Plaidoyer présidentiel pour l'impossible résurrection d'une Justice discréditée . C'était le vendredi 11 octobre à Beït-Salam. ...
Plaidoyer présidentiel pour l'impossible résurrection d'une Justice discréditée.
C'était le vendredi 11 octobre à Beït-Salam. Le chef d'État recevait les magistrats comoriens pour, disait-il, «qu'ensemble, nous nous interrogions sur le fonctionnement de notre Justice». Il était temps. Dans son plaidoyer, le chef de l'État n'a fait que défoncer des portes ouvertes, verser de l'eau dans l'océan pour le remplir, construire des châteaux en Espagne et sucrer les fraises. C'est un discours fait sur tous les travers qui caractérisent la défunte «Justice» comorienne, des travers qui ont fini par discréditer complètement et définitivement la «Justice» d'un État qui s'intéresse aux voleurs de poules et d'ignames, mais se désintéresse des Ahmed Sambi, Charikane Bouchrane, Abiamri Mahmoud, Ahmed Abdallah, Aladine Daroumi et bien d'autres garçons indélicats de la République laxiste. Le chef de l'État a raison quand il déclare: «Notre système judiciaire n'est pas toujours perçu par l'opinion publique comme remplissant parfaitement ses missions. []. Au-delà de ces problèmes, des critiques publiques généralisées et de plus en plus acerbes sont formulées contre les magistrats, non seulement par une large frange de la population, mais aussi par les personnalités officielles, des élus, des leaders politiques et d'opinion, la presse et même par des bailleurs des fonds ainsi que des consultants et experts étrangers».
Ce sont des mots qui arrachent des larmes aux yeux. Mais, ce sont des mots. Pire, ce ne sont que des mots. En réalité, le Président de la République n'a eu de cesse de parler des maux gravissimes de la «Justice», avant même son investiture, le 26 mai 2011. Pourtant, on ne voit pas ce qu'il a fait pour chasser des prétoires tous les mauvais garçons qui ont fait la sinistre réputation de la «Justice» comorienne. Les scandales au sein de l'appareil judiciaire ont succédé aux scandales au sein de l'appareil judiciaire. Il n'y a pas un seul magistrat parmi les corrompus dont le «prix» en cas d'«arrangement entre nous» n'est pas connu. C'est une vraie foire, avec ses «tarifs» et ses «agenciers», les fameux intermédiaires. En même temps, se pose le problème de la formation des magistrats, quand on assiste à la débauche des faux diplômes et au déferlement des magistrats sans formation appropriée.
On est obligé d'écraser une autre larme quand on attend le Président parler de la littérature sous forme de rapports, de lettres, d'actes de dénonciations, et de griefs contre les magistrats, par laquelle est reproché ce que tout le monde sait: «Certes, après examen, certains s'avèrent dépourvus du moindre fondement. Mais, devant certains détails et certaines coïncidences relevées sur d'autres, on ne manque pas d'être intrigué et de se poser la question de savoir s'il ne faut pas leur accorder un certain crédit». Ça, ça fait rire parce que tout le monde sait qui fait quoi aux Comores, et il n'y a pas une seule affaire judiciaire dont les moindres détails ne sont pas connus au fin fond du plus reculé des hameaux de l'arrière-pays. Les Comoriens et les étrangers qui dénoncent les errements de la Justice comorienne n'inventent absolument rien: ils sont le porte-parole d'une majorité silencieuse.
Dans un autre moment d'analyse lucide de la descente aux enfers de la «Justice» du pays, le chef d'État a eu ce mot qui défonce d'autres portes entrouvertes: «Seule une justice crédible sur le plan national comme sur le plan international, servie par des magistrats ayant une compétence technique incontestée et un comportement moral irréprochable, est capable d'assurer la sécurité des personnes et des biens, de protéger les libertés et de favoriser le développement économique pour l'obtention de la confiance des bailleurs de fonds et des investisseurs». D'accord, d'accord. Cependant, la «Justice» comorienne n'a pas une once de crédibilité. Aux Comores et à l'étranger, il ne se trouve personne pour croire en la sincérité et au sérieux de cette «Justice» mafieuse, totalement gangrénée par l'injustice et l'incompétence que tout le monde connaît. La «compétence technique» des magistrats? Une immense utopie dans le cas de certains. Le «comportement moral irréprochable» de ces magistrats? Dans le cas de certaines individualités, c'est une immense fumisterie, une immense bouffonnerie, un immense gâchis n'honorant pas les institutions publiques comoriennes. En un mot, c'est une «Justice» aux abois, une «Justice» à la recherche d'une honorabilité définitivement perdue, une «Justice» ressemblant à une femme de 70 ans qui croit encore en ses chances de tomber enceinte.
Et puis, vint le dernier moment de «vérité», quand le chef de l'État demanda aux magistrats de mener la réflexion sur les méthodes qui vont permettre de réhabiliter une «Justice» qui donne de maux de tête et des nausées même à Jean-Bedel Bokassa dans sa tombe. Le Président accorde aux doux magistrats un mois de réflexion pour dénicher la solution idoine. Il ne fallait pas. La réflexion n'est pas du tout nécessaire; il suffirait tout juste d'appliquer les textes en vigueur pour pouvoir arrêter une mascarade judiciaire qui n'a fait que trop duré. Qui aux Comores est assez naïf pour croire que le sérieux de la «Justice» comorienne pourrait être obtenu au lendemain d'un discours prononcé par le Président de la République?
En la matière, il n'y a que deux situations à envisager: d'une part, l'engagement du chef de l'État de ne pas interférer dans les affaires judiciaires et de ne pas protéger les Grands Voleurs de la République, et d'autre part, l'engagement des magistrats d'appliquer les textes organisant la «Justice» comorienne. Le magistrat, face à des textes d'une limpidité d'eau de roche, n'a pas de réflexion à mener mais, mais d'engagement à prendre pour faire son travail sous peine de sanctions disciplinaires et autres. C'est tout.
On dira tout ce qu'on voudra, mais tant qu'Abiamri Mahmoud, Charikane Bouchrane, Ahmed Sambi et les autres mauvais garçons de la République n'auront pas commencé à purger une lourde peine de prison et n'ont pas commencé à rendre au peuple comorien les milliards de francs comoriens qui lui appartiennent, ce sera dans de la poudre aux yeux. Des actes concrets, voilà ce que veulent les Comoriens. Rien d'autre. Il y a un tel laxisme aux Comores que n'importe quel bandit de grand chemin est convaincu de son impunité absolue aux Comores aujourd'hui. Et, quand on voit que les crimes, économiques et autres, reçoivent l'onction de Beït-Salam, on ne peut qu'être dubitatif face aux simagrées et minauderies des hommes du pouvoir qui veulent se redonner une introuvable virginité politique en essayant vainement de faire croire aux Comores l'incroyable nouvelle de la résurrection d'une «Justice» complètement discréditée du fait de l'incompétence et la corruption certains de ses acteurs.
Par ARM
© www.lemohelien.com - Mercredi 16 octobre 2013.
C'était le vendredi 11 octobre à Beït-Salam. Le chef d'État recevait les magistrats comoriens pour, disait-il, «qu'ensemble, nous nous interrogions sur le fonctionnement de notre Justice». Il était temps. Dans son plaidoyer, le chef de l'État n'a fait que défoncer des portes ouvertes, verser de l'eau dans l'océan pour le remplir, construire des châteaux en Espagne et sucrer les fraises. C'est un discours fait sur tous les travers qui caractérisent la défunte «Justice» comorienne, des travers qui ont fini par discréditer complètement et définitivement la «Justice» d'un État qui s'intéresse aux voleurs de poules et d'ignames, mais se désintéresse des Ahmed Sambi, Charikane Bouchrane, Abiamri Mahmoud, Ahmed Abdallah, Aladine Daroumi et bien d'autres garçons indélicats de la République laxiste. Le chef de l'État a raison quand il déclare: «Notre système judiciaire n'est pas toujours perçu par l'opinion publique comme remplissant parfaitement ses missions. []. Au-delà de ces problèmes, des critiques publiques généralisées et de plus en plus acerbes sont formulées contre les magistrats, non seulement par une large frange de la population, mais aussi par les personnalités officielles, des élus, des leaders politiques et d'opinion, la presse et même par des bailleurs des fonds ainsi que des consultants et experts étrangers».
Ce sont des mots qui arrachent des larmes aux yeux. Mais, ce sont des mots. Pire, ce ne sont que des mots. En réalité, le Président de la République n'a eu de cesse de parler des maux gravissimes de la «Justice», avant même son investiture, le 26 mai 2011. Pourtant, on ne voit pas ce qu'il a fait pour chasser des prétoires tous les mauvais garçons qui ont fait la sinistre réputation de la «Justice» comorienne. Les scandales au sein de l'appareil judiciaire ont succédé aux scandales au sein de l'appareil judiciaire. Il n'y a pas un seul magistrat parmi les corrompus dont le «prix» en cas d'«arrangement entre nous» n'est pas connu. C'est une vraie foire, avec ses «tarifs» et ses «agenciers», les fameux intermédiaires. En même temps, se pose le problème de la formation des magistrats, quand on assiste à la débauche des faux diplômes et au déferlement des magistrats sans formation appropriée.
On est obligé d'écraser une autre larme quand on attend le Président parler de la littérature sous forme de rapports, de lettres, d'actes de dénonciations, et de griefs contre les magistrats, par laquelle est reproché ce que tout le monde sait: «Certes, après examen, certains s'avèrent dépourvus du moindre fondement. Mais, devant certains détails et certaines coïncidences relevées sur d'autres, on ne manque pas d'être intrigué et de se poser la question de savoir s'il ne faut pas leur accorder un certain crédit». Ça, ça fait rire parce que tout le monde sait qui fait quoi aux Comores, et il n'y a pas une seule affaire judiciaire dont les moindres détails ne sont pas connus au fin fond du plus reculé des hameaux de l'arrière-pays. Les Comoriens et les étrangers qui dénoncent les errements de la Justice comorienne n'inventent absolument rien: ils sont le porte-parole d'une majorité silencieuse.
Dans un autre moment d'analyse lucide de la descente aux enfers de la «Justice» du pays, le chef d'État a eu ce mot qui défonce d'autres portes entrouvertes: «Seule une justice crédible sur le plan national comme sur le plan international, servie par des magistrats ayant une compétence technique incontestée et un comportement moral irréprochable, est capable d'assurer la sécurité des personnes et des biens, de protéger les libertés et de favoriser le développement économique pour l'obtention de la confiance des bailleurs de fonds et des investisseurs». D'accord, d'accord. Cependant, la «Justice» comorienne n'a pas une once de crédibilité. Aux Comores et à l'étranger, il ne se trouve personne pour croire en la sincérité et au sérieux de cette «Justice» mafieuse, totalement gangrénée par l'injustice et l'incompétence que tout le monde connaît. La «compétence technique» des magistrats? Une immense utopie dans le cas de certains. Le «comportement moral irréprochable» de ces magistrats? Dans le cas de certaines individualités, c'est une immense fumisterie, une immense bouffonnerie, un immense gâchis n'honorant pas les institutions publiques comoriennes. En un mot, c'est une «Justice» aux abois, une «Justice» à la recherche d'une honorabilité définitivement perdue, une «Justice» ressemblant à une femme de 70 ans qui croit encore en ses chances de tomber enceinte.
Et puis, vint le dernier moment de «vérité», quand le chef de l'État demanda aux magistrats de mener la réflexion sur les méthodes qui vont permettre de réhabiliter une «Justice» qui donne de maux de tête et des nausées même à Jean-Bedel Bokassa dans sa tombe. Le Président accorde aux doux magistrats un mois de réflexion pour dénicher la solution idoine. Il ne fallait pas. La réflexion n'est pas du tout nécessaire; il suffirait tout juste d'appliquer les textes en vigueur pour pouvoir arrêter une mascarade judiciaire qui n'a fait que trop duré. Qui aux Comores est assez naïf pour croire que le sérieux de la «Justice» comorienne pourrait être obtenu au lendemain d'un discours prononcé par le Président de la République?
En la matière, il n'y a que deux situations à envisager: d'une part, l'engagement du chef de l'État de ne pas interférer dans les affaires judiciaires et de ne pas protéger les Grands Voleurs de la République, et d'autre part, l'engagement des magistrats d'appliquer les textes organisant la «Justice» comorienne. Le magistrat, face à des textes d'une limpidité d'eau de roche, n'a pas de réflexion à mener mais, mais d'engagement à prendre pour faire son travail sous peine de sanctions disciplinaires et autres. C'est tout.
On dira tout ce qu'on voudra, mais tant qu'Abiamri Mahmoud, Charikane Bouchrane, Ahmed Sambi et les autres mauvais garçons de la République n'auront pas commencé à purger une lourde peine de prison et n'ont pas commencé à rendre au peuple comorien les milliards de francs comoriens qui lui appartiennent, ce sera dans de la poudre aux yeux. Des actes concrets, voilà ce que veulent les Comoriens. Rien d'autre. Il y a un tel laxisme aux Comores que n'importe quel bandit de grand chemin est convaincu de son impunité absolue aux Comores aujourd'hui. Et, quand on voit que les crimes, économiques et autres, reçoivent l'onction de Beït-Salam, on ne peut qu'être dubitatif face aux simagrées et minauderies des hommes du pouvoir qui veulent se redonner une introuvable virginité politique en essayant vainement de faire croire aux Comores l'incroyable nouvelle de la résurrection d'une «Justice» complètement discréditée du fait de l'incompétence et la corruption certains de ses acteurs.
Par ARM
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