"Le premier flic de France au menton prognathe", "Manuel Valls et sa cohorte d'islamophobes": l'auteure du texte...
"Le premier flic de France au menton prognathe", "Manuel Valls et sa cohorte d'islamophobes": l'auteure du texte publié puis retiré mercredi 20 mars du siteLePoint.fr ne mâche pas ses mots. Sihem Souid réagit ainsi à la critique par le ministre de l'intérieur de la décision de la Cour de cassation sur l'affaire de la crèche Baby Loup. "Nicolas Sarkozy avait donné l'exemple en distribuant les bons et les mauvais points aux juges, faisant fi de la séparation des pouvoirs. Manuel Valls - est-ce un hasard ? - marche dans ses pas", déplore l'ancienne adjointe de sécurité qui avait dénoncé, dans un livre très médiatisé, Omerta dans la police (2010) des faits de racisme et de discriminations au sein de la police aux frontières d'Orly.
Le problème, c'est que Sihem Souid, qui, depuis 2009, était adjointe administrative à la Préfecture de police, a été détachée au ministère de la justice il y a quelques semaines. Cette proche de la garde des sceaux Christiane Taubira - elles ont participé ensemble à la campagne d'Arnaud Montebourg lors de la primaire socialiste - est chargée de mission au service de l'accès au droit et de l'aide aux victimes, Place Vendôme. "On n'imagine pas Christiane Taubira, ministre de la justice, commenter une décision du ministère de l'intérieur", conclut-elle son texte.
Charge contre Jeannette Bougrab
Et cela fait donc un peu désordre, à l'heure où les deux ministres affichent autant que faire se peut leur complicité... La tribune"Monsieur le ministre de l'intérieur, vous faites fausse route!" est restée en ligne de 8 heures à 17 heures. Elle a été twittée, retwittée, et, malgré son retrait, reste inscrite de manière indélébile dans la mémoire du Web.
Finalement, l'article a été supprimé, pas en raison du ministre de l'intérieur, mais à cause de la charge qu'il contient également contre l'ancienne patronne de la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde) d'avril à novembre 2010, Jeannette Bougrab. Sous sa présidence, la Halde avait effectué un revirement dans l'affaire Baby Loup, passant du soutien de la salariée voilée licenciée à celui de la crèche. A la même époque, la Haute autorité avait aussi rejeté le recours de Sihem Souid pour discrimination. Dans le texte, cette dernière évoque les "problèmes psychologiques et identitaires personnels" de l'ex-secrétaire d'Etat du gouvernement Fillon, qui est rangée dans la "cohorte d'islamophobes". La rédaction en chef du site LePoint.fr n'a pas souhaité commenter la disparition de la tribune.
"Je persiste et signe"
Pour la jeune femme, c'est un nouveau coup d'éclat, alors que son arrivée Place Vendôme s'était effectuée dans une certaine discrétion. Certes, le transfert avait fait râler certains de ses détracteurs, tant à la justice qu'à l'intérieur, d'autant plus qu'une rumeur persistante la donnait au cabinet de la garde des sceaux. Mais l'ordre de détachement a fini par être signé et, au ministère de la justice, tout a été fait dans les règles administratives. Cerise sur le gâteau, elle a été relaxée, le 28 février, par la cour d'appel de Paris, où elle comparaissait pour violation du secret professionnel.
Contactée, Sihem Souid "assume". "Je persiste et signe, je pense que Manuel Valls n'avait pas à donner son avis sur une décision de justice", explique-t-elle, ajoutant que le "menton prognathe" était une simple image signifiant l'ambition du ministre. Pas question de se taire, donc, malgré son poste Place Vendôme: "Je ne vais pas écrire tous les quatre matins, mais si les choses ne vont pas, je pousserais un coup de gueule. Je veux que la gauche soit la gauche." Sihem Souid est chroniqueuse invitée sur LePoint.frdepuis 2011. Elle est également chargée de la communication du club socialiste La Gauche forte, créé en janvier par le député du Cher Yann Galut et la sénatrice du Haut-Rhin Patricia Schillinger.
Laurent Borredon
ComoresOnline.net | أخبار من جزر القمر.
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