L’incroyable richesse des récifs coralliens lui vaut d’être souvent comparée à celle des forêts équatoriales. Présents dans 104 pays...
L’incroyable richesse
des récifs coralliens lui vaut d’être souvent comparée à celle des
forêts équatoriales.
Présents dans 104 pays, couvant 600 000 km2, ils
abritent 25% de la biodiversité marine mondiale. Attraits pour
la pêche comme pour le tourisme, ils jouent un rôle majeur dans le
développement économique des territoires. Et ce, tout en formant une
défense naturelle contre les aléas climatiques. « A la Réunion, la
barrière récifale fait office de muraille sous-marine protégeant le
littoral. Elle amortit l’effet des vagues, certaines pouvant atteindre 5
à 6 mètres de haut lors de houles cyclonique » illustre Pascale
Chabanet, biologiste. Enfin, selon des recherches récentes ces
formations coralliennes pourraient bien constituer une source
potentielle pour fabriquer les médicaments de demain.
Mais ces vingt dernières années ont vu l’émergence et la
prolifération de maladies affectant les coraux, principaux bâtisseurs
des récifs coralliens. Une trentaine de pathologies a déjà été recensée,
certaines pouvant conduire à la mort des organismes. Ainsi, dans les
années 80, une épidémie de maladies de la bande blanche a décimé nombre
de récifs des Caraïbes. Plus récemment, en Floride, la maladie de la
variole blanche a entrainé la destruction de plus de 70% des coraux.
Afin de comprendre l’origine, de suivre l’évolution et d’observer les
conséquences de ces affections, les scientifiques collectent des données
sur les récifs coralliens du monde entier. Une première étude sur le
lagon néocalédonien conclut à un bon état de santé relatif des coraux.
Dans le sud-ouest de l’Océan Indien, grâce à des méthodes de biologie
moléculaire, une maladie a été nouvellement décrite. Les agents
pathogènes connus des affections coralliennes sont majoritairement des
bactéries et des champignons perforants. Toutefois, les relations
étroites entre virus et coraux intéressent également les chercheurs, au
Vietnam notamment.
© IRD / Hani Amir
Si les maladies coralliennes cristallisent aujourd’hui l’attention de
nombre de scientifiques, elles ne sont qu’un facteur de dégradation. En
effet, le maintien des récifs coralliens est le fruit d’un délicat
équilibre, que le changement climatique global et les activités humaines
croissantes viennent fragiliser. Depuis une quarantaine d’années, ces
joyaux de biodiversité font face à une augmentation de la fréquence et
de l’intensité des perturbations naturelles, parmi lesquelles les
cyclones, l’acidification et l’augmentation de la température des
océans, ou encore les invasions biologiques.
« Le blanchiment des
coraux, phénomène réversible si le stress thermique ne dure pas plus de
quelques semaines, se produit lorsqu’une période anormalement chaude
entraine une température trop élevée pour les coraux », explique Aline Tribollet, biologiste. En Polynésie française, l’invasion des récifs par une étoile de mer corallivore, Acanthaster planci,
est responsable de la destruction de près de la moitié des coraux
vivants. Et la pression anthropique grandissante, dans un contexte de
forte croissance démographique et d’urbanisation, se traduit par
exemple, par la surpêche et peut entrainer des pollutions. A ce jour, à
l’échelle mondiale, 75% des récifs sont menacés de dégradation et
environ 20% sont déjà irrémédiablement détruits.
Source : Sciences au Sud, le journal de l’IRD n°68, 1er trimestre 2013, p. 8.
AFC
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