MORONI - Quinze personnes, civils et militaires, ont été présentées à un juge d'instruction et placées sous mandat de dépôt lundi soir...
MORONI - Quinze personnes, civils et militaires, ont été présentées à un juge d'instruction et placées sous mandat de dépôt lundi soir à Moroni, pour leur implication supposée dans une tentative de coup d'Etat déjouée il y a onze jours, a indiqué mardi à l'AFP l'avocat de l'un des suspects.
Une Cour spéciale composée de quatre magistrats a été mise en place pour juger cette affaire.
Les auteurs présumés du complot sont poursuivis pour tentative de déstabilisation, atteinte aux institutions, et détention illégale d'armes de guerre, a indiqué la même source.
Par ailleurs, l'avocat Mihidoiri Ali a dénoncé l'opacité de la procédure depuis le début de cette mystérieuse affaire: "Des personnes ont été placées en détention dans un camp militaire durant près d'une semaine sans que l'autorité judiciaire en soit informée", a affirmé le défenseur de Satoul Ahamada, l'un des civils comoriens arrêtés.
L'avocat, qui se plaint de n'avoir pu rencontrer son client, s'indigne devant "cette situation d'illégalité flagrante (...), une situation équivalente à Guantanamo", la base américaine où sont détenus les prisonniers accusés de terrorisme. Pour Me Ali, la déclaration du président Ikililou Dhoinine "qui a maintenu un silence particulièrement ambigu durant près de cinq jours avant de s'exprimer, n'a pas apporté le moindre indice".
Parmi les Comoriens arrêtés, Mahamoud Ahmed Abdallah, fils de l'ancien président Ahmed Abdallah décédé en 1989, est présenté comme le principal bénéficiaire du complot. Dans un communiqué, sa famille a fait part de sa "consternation" et de son "indignation", et condamné la tentative du coup d'Etat. Elle "manifeste son soutien" au président Dhoinine, et demande "que la justice soit saisie (...), et que la présomption d'innocence soit respectée."
Les perquisitions se poursuivent et de nouvelles arrestations pourraient intervenir dans les prochains jours.
Selon la présidence comorienne, l'objectif des commanditaires de l'opération du 20 avril était "le renversement de l'autorité élue démocratiquement, et le changement par la force du cadre institutionnel". Peu de détails ont filtré sur cette présumée tentative de coup d'Etat, qui aurait eu pour but de mettre fin à la présidence tournante entre les trois îles de l'archipel instaurée depuis 2002.
Issu de l'île de Mohéli, Ikililou Dhoinine avait été élu pour cinq ans, en décembre 2010, président de l'Union des Comores. Auparavant, il avait été vice-président, au côté du chef de l'Etat Ahmed Abdallah Mohamed Sambi. AFP