fazul.
À l’heure qu’il est, personne ne sait combien de temps l’alliance politique en question pourra tenir. Personne ne connaît à l’avance son poids électoral. Pourtant, cette alliance a déjà commencé à donner des sueurs froides aux insulteurs. Le peuple observe tout ça avec intérêt certes, mais aussi avec du recul car les politiciens comoriens sont très décevants, et aujourd’hui, nombreux sont ceux qui souhaiteraient un grand et vrai changement d’hommes et de femmes à la tête de l’État.
Par ARM