Je suis tombé comme par hasard sur une émission où l'invité était le vice-président en charge de l'aménagement et de l'u...
Je
suis tombé comme par hasard sur une émission où l'invité était le
vice-président en charge de l'aménagement et de l'urbanisme. Deux idées
me viennent tout de suite à l'esprit. La première concerne le
fonctionnement de l'ORTC qui se moque des citoyens.
Cette chaîne n'a ni
couvert la conférence de presse de Sambi ni donné la parole à celui-ci,
par contre elle permet à des gens de répondre à quelqu'un dont
théoriquement les spectateurs ignorent les déclarations. Ce déséquilibre
n'est pas tolérable dans une démocratie, et je crois savoir que juste
avant Nourdine Bourhane, c'est
Mamadou qui était monté au créneau pour réagir... par rapport à quoi?
Alors ces deux messieurs seraient déjà crédibles s'ils pouvaient éviter
de tomber dans le piège du monopole d'un organe d'information d'Etat,
car il y a clairement là une volonté de désinformation puisque les
conditions d'une information objective sont faussées.
La deuxième idée qui me vient à l'esprit : " Enfin, ils sortent de
leurs gongs pour s'expliquer, non pas s'expliquer, mais juste pour
essayer de dire quelque chose. C'est quoi qu'il en soit une bonne chose,
car souvenez-vous de la multitude des affaires qui sortent, ces
deux-là, n'ont jamais pris la peine d'éclairer l'opinion publique,
opposant une sorte d'indifférence ou de mépris à un besoin légitime de
connaître la vérité. Voilà que suite à la sortie médiatique de Sambi,
ils se mettent à parler. On peut dire Bravo à Sambi, car son
intervention fait bouger les choses.
Sur le fond de l'intervention de Nourdine, il y a quelque chose de
pathétique. Je pense que l'on ne peut réduire la position de Sambi comme
le fruit d'une erreur de jugement de ce dernier due à une mauvaise
influence des "sambistes" comme il les appelle, déçus pour n'avoir pas
été reconduits aux affaires. Je ne me reconnais pas dans cette posture,
et tant d'autres d'ailleurs que je connais. Si le vice-président
s'enferre dans cette analyse, c'est qu'il y a chez lui un réel problème
de la conception de la démocratie et du fonctionnement démocratique d'un
pays. Je n'ai pas droit à la parole à l'ORTC, mais je peux parler ici.
Et pour la énième fois, je lui demande de ne pas réduire le problème
posé à un simple problème de rivalités politiques entre sambistes et ne
pas employer le mot "téléguider".
Je souhaite que notre vice-président fasse honneur à la démocratie,
en se rappelant comme tout un chacun, que leur équipe est liée à la
majorité qui l'a élue par un contrat politique: la continuité ! J'ai eu
l'occasion de suivre leur équipe dans certains meetings, et en aucun
moment, je n’ai entendu aucun des trois dire autre chose que leur
engagement à venir poursuivre l'œuvre de Sambi. Je n'ai pas senti, en
aucune façon le moindre signe de velléité d'émancipation du sambisme
dont on arbore fièrement aujourd'hui. Comme citoyen, on ne peut pas
accepter qu'on trahisse, marginalise la volonté du peuple. Et
l'explication selon laquelle il n'est pas acceptable que Sambi cherche à
téléguider IKi, qui va jusqu'à dire que ce dernier ne vit pas bien
l'absence du pouvoir est inexacte et insultante.
Inexacte pourquoi? Car en démocratie, on a peut-être droit à une
stylisation du pouvoir, mais cela ne peut se confondre avec le reniement
du pacte politique, en terme terre à terre Iki doit suivre la politique
qu'il a négociée avec son électorat; lui demander de respecter le
contrat politique dans la mesure du possible, qu'il n'avait jamais songé
à dénoncer auparavant, ce n'est pas le téléguider. Si Nourdine Bourhane
pense qu'on peut changer les règles en cours de route, pour éviter les
critiques actuelles et d'être accusé de détournement du suffrage
universel, qu'il sache qu'une nouvelle légitimité est indispensable. Et
je crois que les législatives, faute de pouvoir organiser de nouvelles
élections compte tenu de la complexité de notre constitution avec le
système de la tournante, doivent constituer une occasion pour démontrer
aux sambistes que ce sont eux qui ont la légitimité. Car quel est le
problème qui se pose actuellement?
Nous avons un exécutif affaibli, sur le point de s'effondrer en total
décalage avec sa base. On le voit bien avec le parti présidentiel
mort-né, qui peine à convaincre malgré les moyens de l'Etat. Et la
question que honnêtement ces messieurs du pouvoir doivent se poser est:
qui représentent-ils dans le pays? Il faut qu'ils se rendent compte de
la crise de légitimité démocratique qui se fait jour aux Comores.
On ne peut diriger un pays contre son peuple. Au lieu de faire du
chagrin ou de dire que l'on va se défendre, de quelle manière
d'ailleurs? Le gouvernement actuel a intérêt à aller se frotter au
suffrage universel à l'occasion de ces législatives. Les petits calculs
politiques auxquels il se livre maintenant risque d'assécher
complètement une respiration démocratique en panne.
Insultante pourquoi? Car je pense que c'est à l'honneur de Sambi de
ne pas se laisser enfermer dans un faux confort douillet pendant que
toute la classe politique comorienne patauge dans un
conformisme rétrograde qui ignore les principes démocratiques, qui
trahit la volonté du peuple. Je crois tout simplement que Sambi est un
homme politique qui se distingue des autres par sa fibre démocratique et
patriotique. C'est plutôt une qualité rare chez nous et d'ailleurs la
population sait bien le lui rendre. L'analyse psychanalytique qu'on lui
fait sur le mal vivre de l'absence du pouvoir me parait osée... C'est
quelqu'un qui ne sait pas tricher; il a vendu un produit aux comoriens, et il ne tolère pas comme nous tous qu'on nous sorte autre chose de l'emballage.
Mamadou feint de prendre la décision de rupture de Sambi comme un
coup de tonnerre et affecte un faux chagrin. Et pourtant pour nous,
Sambi fait œuvre de clarification politique.
Cela me paraît logique, car
il fallait arrêter avec cette schizophrénie de ces autorités qui se
disent dans la continuité alors que leurs déclarations, les actes et les
réflexes au quotidien sont tout le contraire de ce que nous attendions
de la continuité. Soit ces messieurs qui ont applaudi Sambi étaient
sincères, mais n'ont rien compris aux objectifs de la continuité, auquel
cas, ils doivent prêter une oreille attentive à leurs électeurs. Mais
ce n'est visiblement le cas. Soit ils ont abusé de la crédulité des
électeurs pour accéder au pouvoir par le peuple pour les intérêts
particuliers inavouables. Quand Nourdine Bourhane réduit la continuité à
la construction des routes ou la régularité des paies, je tombe des
nues.
Et c'est inquiétant! Il prend les comoriens comme
des imbéciles. Qui ne sait pas qu'un projet comme celui de la
construction des routes, même dans les pays qui ont les moyens,
nécessite pour sa réalisation au moins une période de quatre ans. D'où
vient cette obsession à vouloir s'attribuer la paternité de ces projets?
Nous ne sommes pas dupes. La régularité des paies, présentée comme un
acquis phare du régime, démontre la vision étriquée en matière de
stratégie de développement socio-économique de ce régime. Il ne faut pas
chercher à mystifier les comoriens.
Ces éléments d'analyse montrent que le régime actuel s'enferme dans
une gestion politique des choses au lieu d'une vision d'ensemble qui
permettrait au pays de décoller sur le plan social et économique. Cette
gestion épicière et politique des choses, est si besoin est un exemple
de mise à mal de la continuité. Les exemples de trahison de la
continuité sont légion, et les comoriens en sont convaincus. Ne réduisez pas le débat à des choses insignifiantes. Les comoriens
se sentent floués, et j'ai déjà eu l'occasion de vous le dire, en tant
que simple citoyen. Assumez cela et défendez-vous comme vous le dites,
mais par des moyens démocratiques; il en va de la paix civile et de la
stabilité de notre pays. Votre conception du pouvoir ne doit pas être
anachronique, évitez tout recul de la démocratie.
Ce n'est pas ce nous attendons de vous. Rien que de côté-là, vous
devez admettre la rupture avec la continuité qui devrait être aussi
celle de la consolidation des acquis démocratiques. Ai-je besoin de vous
rappeler que la souveraineté populaire qui s'est exercé à l'occasion de
l'élection de Sambi en 2006, c'est celle-là même qui a sauvé votre
élection en 2010, face aux manœuvres d'invalidation de cette dernière
entreprises par les amis de Boléro? Alors quand vous parlez du désir
d'émancipation, j'ai besoin de comprendre qu'est-ce que ce désir
d'émancipation qui vous fait trouver de bon goût votre ennemi d'hier?
Non, Nourdine Bourhane, vous avez trahi la continuité... Pour quel mobile, c'est ce que l'avenir dira avec certitude.
Ahmed BourhaneL'Équipe Merci Sambi