Prévenus communiquant par langage codé et connus que par leurs surnoms, rendez-vous donnés d...
Prévenus communiquant par langage codé et
connus que par leurs surnoms, rendez-vous donnés dans des lieux publics
pour livrer la marchandise : le procès qui a débuté lundi à Marseille a
permis de plonger dans le fonctionnement quotidien de trafiquants
internationaux de drogue.
Parmi
les 24 prévenus qui comparaissent pour deux semaines devant le tribunal
correctionnel, soupçonnés d’association de malfaiteurs, ainsi que
d’acquisition et importation de stupéfiants en bande organisée, figure
un proche du grand banditisme corse, Francis Castola.
Surnommé
«Schumi» en raison, précise la présidente du tribunal Emmanuelle
Bessone, de «sa conduite sportive», il est notamment connu pour avoir
échappé à un règlement de comptes à Alata (Corse-du-Sud) en juin 2009.
Son frère Thierry et son père ont en revanche été assassinés.
Castola,
dont l’audition est prévue mardi, est soupçonné d’avoir participé à ce
vaste trafic, dont l’originalité est d’avoir utilisé un hélicoptère pour
acheminer résine de cannabis et cocaïne entre le Maroc et la France,
via l’Espagne, en plus des traditionnels convois par «go-fast», grâce à
de puissantes berlines aux caches aménagées de façon sophistiquée.
Claude
Lefebvre, dit «le motard» et qui a déjà purgé onze ans de prison, est
le premier prévenu interrogé lundi. Bras droit de Thierry Derlan, un
caïd niçois proche du milieu corse, connu pour s’être évadé en
hélicoptère des Baumettes en juin 1999, il est soupçonné d’avoir servi
de relais entre son patron «très méfiant», soupçonné d’être à la tête du
réseau mais tué en 2010 à Nice, et ses clients en usant d’un code.
Pour désigner Marseille, il utilisait «l’OM», Barcelone, c’était «le Barça» etc.
«On
va se faire un cinéma avec ma copine», signifiait ainsi que Derlan
donnait rendez-vous pour une transaction à un autre prévenu, Diègue
Campo, dont le rôle au sein du réseau était celui d’un «super commercial
de la drogue», chargé d’acheminer le «produit» entre Marbella, où il
résidait le plus souvent, et la Côte d’Azur.
Les rendez-vous se
faisaient toujours dans des lieux fréquentés: le parking du Palm Beach à
Cannes, celui d’un Go Sport, dans un salon de thé de la Croisette...
Quand la présidente l’interroge sur sa présence à ces rendez-vous,
Lefèbvre se défend: «je n’ai jamais assisté à une conversation, regardez
les photos (prises par les enquêteurs, ndlr), je suis toujours à
l’écart».
La présidente insiste. «Cette scène est une invention,
elle n’a jamais existé», réplique-t-il, invoquant ses sept traumatismes
crâniens, consécutifs à des accidents de moto, pour expliquer ses pertes
de mémoire éventuelles.
Un autre prévenu, Anas Tadini, se
présente à la barre. Joueur de poker professionnel, élégamment vêtu, ce
gaillard, dont le casier judiciaire comporte plusieurs condamnations,
était présent lors de la scène de transaction sur le parking du Go
Sport, que la présidente détaille: rendez-vous pris en plein jour,
multiples coups de fil passés en amont, inspection de toutes les
voitures garées, surveillance des allées et venues etc... Avant
d’aboutir à la remise d’un énorme sac à Tadini.
«C’était des
affaires personnelles, en vue d’un déménagement», affirme le prévenu.
«Pourquoi toutes ces précautions alors ?», rétorque la présidente. «A
aucun moment je n’ai fait de trafic, je ne suis pas concerné par ces
transactions», lâche-t-il.
Est alors entendu Campo, dont Mme
Bessone assure que, s’il n’est pas «la colonne vertébrale du dossier»,
il en est «un fil conducteur important» en tant que propriétaire d’un
box à Cannes, où étaient entreposés drogue, voitures et deux-roues.
Proche
d’un autre prévenu surnommé «le diamantaire», cet homme aux cheveux
poivre et sel a été écouté par les enquêteurs sur 18 lignes de téléphone
distinctes. Quand la présidente lui demande s’il était «en première
ligne des transactions», il répond, en mimant une télécommande: «Non, je
ne faisais qu’ouvrir le box».
Poursuite du procès mardi.
source :AFP
COMMENTAIRES