Honorables Invités, Je voudrais tout d’abord, au nom du Cabinet du Chef de l’Etat, du Département de la Défense, de l’Etat-major de ...
Honorables Invités,
Je voudrais tout d’abord, au nom du Cabinet du Chef de
l’Etat, du Département de la Défense, de l’Etat-major de l’Armée
Nationale de Développement et à mon nom propre, vous souhaiter tous la
bienvenue au Siège Central de la Gendarmerie Nationale de la République
de l’Union des Comores.
Que vous ayez tous répondu à notre invitation est une
preuve que nous avons compris que la sécurité des citoyens et de leurs
biens est une préoccupation nationale et non l’affaire des seuls
professionnels du métier.
En effet, ce concept citoyen et républicain trouve tout
son sens lorsque les citoyens apportent leur soutien à la force publique
grâce à laquelle ils peuvent vaquer paisiblement à leurs occupations.
Madame, Messieurs,
Nous sommes ici aujourd’hui pour la prise du
commandement du corps de l’Armée, un des plus importants et
indispensables dans l’ordonnancement militaire de notre pays, il s’agit
de la Gendarmerie Nationale.
Avant de m’adresser directement au tout nouveau
Commandant de la gendarmerie, permettez-moi de profiter de cette
opportunité pour vous rafraîchir la mémoire sur le rôle oh combien
exaltant de ce corps qui, dans notre pays, a aussi son histoire
particulière.
La gendarmerie nationale est le premier responsable de
notre sécurité au quotidien. Elle assure donc logiquement la sécurité
des personnes et de leurs biens.
Elle assure aussi la surveillance de l’essentiel du réseau des routes.
Investie de cette responsabilité, son rôle est
d’employer toutes les prérogatives que la loi lui confère et tous les
moyens dont elle dispose pour faire baisser le chiffre des accidents,
des personnes tuées et blessées.
C’est ainsi que le Gouvernement de la République exhorte
la gendarmerie à systématiser les contrôles effectués par les unités
territoriales et spécialisées dans l’objectif de dissuader les mauvais
comportements, sinon de les déceler et de les sanctionner afin de
protéger les autres usagers.
Ces contrôles doivent souvent être orientés dans les
domaines qui suscitent le plus de pertes humaines : infractions graves,
usagers vulnérables, situations à risque... Mais ils doivent aussi
être conformes aux us et coutumes de notre pays et des conventions
internationales ratifiées par notre pays.
Honorables Invités,
La gendarmerie comme auxiliaire de justice, remplit
aussi les premières missions de police judiciaire. Celles-ci consistent,
comme en médecine lorsqu’on parle des premiers soins aux patients en
urgence, de préparer le dossier du plaignant comme celui de la défense
pour le parquet, dans le respect de la procédure légale.
En effet, face à la délinquance qui évolue dans sa
forme, dans ses lieux d’application et en prenant en compte les
évolutions typologiques de ses auteurs pour parler un langage des
criminologues, la gendarmerie nationale, tout en participant activement
aux démarches partenariales avec les autres acteurs de la sécurité, va
devoir entreprendre aujourd’hui de faire évoluer son dispositif et ses
modes d’action :
En adaptant le maillage territorial et les effectifs aux évolutions démographiques et socio-économiques du pays ;
En
développant un nouveau concept de proximité permettant de tirer le
meilleur parti des avantages liés à la répartition des effectifs dans
les brigades implantées sur l’ensemble du territoire, tout en les
renforçant et en limitant les inconvénients liés à cette dispersion.
En
s’impliquant avec l’ensemble des services répressifs répartis dans les
îles et chargés de lutter contre les filières organisées comme celle de
l’économie souterraine illégale.
En
renforçant les capacités d’investigation des enquêteurs par
l’élargissement du réseau des unités de recherches, la dotation de
moyens modernes de polices technique et scientifique ainsi que l’analyse
criminelle.
C’est d’ailleurs dans cette optique et pour renforcer
cette partie de police judiciaire et suivant les instructions du Chef de
l’Etat, Docteur Ikililou Dhoinine, que vont partir sous peu, des
gendarmes et policiers pour l’extérieur afin d’être préparés aux
méthodes scientifiques de recherche de crimes et de leurs auteurs.
Le département de la défense et le Ministère de
l’Intérieur sont en phase de finalisation la liste de ceux qui sont
choisis pour rehausser la fonction judiciaire de la gendarmerie. Mais
d’ores et déjà, six gendarmes et policiers achèvent leur stage de
formation pour la conduite des chiens policiers et regagneront le pays
dans quelques semaines.
Dans ce cadre, la gendarmerie plus exactement le service
chargé effectivement de l’enquête doit désormais être en mesure
d’informer, d’aviser le plaignant de la transmission de la procédure au
parquet, d’informer le plaignant du suivi de l’enquête, de recevoir la
plainte même si l’unité n’est pas territorialement compétente,
d’informer la victime sur ses droits à réparation, d’informer le
plaignant sur les associations d’aide aux victimes agrées par les
services publics, je fais allusion ici au diverses associations et
Organisation Non Gouvernementales qui soutiennent les victimes de
violences conjugales et aux enfants en maltraitance. Bref, j’appelle à
la modernisation de ce corps essentiel pour le bien de la population.
Et enfin, une partie du corps de la gendarmerie appelée
communément gendarmerie mobile assure le maintien de l’ordre sous
l’autorité du Ministère de l’Intérieur épaulé par le Département de la
défense.
Force essentiellement destinée à assurer en toutes
circonstances le maintien ou le rétablissement de l’ordre, la
gendarmerie mobile participe aux côtés de la gendarmerie départementale à
la sécurité publique générale.
Cette mission qui commence de plus en plus à devenir dangereuse doit nous interpeller tous car il y va de la sécurité publique.
Contrairement aux idées préconçues, la gendarmerie
mobile n’est pas l’ennemi des citoyens. Elle est l’adversaire de la
délinquance et du désordre. Elle a la lourde responsabilité de faire
respecter les libertés publiques contre les abus de cette même liberté.
Sa mission est d’autant plus délicate que dès lors qu’elle échappe au
contrôle des citoyens, les bavures se multiplient et sont lésion.
Nous demandons solennellement à ce que les Autorités
régionales, les pouvoirs locaux, chacun en ce qui lui concerne,
travaillent en bonne intelligence avec les forces de la gendarmerie pour
éviter à la population de telles souffrances.
Quant à la population, elle doit coopérer avec la
gendarmerie mobile afin de lui permettre de traquer les délinquants, les
présenter au parquet pour les sanctions prévues par les élus du peuple
qui ont adopté la législation qui y correspond.
Pour me résumer, en tant que police administrative, la
gendarmerie a pour mission principale la sécurité publique. Elle assume
cette responsabilité sur tout le territoire. Cette activité recouvre des
domaines très vastes : Il s’agit du renseignement et police de la
route. Elle comporte la surveillance des réseaux, l’action éducative et
préventive, l’aide aux usagers en difficulté, la répression des
infractions, notamment les plus dangereuses, l’intervention sur les
accidents ayant causé des dommages corporels.
Officiers, Sous-officiers et Hommes du rang, contrairement à ce que
certains croient, votre rôle dans les efforts communs de consolidation
de l’Etat et de la Nation, est primordial et est même indispensable.
D’où l’importance pour toute composante des Forces
Armées comme la Gendarmerie de se s’interroger toujours sur cette
thématique Armée-Nation.
Les gendarmes sont, on le sait, des militaires dont les
missions sont essentiellement civiles. En tant que force de la sécurité
intérieure en charge de missions de sécurité publique, de lutte contre
la délinquance, la gendarmerie est sans doute l’institution militaire la
plus fréquemment au contact de la population, et ce, dans un contexte
de demande de plus en plus forte de sécurité de la part des députés à
les écouter dans les questions orales au Gouvernement et des
administrés.
Notons que vue l’ampleur des préoccupations et les
problèmes sociaux, problèmes de violence, d’insécurité rencontrés au
quotidien par les habitants et les gendarmes, le sentiment
d’appartenance à la nation comorienne est devenue parfois plus
incertain, se sentir Comorien, se réclamer citoyen comorien avec les
droits mais aussi les devoirs que cela suppose ne va pas de soi pour une
partie de la population et des gendarmes.
A l’heure où je m’adresse à vous, un gendarme a été
grièvement blessé alors qu’il remplissait ses missions publiques sous
l’autorité de ses chefs hiérarchiques. Dieu merci, avec l’aide de notre
partenaire principal, la France son évacuation à la Réunion et sa prise
en charge dans un milieu hospitalier spécialisé l’a sauvé du danger. Au
nom de la Nation, je lui exprime ainsi qu’à ses proches toute notre
compassion et notre solidarité.
La gendarmerie, comme la police nationale, est donc
confrontée à cette crise d’une identité nationale qui peut se traduire
par des phénomènes de violences, de rejet de l’État, et c’est ce que
nous observons chaque jour partout dans le pays.
Dans ce contexte, la réflexion sur le lien entre armée
et population, entre agent de sécurité publique et citoyen, se pose
d’une manière particulière pour la gendarmerie.
La gendarmerie en tant que force de la sécurité
intérieure exerce des missions qui concourent au maintien de l’unité et
de la cohésion territoriale, au respect des valeurs démocratiques et des
lois la République. C’est ainsi qu’elle assure la présence de l’État,
la continuité de l’action gouvernementale partout où besoin est.
De même, elle doit s’impliquer dans la lutte contre les
bandes organisées, les réseaux terroristes en collaboration avec
d’autres institutions des pays amis dont les plus proches.
Dans ses missions de sécurité publique, de lutte contre
les différentes formes de délinquance, d’enquêtes judiciaires et de
maintien de l’ordre, elle doit maîtriser le contrôle de tout le
territoire National.
Parfois des connexions existent avec des formes de
radicalisation politique ou religieuse qui peuvent conduire au chaos.
Sur le volet qui la concerne, la gendarmerie doit lutter sans merci
contre le risque de fracture territoriale, de dislocation, de
séparatisme voire d’enclave sur le territoire national.
On le voit donc, les missions de la gendarmerie
recoupent bien l’idée de servir la nation, de défendre les intérêts de
l’Union des Comores et de sa population et non le contraire.
Lors du prochain Séminaire sur la Stratégie Globale de
la Sécurité Nationale, je demande aux professionnels que vous êtes de
vous y mettre à fond pour la restructuration de nos forces publiques
telles que le souhaite le Chef Suprême des Armées, Son Excellence
Docteur Ikililou Dhoinine.
Honorables Invités,
Avec les nouveaux accords que notre pays signent et
ratifient avec ses partenaires, le Gouvernement comorien cherche à jouer
le rôle qui est le sien pour la sauvegarde de la sécurité
internationale.
D’ores et déjà tandis que des gendarmes, policiers et
militaires suivent des formations à l’étranger, des missions françaises
sont sur notre sol pour renforcer les capacités des nôtres en matière de
sécurité maritime, routière, maintien d’ordre et de police judiciaire.
Je voudrais également saisir cette occasion pour exprimer au nom du
département de la défense toute notre reconnaissance à la République
française pour cette coopération bénéfique à nos deux pays.
Avec la nouvelle politique de maintien de la paix
définie par les Chefs d’Etat et de Gouvernements des Etats membres de
l’Union Africaine mais aussi prenant en compte le Nouvel Ordre
International intervenu après la fin mathématique de la guerre froide,
la gendarmerie comorienne à l’instar des autres forces publiques du
continent, est appelée à jouer un rôle international.
Ce nouvel espace d’application pour la gendarmerie est conforme à la
politique étrangère tracée par le Chef de l’Etat.
En effet, notre pays comme neuf autres de la région de
l’Afrique de l’Est que nous appelons « MASHARIKI SALAM », fait partie
intégrante de l’Est African Standby Force (EASF).
Je saisis d’ailleurs cette opportunité pour saluer
chaleureusement en présence du Représentant de l’Union Africaine ici
présent, l’Ambassadeur Mourad Tayati, nos jeunes militaires, gendarmes,
policiers et civils qui viennent juste de regagner les Comores après
avoir passé deux semaines à Jinja en Uganda.
Ils ont pris part aux exercices FTX dans le cadre de la
préparation de la Force Africaine en attente qui traduit la vision de la
Conférence des Chefs d’Etats et de Gouvernements Africains sous la
responsabilité du Conseil Paix et Sécurité dirigé par mon Grand frère le
Commissaire Ramtane Lamamra.
Nos jeunes participants ont démontré leurs talents ainsi
que leur dévouement à servir non seulement leur pays mais l’Afrique de
l’Est et le contient en général. Ils ont convaincu les dirigeants de
l’EASF de leurs capacités d’adaptation à des situations complexes.
Qu’ils en soient félicités.
Ainsi donc, nos forces de sécurité dont la gendarmerie,
doivent se préparer à une présence en Afrique pour la sécurité
internationale.
Honorables Invités,
Je ne peux terminer mon propos avant de m’adresser
spécialement au nouveau Commandant de la Gendarmerie nationale, le
Lieutenant-colonel Rafick Soilihi Abdallah.
Mon Colonel,
Vous venez juste d’entrer officiellement en fonction et je vous souhaite bonne chance.
Vous êtes désormais le premier responsable de la sécurité des personnes résidant en Union des Comores et de leurs biens.
Sachez qu’avant vous, d’autres qui n’ont point démérité
ont occupé ce poste stratégique et prestigieux.
Il s’agit du Colonel Abdourazak Abdoulhamid de 1979 à 1990, du Chef
d’Escadron Youssouf Ali de 1990 à 1992, du Colonel Ismaël Mouignidaho de
1992 à 1997 et de 2005 à 2006, du Colonel Saïd Hamza de 1997 à 1998, du
Chef d’Escadron Ali Hamidou de 1998 à 1999, du Colonel Normal Mzé de
1999 à 2005, du Chef d’Escadron Ali Djambaé de 2006 à 2010, du Colonel
Halidy Charif de 2010 à 2012 et du Colonel Youssouf Idjihadi d’avril
2012 jusqu’il y a quelques minutes.
Je voudrai au nom du Chef de l’Etat, Son Excellence
Docteur Ikililou Dhoinine, rendre un Hommage mérité à ces Officiers
Supérieurs du travail accompli mais surtout pour leur sens de
responsabilité et de bravoure. Qu’ils trouvent ici et maintenant toute
la reconnaissance de la Nation.
Voilà Mon Colonel, ce que furent vos prédécesseurs. Des
Officiers exemplaires, des Hommes qui ont su sauvegarder ce corps
essentiel pour la paix civile et la défense des libertés publiques et
privées.
Convenez avec moi que pour vous, être à leur place
aujourd’hui et assumer ce rôle pendant que tout a changé dans le monde
et dans notre pays, n’est pas du tout aisé.
Mais, rassurez-vous, en vous proposant au Chef de l’Etat, j’ai mesuré la
lourdeur et la complexité de la charge mais je les ai confrontées à
votre capacité intellectuelle et parce que je sais que vous vous êtes
engagés comme militaire par conviction.
A votre expérience professionnelle après avoir commandé
un autre corps sous ma responsabilité, le Groupement de Sécurité de
Hautes Personnalités (GSHP) au moment de la crise séparatiste. Mais
surtout mon Colonel, vous revenez d’une mission justement à l’étranger
dans le cadre de la mise en place de l’Armée Africaine en Attente et les
rapports que nous avons de vos supérieurs hiérarchiques confirment
votre dévouement au travail, votre esprit de sacrifice mais surtout
votre respect au discipline.
Toutefois, je dois vous rappeler et vous le savez, que
vous êtes sous l’autorité de plusieurs chefs de départements. Pour le
maintien de l’ordre, vous dépendrez du Ministère de l’Intérieur, pour le
judiciaire, vous travaillerez avec celui de la Justice ou plus
exactement le parquet.
Mais fort de votre expérience de commandement,
d’administration et de réflexion, et enfin avec la force de votre
jeunesse, j’ose espérer que vous mettrez tout en œuvre pour réussir là
aussi cette nouvelle charge au nom de la Nation en tant qu’Officier
militaire.
Le Chef de l’Etat, le Gouvernement de la République, le Chef
d’état-major et moi-même, nous vous faisons entièrement confiance.
Nous ne doutons pas de vos capacités à créer une
symbiose au sein du corps dont vous avez désormais la responsabilité de
diriger. Soyez collégial, consultez vos hommes, vos supérieurs
hiérarchiques, vos frères d’armes, c’est ainsi que vous réussirez.
Encore une fois, au nom du Chef suprême des Armées,
Docteur Ikililou Dhoinine, je renouvelle à l’Armée Nationale de
Développement, au Chef d’Etat-major et à tous les chefs des corps toute
ma confiance et celle du Gouvernement de la République.
Vive la République,
Vive les Comores,
Vive la Coopération Internationale et je vous remercie.
Beit salam
Beit salam