Quoiqu’ on dise sur le a nda ou grand mariage comorien, cela reste un phénomène social et culturel exceptionnel qui mérite d’être cla...
Quoiqu’ on dise sur le anda ou grand mariage comorien, cela reste un phénomène social et culturel exceptionnel qui mérite d’être classé dans le patrimoine de l’UNESCO. Cet album photo est un modeste témoignage de ce qui constitue l’élément central de la culture comorienne. Loin d’en faire la promotion, à travers cette exhibition j’espère apporter quelques éléments de réflexion sur cet événement unique, étudié par d’éminents anthropologues tels que Damir Ben Ali ou Sophie Blanchy .
Tout comorien a sa propre opinion sur le anda, opinion basée sur des faits réels et vécus. Toutefois une telle manifestation populaire et si profondément ancrée dans une société quelle qu’elle soit, mérite une analyse bien plus judicieuse que ce que nous avons l’habitude d’entendre.
Cela fait un certain nombre d’années que je parcours en tant qu’activiste, éducateur, observateur et « documentaliste » des arts et cultures issus des sociétés musulmanes et je reste toujours impressionné des trésors culturels de notre humanité. Les îles Comores, ne valent pas un pesant d’or dans la conjoncture économique mondiale actuelle mais ce dont je suis persuadé, c’est que l’archipel a beaucoup à offrir dans le domaine culturel.
A ceux qui souhaitent la suppression totale du anda, il faut savoir que les cultures sont des processus historiques qui évoluent dans le temps selon un contexte social, politique et économique. Les impacts désastreux du grand mariage, surtout dans le cadre familial, ne doivent toutefois pas nous aveuglersur les apports positifs de ce phénomène tels que l’entraide et la mobilisation populaire dans un pays bien longtemps abandonné et pillé par les gouvernements successifs depuis des décennies.
Tant que la situation politique et économique actuelle des îles Comores persistent, le anda a de beaux jours devant lui car comme le souligne Sultan Chouzour dans le pouvoir de l’honneur, la force du anda c’est sa dimension symbolique, c’est un phénomène de résistance face à l’oppresseur .Dépossédés et humiliés par les colons français depuis le 19ème siècle, le anda« devint tout naturellement l’espace privilégié ou s’opéra le transfert »du pouvoir perdu.
Rien n’a changé depuis. Plus de colons gaulois certes, mais l’oppression est toujours présente. Le anda aussi.
Kamal Ahamada- Danemark