Un lac de cratère à Mayotte pourrait ressembler aux écosystèmes marins de plus de 2 milliards d’années. Son exploration par des chercheurs ...
Un lac de cratère à Mayotte pourrait ressembler aux écosystèmes marins
de plus de 2 milliards d’années. Son exploration par des chercheurs de
l’IRD et de l’Institut de Physique du Globe de Paris livre les premières
révélations.
Domaine des Djiins et paré de vertus mystérieuses pour les habitants de Mayotte, le Dziani Dzaha se révèle une aubaine pour les chercheurs de l’Institut de Physique du Globe de Paris et de l’IRD. Niché au fond d’un cratère de plus de 7 000 ans, ce lac recèle une combinaison particulière de communautés microbiennes et de conditions géochimiques qui le rend assez unique même parmi les lacs de cratères ou les lacs sursalés.
Les premiers résultats des campagnes d’échantillonnage et d’expérimentation menées de 2012 à 2012 sont à la hauteur des légendes locales.
« L’écologie microbienne y est hors normes, s’exclame Christophe Leboulanger, chercheur à l’IRD. La densité bactérienne, en particulier celle des cyanobactéries (visibles à l’œil nu et capables de réaliser la photosynthèse), est de 50 à 100 fois plus élevée que dans les milieux marins ou lacustes classiques. » Ce sont justement ces cyanobactéries qui donnent au lac sa fabuleuse couleur vert émeraude. Quant à l’anoxie dès un mètre sous la surface, l’écologiste microbien a la réponse : « Les cyanoactéries des premiers mètres sont si nombreuses qu’elles bloquent la pénétration de la lumière, or celle-ci est le moteur de la photosynthèse. Pour respirer, les micro-organismes situés en dessous consomment tout l’oxygène disponible en profondeur. » Tout ce petit monde représente beaucoup de biomasse qui sédimente au fond du lac et est à son tour dégradée par d’autres types de micro-organismes qui produisent du méthane, les archébactéries.
Cette activité biologique intéresse bien évidemment les chercheurs. « Dans ce milieu original se réalise naturellement les phénomènes à l’œuvre dans les bio-procédés industriels de méthanisation », affirme Christophe Leboulanger. Magali Ader, sa collègue paléogéochimiste à l’Institut de Physique du Globe de Paris, exprime le même enthousiasme : « L’écosystème est également remarquable au plan géochimique, la composition observée ressemble à celle de certaines roches sédimentaires datées d’il y a 2,2 milliards d’années. » Pour les deux scientifiques, ce lac salé est envisagé comme un analogue actuel des écosystèmes marins de la terre ancienne. Ce qui offre une extraordinaire opportunité de remonter le temps.
Le Dziani Dzaha risque d’être très scruté dans les années à venir, géochimistes, éco-physiologistes et biologistes moléculaires n’ont qu’une idée en tête : y retourner pour y percer tous ses mystères.
© Sciences au Sud, le journal de l’IRD n° 67.
Domaine des Djiins et paré de vertus mystérieuses pour les habitants de Mayotte, le Dziani Dzaha se révèle une aubaine pour les chercheurs de l’Institut de Physique du Globe de Paris et de l’IRD. Niché au fond d’un cratère de plus de 7 000 ans, ce lac recèle une combinaison particulière de communautés microbiennes et de conditions géochimiques qui le rend assez unique même parmi les lacs de cratères ou les lacs sursalés.
Les premiers résultats des campagnes d’échantillonnage et d’expérimentation menées de 2012 à 2012 sont à la hauteur des légendes locales.
« L’écologie microbienne y est hors normes, s’exclame Christophe Leboulanger, chercheur à l’IRD. La densité bactérienne, en particulier celle des cyanobactéries (visibles à l’œil nu et capables de réaliser la photosynthèse), est de 50 à 100 fois plus élevée que dans les milieux marins ou lacustes classiques. » Ce sont justement ces cyanobactéries qui donnent au lac sa fabuleuse couleur vert émeraude. Quant à l’anoxie dès un mètre sous la surface, l’écologiste microbien a la réponse : « Les cyanoactéries des premiers mètres sont si nombreuses qu’elles bloquent la pénétration de la lumière, or celle-ci est le moteur de la photosynthèse. Pour respirer, les micro-organismes situés en dessous consomment tout l’oxygène disponible en profondeur. » Tout ce petit monde représente beaucoup de biomasse qui sédimente au fond du lac et est à son tour dégradée par d’autres types de micro-organismes qui produisent du méthane, les archébactéries.
Cette activité biologique intéresse bien évidemment les chercheurs. « Dans ce milieu original se réalise naturellement les phénomènes à l’œuvre dans les bio-procédés industriels de méthanisation », affirme Christophe Leboulanger. Magali Ader, sa collègue paléogéochimiste à l’Institut de Physique du Globe de Paris, exprime le même enthousiasme : « L’écosystème est également remarquable au plan géochimique, la composition observée ressemble à celle de certaines roches sédimentaires datées d’il y a 2,2 milliards d’années. » Pour les deux scientifiques, ce lac salé est envisagé comme un analogue actuel des écosystèmes marins de la terre ancienne. Ce qui offre une extraordinaire opportunité de remonter le temps.
Le Dziani Dzaha risque d’être très scruté dans les années à venir, géochimistes, éco-physiologistes et biologistes moléculaires n’ont qu’une idée en tête : y retourner pour y percer tous ses mystères.
© Sciences au Sud, le journal de l’IRD n° 67.
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