Il faut juste rappeler qu’Azali avait combattu Max Vieillard en 1992. À cette époque, il n’est pas encore chef d’état major, il est Chef ...
Il faut juste rappeler qu’Azali avait combattu Max Vieillard en 1992. À cette époque, il n’est pas encore chef d’état major, il est Chef de Bataillon (en succédant à Louis Marano). En bon stratège, il crée la Force comorienne de défense (FCD) née de la fusion entre les FAC et la redoutable Garde présidentielle (GP). Car la constitution de l’armée en plusieurs corps distincts constituait une menace pour le pays.
En 1993, il a combattu la rébellion de Combo et des fils Abdallah qui ont tenté de déstabiliser le pays. Il sera mis à l’écart par Mohamed Taki en 1996 pour avoir mené cette résistance contre les rebelles soutenus par lui entre autres. C’est qu’en 1998 que le même qui l’avait écarté et suite à la défaite du débarquement militaire à Anjouan fera appel à lui pour succéder au colonel Moilim Djoussouf comme chef d’état major de l’Armée Nationale et de développement.
En octobre 1995, les affreux de Bob Denard ont envahi de nouveau le pays avec la complicité du lieutenant Combo et des fils Abdallah avec bien d’autres hommes politiques qui se déclareront par la suite président. Le récit sera sombre.
Le camp de Kandani est tombé. Le président Djohar pris en otage. La radio Comores prise d’assaut. Moroni en état de siège. Seule la section de Itzoundzou échappe au contrôle des mercenaires ... Voidjou ne disposait pas d’armes lourdes, juste une école dirigée par le General Salimou et quelques élèves militaires ..... Azali Assoumani (qui n’était pas chef d’état major contrairement à ce que l’on dit) et Soilihi Campagnard se rendent avec quelques hommes à la Gendarmerie. Là, l’inventaire de munitions disponibles sape leur morale.
Les hommes de Dominique Malacrino, de Bob Denard, se mettent à abattre les quelques militaires qui résistaient. Un conseiller du président Djohar reçoit une balle dans la tête. C’est la scène de panique à Moroni. Les stratèges militaires se mobilisent.
Comment désarmer un ennemi, puissant, redoutable, sans loi, sans pitié qui est capable de tirer à tout va avec peu des munitions, peu des moyens pour distribuer aux troupes chaque jour, et assurer que leur solde soit payée à temps avec la plus rigoureuse exactitude ? Conditions selon Sun Tzu pour que l’ardeur des soldats ne se ralentisse, leur courage et leurs forces ne s’évanouissent, et les provisions ne se consument ?
Il faut faire une riposte éclaire, pense le stratège militaire Azali Assoumani car : « Jamais guerre prolongée ne profite à aucun pays ». Tout doit être mis en œuvre pour obtenir la victoire rapide : aménager tout un dispositif militaire, renseignements, manœuvres, ruses. Car écrit Clausewitz, la victoire à tout prix est le but ultime de la guerre.
En terme militaire, c’est une guerre totale. Son efficacité demande que la morale des troupes soient solide comme fer, leur conviction grande, leur détermination sans faille.
Cet objectif ne peut pas être atteint qu’en désarmant l’ennemi. Les stratèges décrivent donc plusieurs manœuvres: Il faut mobiliser le peuple, raffiner les choix des stratégiques, et déployer l’expertise politique.
En cas d’incapacité à désarmer l’adversaire et à le soumettre à notre volonté par une bataille directe, il faut le placer dans une situation telle qu’il en soit menacé par une bataille indirecte.
En sondant l’ennemi, en mesurant l'effort de sa force de résistance, l'ampleur des moyens dont il dispose et sa force de volonté, un chef militaire (comme Azali) d’un pays envahi et dépourvu des moyens, peut soit compter sur le soulèvement du peuple et de sa violence, user l’intelligence du politique ou son calcul stratégique. Le premier choix est dans l’évidence écarté car la mémoire du Biafra, du Congo hante l’esprit d’Azali.
C’est un choix périlleux. Le deuxième est perdu d’avance. L’ennemi est en intelligence avec des politiques locaux. Il en reste donc, la troisième tactique, le calcul du chef militaire : « soumettre l’ennemi sans combattre » (Sun Tzu, L’art de la guerre) pour atteindre « le but ultime de la guerre qui est de contraindre l'adversaire à exécuter notre volonté » (Clausewitz, De La guerre).
De cette présentation théorique en se référant aux grands stratèges de Défense Sun Tzu et Carl Von Clausewitz, on peut comprendre que la stratégie d’Azali Assoumani sous l’autorité du Directeur de Cabinet chargé de la Défense Monsieur Oukacha et du premier ministre Caabi Elyachourtu était de réduire au maximum possible les capacités de nuisance de l’ennemi et donc de gagner la victoire sans combattre. En prenant un temps de latence, en faisant appel à l’Ambassade de France à un renfort extérieur soit-il ambigu, l’ennemi a été contraint d'agir selon notre volonté. Ce pari a été gagné, car avec cette stratégie, le pays est sauvé des affres et du chaos du cas Biafra, du Congo et bien d’autres pays...
Par Msa Ali Djamal