L'Union africaine (UA) a décidé que le président kényan Uhuru Kenyatta ne devrait pas se rendre devant la Cour pénale internationale (...
L'Union africaine (UA) a décidé que le président kényan Uhuru Kenyatta ne devrait pas se rendre devant la Cour pénale internationale (CPI), où son procès doit s'ouvrir le 12 novembre, tant qu'une requête d'ajournement formulée par l'UA n'a pas reçu de réponse, a annoncé samedi le chef de la diplomatie éthiopienne.
«Ce dirigeant élu devrait gouverner son pays», a déclaré à la presse le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Tedros Adhanom Gebreyesus, «ce que le Sommet (de l'UA) a décidé c'est que le président Kenyatta ne devrait pas comparaître tant que nos requêtes n'ont pas reçu de réponse».
Un Sommet extraordinaire de l'UA, réuni samedi à Addis Abeba pour examiner les liens entre l'organisation panafricaine et la CPI, a décidé de demander au Conseil de sécurité de l'ONU de décider - comme le lui permet le Statut de Rome, fondateur de la CPI - un ajournement des poursuites en cours à La Haye contre les dirigeants en exercice.
L'examen des liens entre l'UA et la CPI avait été réclamé par le Kenya, dont le président Uhuru Kenyatta et le vice-président William Ruto, élus en mars dernier, sont poursuivis depuis 2011 pour crimes contre l'humanité par la Cour de La Haye.
«Un groupe de contact (...) va entreprendre des consultations avec les membres du Conseil de sécurité de l'ONU (...) afin de discuter de toutes les préoccupations de l'UA concernant ses relations avec la CPI, notamment l'ajournement des affaires kényanes et soudanaise», a déclaré en fermant le Sommet le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, président en exercice de l'organisation.
Outre les poursuites contre les deux têtes de l'exécutif kényan, M. Hailemariam faisait référence au mandat d'arrêt émis contre le président soudanais, objet depuis 2009 d'un mandat d'arrêt de la CPI, pour des crimes contre l'humanité, crimes de guerre et génocide au Darfour (ouest du Soudan).
Le Sommet a également décidé «qu'aucune accusation ne saurait être lancée ou maintenue devant un quelconque tribunal international contre un chef d'Etat en exercice», a poursuivi M. Hailemariam.
L'article 27 du Statut de Rome prévoit pourtant expressément qu'aucune «qualité officielle» - notamment celle de chef d'Etat - ou immunité ne peuvent être opposées à la Cour et l'UA envisage de demander des amendements au Traité instituant la CPI.
«Nous allons voir si nous pouvons amender le Statut de Rome, afin régler les questions problématiques (...) une des choses qui nous inquiètent c'est l'article 27», a expliqué à la presse à l'issue du Sommet la présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma. AFP