Enfant de La Busserine, ancien joueur amateur et supporter chez les MTP dans sa jeunesse, le latéral droit de l'OM a Marseille dans l...
Kassim, neuf mois après votre arrivée à l'OM, mesurez-vous l'écart entre la Ligue 2 et la Ligue 1 ?
Kassim Abdallah : C'est totalement différent. Au niveau de la pression, de l'engouement, des supporters, cela n'a rien à voir. À Sedan, nous avions une bonne équipe, nous jouions le haut de tableau, mais ce n'est pas comparable avec l'OM, un club exceptionnel à tous les niveaux. Même si ça reste du football.
Vous imaginiez-vous jouer dans un tel club quand vous portiez les couleurs de Felix-Pyat (DHR, entre 2005 et 2007), puis de Marignane (CFA, entre 2007 et 2009) ?
K.A. : Pas du tout (rires) ! Ma trajectoire est vraiment atypique. Je pensais que j'allais évoluer en CFA, faire une petite carrière tranquille, en travaillant à côté. Je me satisfaisais de ça, je n'avais pas d'autre ambition. Mais Dieu en a décidé autrement et j'ai saisi ma chance.
Retournez-vous souvent saluer vos anciennes équipes de la région ?
K.A. : Bien sûr, quand je peux, dès qu'il n'y a pas de mise au vert, ou pas de match. Je vais régulièrement à Marignane, j'ai moins l'occasion pour Félix-Pyat. Mais je vais aussi voir Consolat. J'ai beaucoup d'amis à ce niveau-là, ça fait plaisir de les retrouver.
Votre parcours est tellement inhabituel que vous avez évolué en Ufolep...
K.A. : Oui, nous avions une équipe de quartier. Notre entraîneur, Khalid Compaoré(actuellement défenseur à Consolat, ndlr), connaissait bien celui de Félix-Pyat. Il lui a dit :"Prends-le parce qu'il n'a rien à faire avec nous." Je jouais davantage en milieu défensif. C'est à Félix-Pyat que j'ai commencé à être aligné à droite. À Marignane, j'ai parfois évolué un cran plus haut quand nous jouions en 3-5-2, je prenais tout le couloir.
Votre destin est incroyable. Avez-vous conscience d'être un modèle à suivre pour la jeunesse marseillaise ?
K.A. : Bien sûr. Comme quoi, tout est possible. Il y a beaucoup de joueurs de qualité ici. C'est tombé sur moi. Le facteur chance joue beaucoup, mais j'ai travaillé pour. J'aimerais servir d'exemple, montrer qu'il y a d'autres perspectives que ce que l'on montre sur les quartiers, la délinquance... On peut réussir. Avant, je bossais, je livrais les chantiers. Il fallait soulever des grosses charges, c'était dur, mais je le faisais avec plaisir. Après, il y a eu le foot, c'est encore mieux, mais je sais donc que j'ai de la chance d'être pro, de bien gagner ma vie. Ça n'a pas toujours été le cas, alors je garde les pieds sur terre, je ne m'enflamme pas. Je sais que tout peut aller très vite, dans un sens, comme dans l'autre...
Sa jeunesse, sa ville
Quelles images gardez-vous de votre enfance et de votre adolescence à La Busserine, au collège Édouard-Manet ?
K.A. : À l'époque, c'était très bien. Mais, franchement, quand je vois le quartier maintenant... On ne propose plus assez de choses aux jeunes. Ils n'ont pas beaucoup de choix. Il y a le gymnase, mais aujourd'hui, ils n'y ont plus accès. On a demandé un synthétique. Le terrain en goudron tous les jours, pfff... Quand il fait froid, tu ne peux plus jouer. Avant, il y avait beaucoup d'animations, plein d'associations, on travaillait avec elles, on se bougeait, on vendait des sandwiches dans les concerts et, en échange, elles finançaient des sorties. On faisait de la moto, de l'équitation, du paintball... On partait à droite à gauche, on était pris en charge par une dame, Anne-Marie Tagawa. Elle est toujours dans le quartier. C'était structuré, avec l'Addap 13 et l'Agora. Et même quand on grandissait, on nous aidait. Pour les démarches, les formations, les CV...
Vous n'avez jamais été tenté de vous écarter du droit chemin ?
K.A. : J'ai eu quelques tentations, mais je n'ai jamais pensé à plonger dans ce monde-là.
Marseille est souvent pointée du doigt à la télé, notamment lors des meurtres à la kalachnikov. Trouvez-vous cela exagéré ?
K.A. : Peut-être pas, car il ne faut pas oublier que c'est une réalité. Mais ce sont des règlements de compte. C'est sûr que ça fait peur aux gens. Les personnes de l'extérieur pensent que l'insécurité règne, qu'on peut se faire agresser à tout moment. Mais nous, qui sommes d'ici, savons qu'on peut vivre tranquillement à Marseille. Ça ne se passe pas comme aux États-Unis, où il arrive que des jeunes tirent sur tout le monde dans une école .
Ses origines
Marseille est en vous. Les Comores aussi. Vous y allez souvent ?
K.A. : Depuis que je suis passé professionnel, je m'y rends moins, car j'ai moins de temps. Mais je veux y retourner. Je suis très fier d'être Comorien et j'aimerais bien, plus tard, qu'on arrive à monter une équipe au niveau international. On a les capacités et les joueurs, c'est dommage qu'on n'arrive pas à trouver un terrain d'entente là-bas avec la Fédération pour faire quelque chose de bien. On y travaille, on espère.
Des membres de votre famille ont disparu dans le crash de l'Airbus A310 de Yemenia Airlines, en juin 2009. C'était un moment difficile...
K.A. : Je venais d'arriver à Sedan. J'ai perdu des petits cousins, une cousine et leur mère. Ça m'arrive d'y penser, c'est triste, ils étaient jeunes, ils n'ont pas eu le temps de vivre leur vie.
Les supporters de l'OM avaient alors affiché une banderole de soutien qui vous était notamment destinée.
K.A. : Ça m'avait fait chaud au coeur. Les MTP ont souvent adressé des messages d'encouragements à la communauté comorienne. Aujourd'hui que je suis ici, ça me fait encore plus plaisir. Avant, j'allais voir les matches avec eux. Je n'étais pas abonné, mais j'y allais souvent.
Son OM, sa saison
Quelle époque avez-vous préféré ?
K.A. : Celle de Drogba. Je suivais à fond ! Mais, enfant, j'étais aussi un fou de Papin. Quand il est parti au Milan AC, j'étais dégoûté. Et quand l'OM a gagné la Ligue des champions, j'étais content pour le club, mais j'étais triste pour lui.
JPP ne vous avait pas donné envie d'être attaquant ?
K.A. : Oui, mais je n'avais pas les qualités pour mettre des buts (rires). J'ai donc reculé.
Vous êtes plutôt grand (1,86m). C'est rare pour un défenseur latéral. On vous le fait souvent remarquer ?
K.A. : Oui, on me l'a déjà dit. Les latéraux sont souvent de petite taille. Mais ma vitesse me permet de pouvoir assumer le poste. C'est là où je me sens le mieux.
Dans quel(s) domaine(s) avez-vous progressé depuis votre arrivée à l'OM ?
K.A. : Dans la rapidité de mouvement, dans mon jeu de tête. J'étais grand, mais je devais m'améliorer, je n'étais pas au top. J'ai aussi progressé dans la concentration. En Ligue 1, tu ne peux pas te permettre d'avoir un oubli.
Et où êtes-vous encore perfectible ?
K.A. : Dans la concentration, justement. C'est le plus important, je dois continuer sur ce facteur-là.
Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
K.A. : Que l'OM fasse une bonne saison l'an prochain, qu'on arrive à titiller le PSG et Monaco, que je joue le plus de matches possible et, surtout, que je ne sois pas blessé ! J'ai envie de relever le challenge et aller concurrencer Rod Fanni, même si je m'entends très bien avec lui. J'aimerais bien faire en sorte que le coach ait des difficultés à choisir entre lui et moi. Source : la province
HabarizaComores.com | أخبار من جزر القمر.
Le journal de la diaspora comorienne en France et dans le monde : Information et actualité en temps réel 24h/24 et 7j/7.