L'Arabie saoudite n'a pas voulu vendredi entrer au Conseil de sécurité de l'ONU, une décision sans précédent pour protester co...
L'Arabie saoudite n'a pas voulu vendredi entrer au Conseil de sécurité de l'ONU, une décision sans précédent pour protester contre «l'impuissance» de cette instance, notamment dans le dossier syrien.
«L'Arabie saoudite (...) n'a pas d'autres options que de refuser de devenir membre du Conseil de sécurité jusqu'à ce que ce dernier soit réformé et qu'on lui donne les moyens d'accomplir son devoir et d'assumer ses responsabilités pour préserver la paix et la sécurité dans le monde», a expliqué le ministère des Affaires étrangères.
Et Ryad de fustiger la politique de «deux poids, deux mesures» de l'instance suprême des Nations unies au Proche-Orient. Le communiqué du gouvernement a été publié quelques heures après l'élection du pays comme membre non permanent du Conseil de sécurité.
Selon le royaume, le fait «de permettre au régime en place en Syrie de tuer son peuple et de le brûler à l'arme chimique au vu et au su du monde entier, sans sanctions dissuasives, est une preuve claire de l'impuissance du Conseil de sécurité à accomplir son devoir et à assumer ses responsabilités».
Frustration dirigée contre Washington
Par ce geste, l'Arabie saoudite «veut exprimer son indignation face aux pays membres permanents du Conseil de sécurité», a déclaré à l'AFP l'expert saoudien Abdel Aziz Al Sager, directeur du Gulf Research Center.
Depuis le début de la crise syrienne en mars 2011, la Russie et la Chine se sont opposées à toute résolution condamnant le régime du président Bachar al-Assad.
Ce n'est que le 27 septembre, un peu plus d'un mois après une attaque à l'arme chimique - qui a fait des centaines de morts le 21 août près de Damas - que le Conseil a adopté, face à la menace de frappes américaines, la résolution 2118 sur le désarmement chimique du pays d'ici mi-2014.
L'Arabie saoudite - qui soutient sans réserve l'opposition syrienne - a régulièrement appelé la communauté internationale à prendre «des mesures efficaces» pour arrêter le bain de sang en Syrie, où les violences ont fait, selon une ONG syrienne, plus de 115'00 morts.
Ryad «veut également exprimer son malaise face à la nouvelle politique des Etats-Unis [pourtant le plus ancien allié de l'Arabie saoudite sur la scène internationale] et en particulier aux positions du président Barack Obama sur l'Iran, la Syrie et le Yémen», note Abdel Aziz Al Sager.
Refus pas encore notifié
Les réactions sur la scène internationale ne se sont pas faites attendre: la France a dit partager la «frustration» de l'Arabie saoudite, tandis que la Russie a critiqué Ryad, s'interrogeant sur les raisons «étranges» du refus saoudien.
La Turquie a estimé pour sa part que la décision saoudienne faisait «perdre de sa crédibilité» à l'organisation, alors que le Conseil national syrien (principal groupe d'opposition) a salué la «position historique» des autorités saoudiennes et a rendu hommage à leur soutien au peuple syrien.
L'Arabie saoudite n'a pas encore notifié officiellement à l'ONU son refus, a indiqué à la presse le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Son remplacement éventuel «est une décision qui relève des Etats membres». Si Ryad maintient sa décision, il appartiendra normalement au groupe Asie-Pacifique au sein de l'Assemblée générale de proposer un nouveau candidat.
Répondant implicitement aux critiques saoudiennes, M. Ban a souligné que l'ONU souhaitait «travailler très étroitement avec le Royaume saoudien pour faire face à des défis importants». Il a notamment cité «mettre fin à la guerre en Syrie», «aider à la transition au Yémen» et «aider le peuple palestinien à créer un Etat viable».
Question palestinienne oubliée
Le royaume sunnite, premier exportateur mondial de pétrole, a été élu jeudi, pour la première fois, membre non permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, en même temps que le Tchad, le Chili, le Nigeria et la Lituanie. Leur mandat de deux ans doit débuter le 1er janvier 2014.
Fin septembre, lors de la session de l'Assemblée générale de l'ONU, le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud al-Fayçal avait déjà refusé de s'exprimer à la tribune pour protester contre l'inertie du Conseil de sécurité face à la situation en Syrie et dans les Territoires palestiniens.
Dans son communiqué de vendredi, le ministère saoudien rappelle d'ailleurs aussi que «la question palestinienne demeure depuis 65 ans sans règlement». (ats)
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