L'engin, qui a été actionné à distance, a explosé dans la ville d'Hazara, où les chiites sont majoritaires, non loin de Quetta, la c...
L'engin, qui a été actionné à distance, a explosé dans la ville d'Hazara, où les chiites sont majoritaires, non loin de Quetta, la capitale de la province riche en pétrole et en gaz du Baloutchistan.
«Au moins 63 personnes ont été tuées» et au moins 200 blessées, a déclaré à l'AFP Fayaz Ahmed, un haut responsable local de la police, revoyant à la hausse de précédents bilans. «C'était une bombe télécommandée. la cible de cet attentat était la communauté chiite», a précisé Wazir Khan Nasir, un autre responsable de la police.
«L'édifice où la bombe avait été cachée s'est effondré» et des gens sont «prisonniers des décombres», a dit à l'AFP le secrétaire chargé des affaires intérieures de la province, Akbar Hussain Durrani, précisant que des femmes et des enfants faisaient partie des personnes tuées.
Après l'attentat, une foule en colère a encerclé le quartier et jeté des pierres en direction de la police, accusée de ne pas protéger les chiites, ont raconté des témoins.
Les violences contre la minorité chiite, jugée hérétique par certains groupes sunnites extrémistes, se sont multipliées ces dernières années au Pakistan, notamment au Baloutchistan.
L'attentat a été revendiqué auprès de journalistes locaux à Quetta par le Lashkar-e-Jhangvi (LeJ), un groupe armé sunnite fondé au milieu des années 90 et officiellement banni au Pakistan, ce qui ne l'empêche pas de commettre des attentats.
Ce mouvement armé avait d'ailleurs revendiqué le mois dernier l'attaque la plus meurtrière jamais perpétrée contre les chiites au Pakistan, un double attentat suicide dans et devant un club de billard à Quetta qui avait provoqué la mort de plus de 80 chiites.
Après ce drame, des milliers de chiites avaient fait un sit-in de protestation en face du salon de billard, refusant d'enterrer leurs proches, un geste rare dans le monde musulman, où les défunts doivent être inhumés le jour même ou le lendemain au plus tard. Et le pouvoir central à Islamabad avait limogé le gouvernement provincial.
Des cibles régulières
Selon l'organisation Human Rights Watch (HRW), plus de 400 chiites ont été tués au Pakistan en 2012, «l'année la plus sanglante» pour cette communauté dans l'histoire de ce pays. Mais l'intensification des violences contre les chiites, qui ont fait au moins 165 morts depuis janvier, fait craindre une année 2013 encore plus meurtrière. HRW avait dénoncé «la lâcheté et l'indifférence des autorités» face à ces «massacres de sang-froid».
Le Premier ministre pakistanais Raja Pervez Ashraf a condamné samedi soir ce nouvel attentat et appelé à ce que ses organisateurs soient arrêtés et traduits devant les tribunaux.
Le Pakistan est en outre le théâtre d'une guerre d'influence entre l'Arabie saoudite, soupçonnée de financer des mouvements wahhabites, une tendance ultra-orthodoxe de l'islam sunnite, et l'Iran rivale, première puissance chiite, selon de nombreux analystes.
L'attentat de samedi à Quetta est aussi intervenu sur fond de crise politique au Baloutchistan, et à l'approche d'élections nationales devant se dérouler d'ici à la mi-mai. (afp)
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