Le jour du Conseil des ministres, le chef de l'État interdit Beït-Salam aux ministres . « Oyez, oyez, oyez! Habitants de Djoiezi!...
Le jour du Conseil des ministres, le chef de l'État interdit Beït-Salam aux ministres .
«Oyez, oyez, oyez! Habitants de Djoiezi! Habitants de Djoiezi, demain lundi 28 octobre 2013, Son Excellence le Docteur El-Hadj Ikililou Dhoinine, chef de l'État, Président de la République, vous invite à une réunion de la première importance au Foyer des Jeunes de la ville. La présence de tout le monde à cette réunion d'importance vitale est souhaitée». C'est au mégaphone remis par le Président de la République lui-même et jonché sur un véhicule du chef de l'État que Kassim Ahmed Kassim dit «Gafi» répétait le message présidentiel, et il criait tellement fort qu'on avait l'impression qu'il allait cracher ses poumons. Un type sympa, Gafi. Mais, selon de nombreux Djoieziens, il perd son temps car, désormais, ce que dit et fait le Président de la République n'intéresse et n'inquiète personne. Un Djoiezien qui n'a jamais pris au sérieux les capacités d'Ikililou Dhoinine à diriger les Comores ne perd pas son temps à faire de belles phrases et à dire des bêtises: «Pour comprendre l'étendue de notre malheur, il faut connaître la nullité intellectuelle et professionnelle des individus que fréquente le chef de l'État. C'est un désastre! Un pur désastre! Et là, je suis gentil et charitable».
Arrivé à Mohéli ce dimanche 27 octobre 2013, le Président de la République présente toutes les caractéristiques d'un chef d'État aux abois, dépassé par les événements qui se font autour de lui. En cette période d'exacerbation du chauvinisme insulaire, les Mohéliens ne cherchent même pas à cacher l'antipathie et les autres sentiments négatifs qu'il leur inspire, disant qu'il est le premier Président comorien à n'avoir pas célébré la Fête du Sacrifice dans sa ville natale. À Mohéli et dans les autres îles, les habitants commencent à se demander si le chef de l'État a commencé à devenir gâteux à tout juste 52 ans et 2 mois. Voilà un chef d'État qui, mercredi 23 octobre 2013, jour de Conseil des ministres, a fait fermer les grilles, portes et portails de Beït-Salam, refusant la présence sur les lieux de Hamada Madi Boléro, du «séminariste» Saïd Mohamed Ali Saïd, des ministres et des visiteurs. C'est inouï, inédit et stupide. Un habitué des lieux, poussant un soupir à provoquer un cyclone, lance: «Au fond, l'annulation du Conseil des ministres n'est pas une mauvaise chose car, même si personne ne pipe mot par respect pour le Président, les ministres sont mal à l'aise en sachant la Première Dame en train de suivre le Conseil des ministres à partir d'une fenêtre. C'est malsain».
Il est vrai que le Président est sous le choc de la tentative d'assassinat ayant visé la ministre Sitti Kassim, mais tout de même. Quoi? Une tentative d'assassinat? Oui. En effet, deux personnes encagoulées et portant des armes lourdes ont arrêté la voiture de la ministre, ont battu le chauffeur, avant de lui demander de dire à la ministre que ce n'est que partie remise car la prochaine fois, ils la retrouveront et la tueront. La nouvelle tombe mal, à un moment où il a été constaté que Sitti Kassim, amie de la Première Dame, et la plus emblématique des ministres d'Ikililou Dhoinine, entretient les meilleures relations avec son ami et ancien mentor Ahmed Sambi, devenu l'ennemi intime d'Ikililou Dhoinine, son chef actuel. Quand le Président Ikililou Dhoinine apprit que Sitti Kassim a failli passer l'arme à gauche, il renforça la sécurité autour de tous ses proches. Jusqu'à la fin de son mandat à la tête de l'État? Hystérique!
Mais, le bon Président n'est pas au bout de ses peines car son premier cercle lui apprit que les prochaines élections législatives vont être catastrophiques pour les siens, et donc pour lui, car il n'a aucune chance de faire élire ne serait-ce qu'un seul Député. Affolé comme s'il était la proie d'un essaim d'abeilles, de frelons et de guêpes, il fila sur Anjouan, où, pour couper l'herbe électorale sous les pieds d'Ahmed Sambi, il fit ce qu'aucune autorité dans le monde n'a fait avant lui: l'«inauguration» de bourses d'études à Ouani. 88 bourses. «Depuis quand inaugure-t-on des bourses et que signifie "inaugurer" des bourses? C'est un scandale, et quelqu'un doit le dire au Président afin de l'aider à ne plus s'empêtrer dans des situations aussi ridicules», s'indigne ce proche de Mohamed Saïd Fazul. La crise d'angoisse a poussé le Président de la République à ce geste inconsidéré et inattendu qui, de l'avis des spécialistes d'analyse politique de Poteau central, à Djoiezi, est le signe le plus évident de l'affolement dans lequel se trouve un homme qui a longtemps cru en la supériorité de son intelligence. C'est alors qu'un autre événement politique de portée mondiale a eu lieu: Hamada Madi Boléro fit comprendre au Président que sa seule chance de faire élire un Député réside en lui-même, en lui qui assume les fonctions de Directeur de Cabinet du Président chargé de la Défense. La chose devient encore plus intéressante parce que le suppléant du bon Hamada Madi Boléro n'est autre que le beau-frère du chef de l'État. Ceci est sympathique comme une porte de prison. À Mohéli, l'information a produit l'effet d'une bombe et s'est répandue comme une traînée de poudre. Les Mohéliens de France sont morts de rire et ceux restés au pays vont se régaler quand auront les élections législatives en 2014, 2015 ou 2016 – qui sait?
Si le Président de la République croit pouvoir se consoler auprès de son allié Mohamed Ali Saïd, Gouverneur de Mohéli, il n'aura que des pleurnicheries larmoyantes car le dictateur de Mohéli a appris la nouvelle de la nomination de Mohamed Saïd Fazul auprès du Docteur Fouad Mohadji comme Conseiller avec le plaisir qu'on prend à ingurgiter un poison mortel à une dose hautement mortelle. Quand le satrape mohélien apprit la nouvelle sur cette nomination qui concerne le plus que probable prochain Gouverneur de Mohéli, Mohamed Ali Saïd improvisa une conférence de presse au cours de laquelle il déclaraurbi et orbi que son ennemi et ancien allié de circonstance n'a pas à être nommé à un emploi public car il n'a pas le statut de fonctionnaire. Quand on lui apprit que même Hamada Madi Boléro n'est pas un fonctionnaire, il s'était écrié comme une hyène hennissant: «Mais, il ne faut pas comparer l'incomparable, parce que Hamada Madi Boléro travaille avec le gouvernement». Drôle de façon de raisonner car Fouad Mohadji est un élu de la République, un Vice-président élu sur le même bulletin de vote que le Président de la République. Même s'il entretient des relations explosives avec le chef de l'État, lui aussi est membre du gouvernement. De ce fait, Mohamed Saïd Fazul, lui aussi, travaille pour le gouvernement. Qu'on se le dise!
Mais, il y a pire. En effet, les Mohéliens sont de plus en plus convaincus que critiquer le Président de la République est une perte de temps et d'énergie, et que la critique serait mieux fondée si elle portait sur ce qu'il y a de positif car c'est ce qui manque à son action. En effet, nous explique ce Fombonien, «la médiocrité politique est une donnée politique permanente aux Comores, mais, cette fois, les choses sont allées très loin. Le mélange formé par la médiocrité et la stupidité est tout simplement annonciateur de catastrophes. Et quand on y ajoute la haine, on prend peur».
En tout cas, à la nuit tombée à Djoiezi ce dimanche 27 octobre 2013, Kassim Ahmed Kassim dit «Gafi» tournait toujours dans les quartiers, hurlant dans le mégaphone présidentiel et circulant dans le véhicule mis à sa disposition par le Président. À Djoiezi, la population est partagée entre la curiosité de découvrir ce que le Président va annoncer et la certitude d'aller perdre son temps. Mais, à Djoiezi, une vieille maladie fait rage: certains n'hésitent pas à demander le licenciement pur et simple de leurs propres frères et sœurs pour avoir osé émettre des doutes, réserves et critiques à l'égard de la légèreté avec laquelle le Président plonge le pays dans un chaos permanent, sans s'interroger sur l'irresponsabilité de ses agissements. En tout cas, tout ce qui se dira au Foyer des Jeunes de Djoiezi se saura et sera connu des internautes qui nous font l'honneur de leur confiance.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Lundi 28 octobre 2013.
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