A l'occasion de la célébration du deuxième anniversaire de son investiture, le gouverneur de Ngazidja, Mouigni Baraka Said Soilihi,...
A l'occasion de la célébration du deuxième anniversaire de son investiture, le gouverneur de Ngazidja, Mouigni Baraka Said Soilihi, a annoncé des fournitures scolaires gratuites pour tous les élèves scolarisés à l'école primaire publique de l'île de la Grande Comore . Voici le texte de son allocution prononcée au palais de Mrodjou devant un millier de personnes le 23 mai.
En ce jour de fête où nous célébrons ma deuxième année à la tête de l'Ile Autonome de Ngazidja, je suis particulièrement heureux de vous accueillir en ces lieux symboliques pour dresser le bilan de notre parcours et présenter les perspectives des années à venir.
Ma joie est d'autant plus profonde que cette cérémonie est rehaussée par la présence de nos partenaires français qui se sont toujours engagés à nos côtés, pour la réalisation d'initiatives d'intérêt communautaire.
Je voudrais tout particulièrement saluer M. Michel Delebarre, ancien ministre d'Etat, sénateur-maire de Dunkerque, président de la Communauté Urbaine de Dunkerque.
Je salue également M. Stéphane Troussel, président du conseil général de la Seine Saint Denis, qui séjourne lui aussi dans notre pays.
Permettez-moi d'exprimer ma profonde gratitude à ces deux hautes personnalités et à tous ceux qui les accompagnent pour avoir bien voulu répondre à mon invitation.
Il m'est très agréable de vous souhaiter, chers amis, la bienvenue aux Comores.
Mesdames et Messieurs,
D'aucuns n'ignorent la situation exceptionnellement difficile que nous avons héritée – situation essentiellement nourrie par les conflits de compétence ayant engendré des conséquences diverses : blocages des investissements publics, délabrement des bâtiments et des équipements de l'administration de l'île, désengagements de l'ensemble des acteurs du développement; indifférence totale des cadres et des forces vives… et j'en passe.
Je suis fier aujourd'hui de mesurer avec vous, la distance parcourue en deux ans.
Sur le plan des finances publiques, dès ma prise de fonction, j'ai donné des instructions fermes pour la sécurisation et l'amélioration des recettes, de même que pour la maitrise des dépenses. Nous avons élargi les recherches en vue d'identifier les nouvelles pistes susceptibles de soutenir une croissance durable. Les résultats ne se sont pas faits attendre.
C'est ainsi que nous avons enregistré, au 31 décembre 2011, 53, 34 % des prévisions budgétaires alors qu'à la même période de l'année précédente, les réalisations s'élevaient à 24, 28 %.
Au 31 juin 2012, nous étions à 40 % des prévisions contre 25, 5 % en 2011. Soit une amélioration de 15 %.
Cette année, au 30 avril, nous sommes à 46 % des prévisions annuelles. C'est au-delà de nos espérances.
Pour l'année 2012, un rapport de l'inspection des finances indique une augmentation de 20, 28 % des recettes due au renforcement des capacités de l'administration fiscale et à la politique de lutte contre la fraude.
Toujours dans le souci d'une plus grande transparence de la gestion des ressources publiques, l'Ile de Ngazidja souscrit pleinement à la reforme lancée par les institutions financières internationales, visant à ériger le service de contrôle financier en une direction totalement autonome.
Les gains générés par ce dispositif de fonctionnement ont permis d'augmenter les investissements dans certains secteurs publics prioritaires :
- Restructuration des travaux publics par la mise en place d'une régie de recette et acquisition de gros engins pour un montant de près de 400 millions de nos francs. Aujourd'hui, la régie des Travaux Publics est largement opérationnelle au point de signer des contrats avec des communes pour la réhabilitation de certaines routes.
- Réhabilitation et équipements des bâtiments administratifs de l'île à l'instar du commissariat à la production. La reconstruction du palais de Mrodjou en est le vivant témoignage.
- Nous avons financé l'ouverture de la télévision, relancée et consolidé Radio Ngazidja. Nous avons également renouvelé le parc automobile.
- D'autres projets sont en cours de réalisation notamment les transports terrestres. En effet, nos populations, surtout les étudiants souffrent de l'absence d'une structure appropriée qui leur offre un service public de qualité. C'est la raison pour laquelle nous avons entrepris de créer une régie des transports dite RTTN, en vue de répondre aux attentes des populations et surtout assurer la continuité du territoire de l'Ile. Des négociations sont engagées avec des partenaires publics comme privés pour que la régie voie le jour d'ici la rentrée prochaine
L'idée de création d'une centrale d'achat des produits de premières nécessités, l'aménagement des lieux dédiés à la jeunesse sont autant d'opportunités qui nous garantissent des dividendes appréciables dans un proche avenir. C'est aussi autant de réponses aux besoins qui s'expriment aujourd'hui en termes de lutte contre la vie chère, l'oisiveté et la délinquance juvénile.
Comme vous le savez tous, une société au sein de laquelle la sécurité des personnes et des biens n'est pas garantie, aucun développement n'est possible.
Sans sécurité point de développement !
Pour cette raison, j'ai fait de la sécurité une priorité absolue.
Mon premier acte a été de tout mettre en œuvre pour que l'unification de la police devienne une réalité. C'est aujourd'hui chose faite. Et je m'en réjouis. Mais encore faut-il que cette police puisse disposer d'équipements appropriés pour la rendre efficace : c'est ainsi que j'ai doté toutes les unités de police d'uniformes, de matériels roulants (véhicules et motocyclettes).
De même, j'ai procédé à l'ouverture de nouveaux commissariats en région, à la formation d'une quarantaine d'agents et à l'équipement de certains bureaux de police en matériel informatique.
Mesdames et Messieurs,
Au chapitre de l'Education, la loi fondamentale de notre pays garantit à chaque individu le droit à l'éducation et à la formation. Nous avons donc la conviction que les reformes des programmes d'enseignement scolaires issues du Document de stratégie de croissance et de lutte contre la pauvreté (DSRP) sont pour nous un passage obligé.
Nous avons encore en mémoire la situation chaotique qui prévalait au sein de notre système éducatif, caractérisée par des années blanches et des années tronquées, les tensions permanentes entre les organisations syndicales et l'administration scolaire, les grèves à répétitions, la mauvaise gestion des ressources humaines - autant de facteurs ayant favorisé la détérioration de la qualité des enseignements et des apprentissages, donc de l'échec scolaire.
Au moment où j'ai pris mes fonctions, j'ai estimé qu'il fallait stopper, rapidement, cette spirale vers le fond. J'ai donc instauré sans tarder un dialogue permanent et direct avec les organisations syndicales. Cette démarche a largement payé. Nous terminons une année scolaire sans perturbation. Des rapports harmonieux s'exercent paisiblement entre les organisations sociales et les pouvoirs publics.
Dans ce climat apaisé, plusieurs initiatives sont mises en œuvre. L'année passée, le gouvernorat a assuré la dotation des fournitures à tous les enseignants du primaire public, et je suis heureux d'annoncer, ici, que pour la rentrée prochaine, cette dotation sera élargie à l'ensemble de tous les enfants scolarisés dans les établissements primaires publics de Ngazidja
Sur un autre plan, la socialisation de l'enfant comorien - entendait par là, l'introduction de l'enseignement coranique- est un sujet de préoccupation majeure. En effet, nos principes d'éducation imposent à l'enfant comorien l'apprentissage de sa religion dès son plus jeune âge. Il a donc fallu adapter le kurwassa à l'évolution psychomotrice et cognitive de l'enfant et prendre en compte la gestion de son temps. Ce qui n'a pas été possible à l'école coranique traditionnelle.
C'est pourquoi, nous avons pris toutes les dispositions pour que le Kurwasa soit introduit dans les Ecoles Coraniques Rénovées et dans les écoles primaires à partir de la rentrée prochaine.
Par ailleurs, l'encadrement de la jeunesse représente à mes yeux un sujet de préoccupation majeure. Je me fais le devoir d'appuyer les événements favorisant les rencontres entre jeunes venant d'autres pays et d'autres régions. A ce titre, le gouvernorat de Ngazidja envisage de s'impliquer fortement dans l'organisation, au mois d'aout prochain, d' l'événement connu sous le nom de Ngazidja Raide, tout comme l'année dernière sur l'île d'Anjouan s'est déroulé Ndzouani Raide.
Mesdames et Messieurs
Nous sommes confrontés aujourd'hui en matière de santé publique à des problèmes multiformes, liés à l'insuffisance du plateau technique, du personnel qualifié, mais aussi des moyens financiers limités. Tout ceci réduit de façon considérable la qualité de prise en charge médicale et de la prévention. Cette situation affecte particulièrement la mère et l'enfant, de même que les personnes en situation de précarité.
Nous saluons les efforts incessants de nos partenaires qui continuent à nous accompagner dans l'amélioration de l'accès aux soins.
Toujours dans le souci d'améliorer la prise en charge des malades, nous avons procédé au recrutement de médecins qui sont venus combler le déficit dans les établissements de l'Ile.
Pour la prévention des maladies évitables, nous poursuivons le programme de vaccination grâce à l'appui des partenaires : C'est ainsi que nous offrons gratuitement aux enfants de moins de 1 an la vaccination contre 8 antigènes[1] selon le calendrier vaccinal et aux femmes enceintes, le vaccin contre le tétanos.
D'autres actions sont en cours de réalisation notamment :
- La mise à la disposition, dans les structures de santé, de contraceptif
- Le Traitement préventif contre le PALU (2 doses successives)
- La Proposition systématique d`un test de HIV lors de sa première consultation
Mais d'autres défis restent encore à relever comme celui de pouvoir modérer le cout trop élevé de certaines prestations sanitaires tel que les bilans prénataux : l'échographie et les analyses médicales, la réduction de la mortalité infantile, l'élimination totale du paludisme.
Il faut noter que 92 % des cas de paludisme aux Comores sont enregistrés à Ngazidja. Pour ce cas précis, une campagne de traitement de masse sur le modèle de Mohéli et d`Anjouan et de distribution de moustiquaire est prévue pour cette année après le mois du ramadan.
Mais en fait de prévention et d'hygiène, l'écologie urbaine fait partie des secteurs qui retiennent encore plus notre attention. Depuis novembre dernier, une série de mesures a été entreprises dans le but de protéger les riverains des effets nuisibles des ordures. A l'heure où je vous parle, des négociations se poursuivent avec nos partenaires pour parvenir à une solution définitive et durable. Pendant ce temps, une solution intermédiaire a été obtenue : le site existe, les opérations d'enfouissement se poursuivent en toute sécurité.
Mesdames et Messieurs
Le sujet à l'ordre du jour est la décentralisation c'est-à-dire le dispositif qui permet à l'administration de s'exercer au plus près des citoyens.
La démarche participative que j'ai engagée pour la mise en place des Délégations Spéciales trouve son fondement d'une part, sur les lois actuellement en application et d'autre part, sur la loi statutaire de l'Ile Autonome de Ngazidja, de même que sur les recommandations des Troisièmes Assises sur la Décentralisation des 13 et 14 juin 2012.
Je dois rappeler que cette démarche de mettre en place les délégations spéciales a été autorisée par le Conseil de l'Ile de Ngazidja dans sa Délibération du 15 février de cette année. Délibération confirmée par la Cour constitutionnelle.
L'expérience que nous sommes en train de vivre à l'occasion de la mise en place de ces entités nous permet aujourd'hui de tirer quelques leçons essentielles. En effet, nous avons relevé que certains villages se trouveraient pénalisés par le mode de désignation des conseillers municipaux au prorata du nombre d'habitants. Si cette disposition est appliquée comme telle, bon nombre de ces localités se trouveraient privées de représentants. Naturellement, cette situation ne peut que susciter des mécontentements.
Ce cas doit nous interpeler fortement. C'est pourquoi, j'ai proposé que chaque communauté villageoise soit représentée par au moins un Conseiller municipal.
Dans un message que j'ai adressé récemment au parlement de l'Union, j''ai demandé à nos députés de prendre acte de cette proposition et de procéder à son examen au cours des cessions futures
Je suis heureux de vous annoncer que la démarche participative engagée a permis de mettre en place 27 délégations spéciales sur les 28 communes prévues par la loi.
A l'heure qu'il est, un guide a été élaboré en vue de donner les directives essentielles pour le fonctionnement et la gestion de ces nouvelles structures. Nous procédons à présent au choix des secrétaires généraux des Mairies parmi les agents les plus dynamiques de notre administration. Pour les rendre opérationnels, ils suivront une formation intensive soutenue par nos partenaires extérieurs. Ces cadres, ainsi formés, joueront demain, un rôle essentiel dans la gestion des futures communes.
L'un des dossiers urgents, dans la mise en place de ces nouvelles structures, c'est la construction des hôtels de ville sur fonds propres. Je suis particulièrement fier de vous annoncer l'ouverture des premiers chantiers dans les semaines qui viennent.
Mesdames et Messieurs,
Je me fais un devoir de mener à terme le processus de décentralisation, non seulement pour les raisons évoquées plus haut mais également pour servir de piliers aux actions de coopération décentralisée en cours, notamment aves nos partenaires français.
En effet, la coopération décentralisée, ce dispositif qui autorise des collectivités territoriales à engager des démarches de coopération avec des collectivités d'autres pays, est un atout considérable pour rendre plus efficace l'apport des émigrés comoriens à leur pays d'origine.
La présence parmi nous de hauts responsables français, grands acteurs de la coopération décentralisée, illustre bien cet effort. Nous entendons poursuivre intensément les actions de coopération déjà engagées et en ouvrir de nouvelles pistes.
Je me dois de rappeler que nous avons signé une convention de coopération décentralisée avec la région Pyrénées–Alpes-Côte d'Azur (PACA) en 2003. Au regard de l'état actuel de nos relations avec cette région, un réajustement de nos accords paraît nécessaire ainsi que l'élaboration de nouveaux outils de coopération.
En novembre 2011, un protocole d'accord a été également signé avec la Seine Saint Denis. Des actions concrètes qui nous ont largement bénéficié, ont été engagées. Il s'agit aujourd'hui de les intensifier.
A la fin de cette cérémonie, Mesdames et Messieurs, Michel Delebarre et moi-même allons procéder à la signature d'un accord de coopération qui engage la communauté urbaine de Dunkerque et l'Ile autonome de Ngazidja. Mais je vous avoue que ces accords ne viennent pas initier des actions à venir, ils sont l'aboutissement d'actions déjà entamées dans le passé qui nous ont apportées des fruits appréciables. En effet, nous avons encore à l'esprit l'appui financier que la Commune de Dunkerque a consenti pour un renforcement des capacités des futures administrations communales. C'est également grâce à cette collectivité que nous avons pu organiser les premières assises sur la diaspora en novembre dernier.
Par ailleurs, je n'oublierai pas que c'est bien Michel Delebarre, en sa qualité de Président des Cités Unies France, qui a favorisé l'admission des Comores au groupe pays France-Comores, dirigé par Michel Negre ici présent.
Enfin, je saisis cette agréable occasion pour adresser à tous les partenaires extérieurs qui nous ont apporté leurs appuis à un moment où les régions de Bambao et de Hambou ont été gravement touchées par le déchainement des éléments atmosphériques
Mesdames et messieurs,
J'ai essayé, tout au long de mon discours de vous présenter très succinctement un tableau sur les réalisations depuis mon arrivée à la tête de l'Ile de Ngazidja ainsi que sur les perspectives les années à venir.
Pour mener à bien le projet dont nous sommes porteurs, l'engagement de tous est requis car ma philosophie est que chaque comorien doit être acteur de sa propre histoire et de son propre développement.
Mais ma conviction est qu'aucune réalisation n'est possible dans un pays où régneraient les conflits et la discorde. Je me suis efforcé depuis mon investiture de préserver la paix et la concorde entre les habitants eux-mêmes et entre l'Union et les îles. Le climat d'entente qui prévaut entre le président de l'Union et les gouverneurs a contribué pour beaucoup aux réalisations dont nous récoltons aujourd'hui, les fruits.
Je tiens donc à adresser ici, solennellement, mes remerciements appuyés au chef de l'Etat dr Ikililou Dhoinine, principal artisan de cette détente.
Je lui exprime, en outre, ma profonde gratitude pour les réalisations enregistrées à Ngazidja au premier rang desquels la réhabilitation du réseau routier. Je prie Dieu de l'éclairer encore plus, tout au long de son parcours, pour la reconstruction de notre pays.
Mais puisque nous parlons de paix, de concorde et de stabilité, Mesdames et Messieurs, est-il concevable que des enfants des Comores puissent entreprendre d'accomplir des actes qui n'auraient pour conséquences que de plonger le pays dans le chaos ?
Je dis non ! … Cet esprit odieux n'a pas sa place dans notre société. Aussi, je condamne avec la plus grande fermeté la conspiration qui avait pour objet d'attenter à la vie du chef de l'Etat. Nous demandons à la justice d'identifier et de punir ceux qui sont impliqués dans cette entreprise criminelle.
Je lance un appel à tout un chacun, pour contribuer à la préservation et à la promotion d'un climat de confiance, de paix et de concorde dans notre pays.
Avant de clore mon propos, je vous dis à toutes et à tous merci et que la bénédiction de Dieu soit avec vous.
Ngazi Ngomé
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