Quand la Carrière devient la tombe de l'honneur et de la dignité des Comores

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Quand la Carrière devient la tombe de l'honneur et de la dignité des Comores


Clochardisation et dévoiement de la pathétique diplomatie comorienne.

Le Résistant, académicien et homme d'État français Alain Plantey (1924-2013) estime, s'agissant de la diplomatie, qu'elle «est aussi un métier, l'une des plus belles professions qu'offre l'État contemporain: pour celui qui est fier de son pays, il n'est de plus noble mission que de le représenter auprès des autres»: Alain Plantey: De la politique entre les États. Principes de diplomatie, 2ème édition, A. Pedone, Paris, 1991, p. 28. Alain Plantey a raison de soutenir cette opinion. Mais, quand on examine les zigzags, tralalas et blablas de la diplomatie comorienne, on sait immédiatement qu'il y a diplomatie et diplomatie, diplomate et diplomate. 

Il ne suffit pas d'être nommé à une fonction diplomatique pour être un diplomate crédible et sérieux pour les chancelleries étrangères, et plus d'une fois, les «diplomates» comoriens donneront raison à ceux qui, comme Pierre-Michel Eisemann, refusent de définir la diplomatie par les qualités supposées de ses acteurs (intelligence, tact, circonspection et discrétion) et leurs défauts supposés («douce incompétence», mensonges, et fourberie), estimant qu'elle «ne mérite ni d'être définie par ses qualités, que ne possèdent d'ailleurs pas tous ceux qui en ont la charge, ni par les défauts, relevés par ceux qui ne connaissent le plus souvent du métier que les illusoires scintillations»: Pierre-Michel Eisemann: La diplomatie, in Encylopaedia Universalis, corpus 7, Paris, édition de 1996, p. 660. Ha! C'est vrai.

Or, la diplomatie comorienne est dans une clochardisation dont la puanteur fait honte à une hyène et à un putois. Elle est devenue un cimetière dans lequel, jour après jour, on enterre la personnalité internationale, la dignité et l'honneur des Comores. Faut-il en donner des preuves? Commençons par la plus pittoresque et la plus rocambolesque. Dans une grande capitale occidentale, un Comorien complètement déjanté, loufoque et amoureux du ridicule tombe malade. Pour le faire admettre à l'hôpital, on dit aux autorités locales que cet individu est diplomate. Oui. 

Diplomate. Il finira par devenir Ambassadeur, non pas à Fagatogo, mais dans la capitale d'une grande puissance. Il se signale plus par ses dégâts que par son intelligence. Mais, comme les Comores ont fait du principe de Peter ou «syndrome de la promotion Focus» la base de leur «gouvernance», elles donnent raison à Laurence J. Peter et Raymond Hull, pour qui, «dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s'élever à son niveau d'incompétence» et que, «avec le temps, tout poste sera occupé par un employé incapable d'en assumer la responsabilité». Apologie de l'incompétence, donc.

Quand on fait les calculs, on est effaré en constatant que la profession est truffée de gens qui n'ont absolument rien à y faire. Le plus grave, c'est que la diplomatie est devenue un foyer de classement professionnel pour membres de la famille. Dans la plupart des pays, même quand on a un diplôme de l'enseignement supérieur, y compris en Diplomatie, on entre au ministère des Affaires étrangères avec le titre de secrétaire des Affaires étrangères. On doit gravir les échelons jusqu'au jour où, au bout de 15 ou 20 ans, on est nommé Ambassadeur. 

Or, Ikililou Dhoinine et ses prédécesseurs nomment conseillers d'ambassade des proches qui n'ont jamais été fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères, et très vite les protégés se signalent par leurs dégâts. Au Sénégal, le chargé d'affaires djoiezien donc l'Ambassadeur par intérim envoie aux Commissariat de Police une étudiante originaire de Domoni, Anjouan, au prétexte que celle-ci lui aurait manqué de respect au téléphone. Or, l'article 3 alinéa b de la Convention de Vienne du 18 avril 1961 sur les relations diplomatiques l'oblige à protéger les ressortissants comoriens au Sénégal, au lieu de les faire persécuter.

Aujourd'hui, dans 7 capitales, le bien-aimé Docteur El-Hadj Ikililou Dhoinine, chef d'État, Président de la République, a nommé des Djoieziens. Pourquoi pas? Mais, quand on s'intéresse au profil des protégés, on se rend compte que seul l'Ambassadeur des Comores à Paris a un diplôme en Relations internationales et qu'il a une carrière de diplomate, étant entendu qu'il a fait toute celle-ci au sein de l'appareil diplomatique comorien au cours des 30 dernières années. Pour les autres, on est en plein rafistolage et bricolage. Demain, en 2016, quand un Président grand-comorien va s'installer au centre du monde, à Beït-Salam, son premier souci sera de renvoyer auprès de leurs mamans tous ces protégés. Or, il suffisait de nommer des gens «nommables» pour que le problème soit réglé, en respectant le mot joyeux du Président Ahmed Abdallah: «Il faut être aidable». 

Faire recruter de jeunes Djoieziens au ministère des Relations extérieures et les laisser faire leur carrière de manière normale aurait été plus utile que de placer des néophytes à des postes où ils n'ont absolument rien à faire. On ne peut évoquer le sujet sans avoir une pensée pour l'Ambassadeur-Dieu Ali Saïd Mdahoma, cousin du chef de l'État, Ambassadeur des Comores en Belgique, Pays-Bas, auprès de l'Union européenne, Co-Ambassadeur en France, Consul général et exceptionnel à Bagnolet et Montreuil, Directeur de l'École normale internationale de l'Injure et de l'Insulte. Un gars digne du Prix Nobel de la Paix, pour lequel je vais consacrer toute ma vie pour lui.

Mais, il n'y a pas que les «Batiti» mohéliens qui posent problème. Pour preuve, quelque part, ce type poursuivi en Justice pour moult affaires crapuleuses en France a été nommé Ambassadeur. Quand il passe en France, les autorités locales se réjouissent de voir les Comores se comporter de manière aussi responsable. Après, quand on se moque des Comores, tel augure de la classe politique criera au complot. Il n'y a pas de complot, sauf à considérer qu'une telle bêtise est normale. La bêtise est au sein de l'État comorien, commise part des autorités comoriennes qui, au lieu de rehausser le prestige du pays, agissent de manière à le ramener vers le niveau le plus bas.

Certains pays ont établi un système qui oblige les grands fonctionnaires de la présidence de la République à passer une nuit, à tour de rôle, à la présidence, pour suivre le déroulement des affaires nationales et internationales et prévenir le chef de l'État et certaines autorités en cas de crise nationale ou internationale. Dès lors, en cas de survenance d'une crise, l'État se lance dans son traitement, pendant que le président des Comores, quel qu'il soit, ronfle chez sa copine du jour. Les bons chefs d'État ont des conseillers chevronnés qui les aident à prendre de bonnes décisions. Or, quand on gratte un peu, on se rend compte que le conseiller diplomatique de notre Ikililou Dhoinine national est un agronome qui n'a donc ni formation, ni expérience en diplomatie. Qu'est-ce que c'est mignon!

À Moroni, travaillent d'excellents diplomates, dont personne de sérieux n'oserait remettre en compte l'expertise et la compétence. Curieusement, ils font partie des fonctionnaires les plus piétinés par la présidence de la République et par leurs ennemis. En d'autres termes, on encense les parachutés incompétents, et on piétine ceux qui font leur travail. Dès lors, chaque fois que le chef de l'État effectue le moindre déplacement à l'étranger, celui-ci se transforme en polémique. Pourquoi faut-il donc que les Comores reproduisent à l'international leurs bêtises domestiques? 

Pour le travail de la diplomatie, c'est une catastrophe, pour l'image du pays, un désastre. Pourquoi ne pas relater les faits suivants? Au Maroc, le 6 décembre 2011, furent nommés 28 Ambassadeurs professionnels, et le 3 janvier 2012, un nouveau gouvernement. Il fallait faire en sorte que les ministres non reconduits n'aient aucune chance de croire obtenir un poste d'Ambassadeur. Interrogé sur ces nominations, un diplomate a répondu: «Ambassadeur est un métier à part entière. Il ne saurait etre un cadeau ou une consolation. Nous n'en avons pas les moyens pour ça» (Tel Quel, Casablanca ,10-16 mars 2012,p.30). Ah! Si on pouvait comprendre ça aux Comores et arrêter la diplomatie des amis. 

Par ARM 
lemohelien - Dimanche 13 octobre 2013.
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