Le Procureur général Soilihi Mahmoud prend au sérieux Ahmed Sambi. Le ban et l'arrière-ban de la classe politique comorienne ont ...
Le Procureur général Soilihi Mahmoud prend au sérieux Ahmed Sambi.
Le ban et l'arrière-ban de la classe politique comorienne ont festoyé à Fomboni, Mohéli, où le bon Procureur Soilihi célébrait dans la plus grande pompe son «Kombé», son Grand Mariage, et désormais le grand homme peut penser à ses obligations professionnelles.
Il pouvait rester faire la fête encore pendant deux à trois semaines de plus, mais voilà, il fallait qu'il se prononce sur les menaces d'assassinat dont Ahmed Sambi dit être l'objet, lors de sa déclaration de Mutsamudu le 18 août 2013: «Un bruit court qu'un tueur à gages serait engagé pour m'éliminer» et «je dis à mes proches que s'il arrive qu'on m'assassine, je ne pardonnerais pas à ceux qui croiseront les bras. Il faut que les coupables de ma mort toute fraîche me suivent dans la tombe». Tels ont été les mots dénués de toute ambiguïté sortis de la bouche de l'ex-Président, devant des milliers de témoins, puisque la vidéo de sa prestation médiatique a bien circulé, soulevant le doute, le scepticisme, l'indignation et la consternation.
Après avoir fini les festins, ripailles et pique-niques avec le ban et l'arrière ban de la classe politique à Mohéli, le Procureur général Soilihi Mahmoud peut enfin se rendre compte que les accusations d'Ahmed Sambi constituent une «affaire très grave». Et comment peut-on ne pas parler d'«affaire très grave» quand un homme, de surcroît, un ancien chef de l'État, dit en public que son successeur et ancien Vice-président et non moins actuel Président a engagé un assassin pour lui faire passer l'arme à gauche, et qu'avant que son corps n'ait eu le temps d'avoir sa rigidité cadavérique, il faut que les sambistes assassinent Ikililou Dhoinine. Une «affaire très grave». Tu parles C'est de la bombe thermonucléaire couplée à une citerne mobile de nitroglycérine.
Alors que les effluves de la bonne viande bovine mohélienne chatouillent encore ses narines, le Procureur Soilihi Mahmoud a quand même pris son temps, plus d'une semaine, avant de lancer à l'attention des impressionnables et des donneurs de Dieu sans confession, ces pauvres crédules qui prennent tout au sérieux: «J'ai demandé au Procureur de la République d'ouvrir une enquête afin de connaître la vérité sur cette histoire». Ce n'est pas une «histoire», mais une affaire, et elle est gravissime. Comment ne pas avoir la larme à l'il quand on entend le Procureur, toute honte bue, sans même l'ébauche d'un sourire et sans ciller, monter sur ses grands chevaux en disant avec un sens très prononcé de la dramatisation: «Sachez que la criminalité est encore répandue dans ce pays». Soilihi Mahmoud, quand vas-tu cesser de nous prendre pour des fadas? Comment veux-tu que la criminalité ne soit pas répandue aux Comores alors que toi et des gens comme toi avez tué tout ce qui ressemble à la Justice dans ce beau pays? Je t'accuse personnellement de t'être prodigieusement enrichi sur le dos de gens sur qui tu prélèves une dîme pour rendre en leur faveur une Justice qui n'en est pas une.
Comment un Procureur général corrompu de «classe mondiale» de la catégorie de Soilihi Mahmoud peut-il encore pouvoir lever les yeux et parler aux Comoriens de «la criminalité encore répandue dans ce pays», alors qu'il fait partie des criminels, un criminel en robe rouge, une robe rougie du sang de ses victimes? Mais, ne nous trompons pas: le ban et l'arrière-ban de la classe politique pourront toujours le blanchir de ses turpitudes en allant ripailler avec lui à Mohéli, en égorgeant buf après buf. Mais, cela ne rendra jamais à sa robe rouge de magistrat une couleur blanche. Une bande de criminels s'associant aux turpitudes d'un criminel lui demande de poursuivre sa folle course judiciaire dans la mauvaise voie. Ça coûte très cher un «Kombé». Qu'on se le dise.
Et puis, voila le parangon sans peur, ni reproche de la Justice comorienne lancé dans son homélie papale pour pontifier davantage: «Ce n'est pas une seule personne qui est menacée. Tout le monde est menacé. On doit arrêter avec ce genre d'intimidation». Ah bon? Dans cette affaire qui sent le soufre et la poudre d'une balle de pistolet, qui intimide qui? Et puis, quel est ce pays où le Procureur général prend le temps de festoyer avant de s'inquiéter sur des accusations de menaces d'assassinat et d'un appel à l'assassinat d'un chef d'État? Dans un pays judiciairement civilisé et développé, l'ouverture de l'enquête n'aurait pas attendu un siècle après la déclaration d'Ahmed Sambi, car le même jour, dimanche 18 août 2013, l'ancien Président aurait été entendu par les autorités compétentes pour qu'il s'explique sur cette triste affaire. Le même jour et non une semaine plus tard. Si au moins on cessait de prendre les Comoriens pour des moutons qu'on conduit à l'abattoir
Quand Soilihi Mahmoud jure qu'il ne va pas croiser les bras, il ressemble à un militaire muni d'une arme de précision et qui rate un éléphant à 3 mètres dans un couloir et qui promet d'abattre un moineau volant à 100 mètres. Il rate Abiamri Mahmoud, dont on il a en main tous les éléments accusateurs et compromettants, y compris un chèque de 1,5 milliard de francs comoriens encaissé par son frère, le fameux «Smoking gun» cher aux États-Uniens, «le pistolet qui fume encore», la preuve absolue, et il prétend qu'il va arrêter un assassin non identifié car sans visage. Il est vrai que les Comoriens constituent un peuple gentil, mais des fois, les dirigeants gagneraient à ne pas pousser le bouchon trop loin. Par Dieu, le Créateur de l'Univers et de tout ce qui s'y trouve, ce Dieu que nous adorons, où le Procureur général Soilihi Mahmoud va-t-il chercher l'homme qui est chargé d'assassiner Ahmed Sambi? Où est cet homme et comment s'appelle-t-il? Quel est le montant de son «contrat»?
Par gentillesse républicaine, je donne un conseil à Soilihi Mahmoud. Ahmed Sambi n'a organisé sa prestation oratoire du 18 août 2013 que pour s'en prendre à un seul homme, et ce dernier a un nom: Ikililou Dhoinine. Entre les lignes, c'est lui qu'Ahmed Sambi accuse de vouloir le faire assassiner. Que le Procureur Général Soilihi Mahmoud aille l'interroger et qu'il fasse une confrontation judiciaire et non politique entre les deux hommes et qu'il laisse en paix les Comoriens. Cela vaudra mieux pour tout le monde.
Par ARM
© www.lemohelien.com Mardi 27 août 2013.
