Allocution de Son Excellence Dr IKILILOU Dhoinine Président de l’Union des Comores, à l’occasion de la commémoration de la libération de l...
Allocution de Son Excellence Dr IKILILOU Dhoinine Président de l’Union des Comores, à l’occasion de la commémoration de la libération de l’Ile d’Anjouan
Mutsamudu, le jeudi 21 mars 2013
- Honorable Assistance,
Permettez-moi avant tout d’adresser aux Concitoyens que
vous êtes, au nom de la Nation tout entière, mes remerciements et
particulièrement, au Gouverneur de l’Ile Autonome de Ndzouani Anisse
Chamsidine, aux Autorités politiques, militaires et civiles, et à la
population de Ndzouani.
Mais aussi, et pour la circonstance, je saisis cette
heureuse opportunité pour adresser une mention spéciale aux habitants
de la belle ville de Mutsamudu pour l’accueil chaleureux qu’ils nous ont
réservé.
Honorable Assistance,
Notre pays les Comores, depuis bientôt 38 ans, a traversé beaucoup d’épreuves. Les unes plus rudes que les autres !
Pendant des années, nous nous sommes fait du mal mutuellement !
Pire, nous avons cru naïvement que ce sont les autres qui viendraient construire les Comores à notre place.
Mais encore, nous avons même pensé, en un temps, que les
autres, en nous apportant leur soutien, en nous appuyant sur nos
propres initiatives, certes d’une manière ostensible et continue,
étaient en train de construire notre patrie en lieu et place des
Comoriens que nous sommes.
Et c’est ainsi que conformément à nos comportements liés
à notre singularité d’insularité, ce qui n’est nullement pas péjoratif,
nous avons cru que nous serions au centre du monde.
Que les autres devraient se préoccupaient davantage de notre sort que nous-mêmes !
Nous avons construit dans notre subconscience et en dehors du temps et de l’espace, un monde hors normes.
Nous nous sommes contentés d’une société sans repères,
bref d’un Pays approximatif, d’une Nation sans substance où tout se
conjuguerait par rapport au lieu où on serait né ou encore où on
résiderait.
Et c’est ainsi que nous nous sommes laissés emportés jusqu’à ce que nous frôlions la catastrophe, l’apocalypse.
Nous avons, ensemble, sans retenu et maladroitement,
participé à l’autodestruction de ce que nous ont légués nos chers
parents, à savoir un Seul et unique Pays !
Nous nous sommes accusés mutuellement de tous les maux
et certains d’ailleurs continuent à le faire gratuitement encore
aujourd’hui !
Parfois ou même souvent, ils le font d’une manière
intéressée comme s’ils avaient une autre patrie que ce beau pays, ces
belles îles aux parfums, ces quatre points au fond d’un océan indien à
la fois riche et mythique !
C’est ainsi que nous avons gravement compromis notre
existence dans un monde où il faut beaucoup plus d’efforts et de
convictions pour émerger ; pour être reconnus comme membre à part
entière de la communauté des Nations !
Nos cœurs, remplis d’orgueil démesuré, notre foi en
nous quasi incertaine, nos débats presque stériles, nous ont conduit à
la dérive, à l’impensable !
Oui, chers concitoyens, notre bien-aimé pays, notre chère patrie, a failli être effacée de la carte du monde !
Nous ne serions pas parvenus à nous réconcilier,
aujourd’hui, les manuels d’histoire parleraient des Comores seulement au
passé ou plus précisément à l’imparfait c’est-à-dire que les historiens
diraient, parlant des Comores, je cite « il fut un pays qui s’appelait
les Comores » !
Alors quel sens aurions-nous donné à notre dignité, à notre fierté d’être comoriens ?
Heureusement, nous avons survécu et espérons que cela ne
fut qu’une parenthèse et Jurons au nom d’Allah, le Miséricordieux, que
Plus jamais ça !
Prenons, ensemble, cet engagement, parions sur le futur et oublions le passé !
Penchons-nous vers l’avenir, je vous l’exhorte !
Tel est le vœu que je nous formule en tant que Chef de
l’Etat, « Symbole de l’Unité nationale, Garant de l’intangibilité des
frontières ainsi que de la souveraineté de l’Union, Arbitre et
Modérateur du fonctionnement régulier des institutions » tel que stipulé
dans l’article 12 de la Constitution.
En effet, face à l’imminence d’une catastrophe, c’est le bon sens qui vous guide.
Mais aussi c’est la responsabilité historique, et
encore, c’est la conviction forte d’appartenir à un tout homogène et
harmonieux qui vous oriente.
Et enfin, c’est surtout la détermination à s’extraire
des sentiers battus, à faire fi de toute considération autre que celle
qui vous hisse au sommet de la Vertu, qui vous sauvent !
Ce sont ces valeurs-là, ces valeurs universelles et
conformes aux préceptes de notre religion l’Islam sunnite qui vous
façonnent et vous accompagnent vers l’avenir !
Et c’est la raison pour laquelle la prise de décision
n’est donc que l’aboutissement de la réflexion positive, mais avouons
aussi que les stratèges ont la possibilité d’en abuser !
Mais peu importe, puisque pour certains, la fin justifierait toujours les moyens !
C’est pourquoi, Honorable Assistance, je voudrais, sans
aucune autre considération que parler vrai,qu’au nom de la Nation, en
tant que Commandant en Chef, au nom de l’Armée Nationale de
Développement, je voudrais, disais-je, rendre un hommage appuyé à
l’ancien Chef de l’Etat, ancien chef Suprême des Armées, Ahmed Abdallah
Mohamed Sambi qui prit la décision d’engager nos forces armées pour
conduire l’opération « démocratie aux Comores ».
L’histoire militaire de notre pays retiendra surtout le
sens de l’appui déterminant des forces armées des pays amis et frères
dont la République Sœur Unie de la Tanzanie, du Soudan. Qu’elles en
soient remerciées.
La Commémoration de ce 5ème anniversaire est donc
l’occasion pour moi, et pour toute la Nation, de remercier d’abord la
population de Ndzouani pour sa maturité et son engagement pour la
sauvegarde de l’Unité Nationale.
De la population de Mwali pour l’accueil et
l’hospitalité séculaire qu’elle a renouvelée lors des préparatifs des
forces armées en vue de l’opération « démocratie aux Comores ».
De la population de Ngazidja pour le soutien moral et matériel déterminant pour mettre les troupes en confiance.
C’est surtout l’occasion pour renouveler nos
remerciements et exprimer notre gratitude aux pays amis dont l’apport ne
fut pas négligeable. Qu’ils en soient remerciés.
Pour notre Organisation continentale, l’Union Africaine,
grâce à laquelle la crise séparatiste a pris fin, au nom de la Nation,
j’exprime toute notre confiance et notre solidarité à tous les Etats
membres qui souffrent encore des crises de tout genre.
Et pour finir, c’est aussi l’occasion de renouveler
notre hommage aux Officiers, Sous-officiers et hommes du rang de l’AND
et de leur redire toute notre fierté pour leur patriotisme tout en
saluant la bravoure de tous ceux qui ont combattu, exposé leur vie et
réussi avec brio l’Opération Démocratie aux Comores, sans effusion de
sang.
Et maintenant nous devons tirer les leçons du passé pour préparer l’avenir.
J’ai personnellement donné des instructions fermes aux
responsables de la sécurité nationale pour que nos forces armées restent
sur le qui-vive afin de parer à toute éventualité.
Le Département de la défense est en chantier pour
préparer la stratégie nationale relative à la défense de notre patrie et
la sécurité des personnes et de leurs biens.
Désormais, les militaires vont devoir s’habituer à
circuler entre les îles, à travailler partout sur toute l’étendue du
territoire sans complexe.
Le séminaire en préparation sera l’occasion pour les
professionnels du métier de réfléchir et proposer des solutions justes
et adéquates afin de préserver l’Unité de ce pays.
Mes chers compatriotes,
Les problèmes du pays ne sont pas d’ordre politique. Ils sont d’ordre économique, social et culturel.
De notre capacité à nous unir, à nous réconcilier et à
relever nos manches pour relever ces défis, dépend alors le futur
immédiat de notre pays.
C’est pourquoi, je saisis l’occasion de cette cérémonie,
pour lancer solennellement, un appel, d’abord aux militaires pour faire
la paix et organiser leur métier pour lequel ils se sont engagés.
A toutes les anjouanaises et tous les anjouanais, pour le pardon mutuel et la réconciliation.
L’Union des Comores a besoin, pour être forte, d’une Ile de Ndzouani forte comme d’ailleurs de toutes les autres Entités.
Parce que le pays a besoin de toutes les énergies pour
renforcer la stabilité, au sein de la République et y consolider la paix
et l’Unité nationale qui est sacrée.
C’est pourquoi, j’encourage mon frère le Gouverneur
Anissi Chamsidine, à prendre des initiatives et à réunir les conditions,
pour un dialogue entre les fils et filles de cette Ile, en vue de
mettre un terme définitif à la division et à la rancune.
La paix n’a pas de prix. Elle n’est pas facultative.
Elle est une obligation d’abord conformément à notre culture imprégnée
d’un Islam tolérant, ensuite aux engagements internationaux auxquels
notre pays est lié.
Je voudrais ensuite, appeler toutes les Comoriennes et
tous les Comoriens à faire preuve, à tous les instants, de patriotisme,
et à inculquer aux jeunes générations, le sentiment partagé d’appartenir
à un même pays.
Car que l’on soit né à Ngazidja, à Mwali, à Ndzouani, ou
à Maoré, nous avons le devoir de renforcer notre Nation, bâtie sur des
valeurs communes.
Ces valeurs sont puisées dans une tradition islamique
tolérante, et une pratique religieuse, sincère et profonde, héritée de
prestigieux et d’illustres prédécesseurs.
Je le clame haut et fort car la paix, la stabilité, la
cohésion et la concorde, sont nos biens les plus précieux sans lesquels
nous ne saurions parvenir durablement au bien-être auquel nous aspirons
tant.
Vive la République,
Vive les Comores,
Vive la Solidarité Internationale,
Je vous remercie.
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