Le fils et ancien ministre de l'ex-président sénégalais Abdoulaye Wade, Karim Wade, dont la fortune est évaluée à plus d'un milli...
Le fils et ancien ministre de l'ex-président sénégalais Abdoulaye Wade, Karim Wade, dont la fortune est évaluée à plus d'un milliard d'euros par une cour spéciale qui le soupçonne d'enrichissement illicite, a passé sa première nuit en garde à vue dans une gendarmerie de Dakar.
«Karim Wade a passé la nuit à la gendarmerie de Colobane (quartier de Dakar) avec six autres personnes», également placées en garde à vue lundi soir dans le cadre d'une enquête pour enrichissement illicite, a affirmé à l'AFP une source proche du dossier, sans préciser l'identité des autres gardés à vue.
Selon la presse locale, ce sont des «complices» de Karim Wade, notamment son ancien conseiller en communication, un homme d'affaires, un responsable d'une société aéroportuaire d'assistance au sol et un expert-comptable.
L'arrestation de Karim Wade, 44 ans, a provoqué lundi soir des échauffourées entre les forces de l'ordre et une cinquantaine de ses partisans rassemblés devant la gendarmerie de Colobane et dispersés à coups de grenades lacrymogènes.
Le fils Wade, que son père voyait comme son successeur naturel, a été interpellé lundi après-midi au domicile familial à Dakar. Il a été conduit à la section recherches de la gendarmerie, après le dépôt par ses avocats de justificatifs de ses avoirs estimés par la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI) à plus d'un milliard d'euros.
La CREI, une cour spéciale créée en 1981 par l'ancien président Abdou Diouf (1980-2000) et en sommeil depuis plusieurs années, a été réactivée par Macky Sall après son élection le 25 mars 2012, face à Abdoulaye Wade qui était au pouvoir depuis douze ans.
Le parquet de la CREI avait donné le 15 mars un délai d'un mois à Karim Wade pour justifier de l'origine de ses biens, après plusieurs auditions par les enquêteurs.
Le patrimoine attribué à Karim Wade, qui, de 2002 à 2012 a été conseiller spécial et «super ministre» de son père, comprend des sociétés, des propriétés immobilières, des comptes en banque selon ses avocats.
«Des mensonges»
«Ce qu'on lui reproche, c'est un montage, ce sont des mensonges. On ne peut pas remettre comme éléments de preuve près de 3.000 pièces (et) une heure après, prétendre qu'on a examiné l'ensemble de ces documents», a déclaré Ciré Clédor Ly, un des avocats de Karim Wade. «Nous sommes dans une logique de la violence d'un Etat qui, en fait, est résolument décidé à ne pas respecter les droits des citoyens», a-t-il affirmé.
«Le procureur (de la CREI) n'a même pas examiné le dossier. L'arrestation est illégale et programmée à l'avance. Parmi les biens qu'on lui attribue, il y a même des terrains immatriculés au nom de l'Etat. Aucun des biens attribués à Karim ne lui appartient», a affirmé un autre de ses avocats, Demba Ciré Bathily.
Selon Babacar Gaye, du Parti démocratique sénégalais (PDS) dirigé par l'ex-président Wade, «Karim Wade est en train de faire les frais de sa filiation avec Abdoulaye Wade. On a l'impression qu'il y a une démarche revancharde sur les vaincus du 25 mars» 2012.
Les avocats du fils Wade se sont en outre plaints que leur client ait été «empêché d'aller à l'extérieur» pour organiser sa défense. Karim Wade est depuis novembre 2012 interdit de sortie du territoire sénégalais avec six autres dignitaires de l'ancien régime.
Il est aussi visé par une enquête en France à la suite d'une plainte de l'Etat du Sénégal pour recel de détournement de fonds publics, recel d'abus de biens sociaux et corruption.
Plusieurs anciens barons du régime Wade, dont d'anciens directeurs de sociétés, ont été emprisonnés ces derniers mois dans le cadre des enquêtes sur l'enrichissement illicite déclenchée par le régime de Macky Sall, une «chasse aux sorcières», selon le PDS. Par AFP
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