Une vidéo publiée ce mardi sur le réseau Youtube montre en direct le suicide d’une « petite bonne » au Maroc. On aperçoit la jeune fille ...
Une vidéo publiée ce mardi sur le réseau
Youtube montre en direct le suicide d’une « petite bonne » au Maroc. On
aperçoit la jeune fille se jeter du quatrième étage d’un immeuble.
Le choc. Une « petite bonne » a tenté
de se suicider en se jetant du quatrième étage d’un immeuble du quartier
Bourgogne à Casablanca, au Maroc. Les images ont été tournées par un
amateur à partir d’un bâtiment voisin. Alors que certains médias ont
conclu à une mort directe, nous avons voulu en savoir davantage. Car en
réalité, ce que la vidéo ne révèle pas, c’est qu’au bout de sa chute, la
jeune fille est tombée sur un jeune homme qui tentait de la rattraper.
Celui-ci est décédé sur le coup. Quant à la « petite bonne », elle a été
transportée d’urgence à l’hôpital avant de décéder, selon des témoins,
le lendemain matin.
Selon les derniers éléments de notre enquête, la jeune fille, tout
juste âgée de 17 ans, travaillait chez un médecin. Quelles ont été les
motivations de cette fille à commettre un tel acte ? Selon des témoins,
son employeur aurait téléphoné aux parents de la défunte pour leur
expliquer que leur fille sortait tard le soir. Info ou intox ? Nous
connaissons en tout cas les conditions de vie des « petites bonnes » au
Maroc. A moins de ne pouvoir rentrer chez elles chaque soir, elles n’ont
pas le droit, en règle générale, de sortir tard la nuit et même pendant
la journée si ce n’est pour accompagner les maîtresses de maison dans
leurs déplacements ou bien pour aller faire des courses.
Contactée par Afrik.com, la présidente de l’Association
marocaine des droits humains (AMDH), Khadija Ryadi, avoue ne pas être
encore au courant de cette nouvelle affaire de suicide. Nous
interrompons donc la conversation, laissant Khadija Ryadi prendre
contact avec l’annexe AMDH de Casablanca et tenter d’en savoir
davantage.
Le chargé de communication de l’Association marocaine pour les Droits
des femmes (AMDF) affirme en revanche avoir été informé de ce nouveau
drame. « Je ne peux pas dire grand chose avant d’avoir les informations
nécessaires », déclare Mustapha Kassou. « Il est vrai que les conditions
de vie des petites bonnes sont précaires et les associations féminines
et des droits des enfants luttent, entre autres, pour mettre un terme à
ce genre de pratique », poursuit-il. Mais lorsque nous lui demandons de
donner son opinion sur ce nouveau suicide, Mustapha Kassou est confus
dans ses propos : « il faut attendre d’avoir les résultats de
l’autopsie. Sur la vidéo, on voit très clairement que la jeune fille
marque un temps d’arrêt avant de se jeter. On peut supposer qu’elle
réfléchissait à deux fois avant de vouloir se suicider. Peut-être même
qu’elle a mangé quelque chose qui l’a rendu comme ça. » Pour un militant
des droits de la femme, cette dernière réponse est surprenante. Mais
qu’a bien pu manger cette jeune fille pour se jeter du haut d’un
immeuble ?
Un projet de loi qui traîne
Nombreuses sont les jeunes filles mineures au royaume de Mohammed VI
considérées comme des esclaves. Cela fait six ans qu’un projet de loi
destiné à protéger les « petites bonnes » est dans l’attente d’une
présentation au Parlement. Lors de son élection, Abdelilah Benkirane a
promis de classer le dossier parmi les priorités. Or, plus d’un an après
l’arrivée au pouvoir du parti islamiste Justice et Développement (PJD),
rien n’a changé. Pire encore, d’après un rapport de Human Rights Watch
(HRW), le phénomène persiste et les jeunes filles sont employées parfois
dès l’âge de huit ans, du lundi au dimanche, pour un salaire misérable
de 55 euros. La plupart du temps, ce sont les parents de la jeune
esclave qui perçoivent les rémunérations.
Les proies ne manquent pas. Pauvreté, situation très précaire, les
familles souvent issues des milieux ruraux sont nombreuses à proposer
leurs enfants pour gagner de l’argent. Très souvent, les familles riches
font appel à des « recruteurs », peu scrupuleux, afin de jouer les
intermédiaires. Ceux-ci promettent de bonnes conditions de travail mais
aussi de vie. A l’arrivée, la réalité est toute autre. Souvent battues,
les petites bonnes travaillent du matin jusqu’à très tard le soir et
n’ont pas le droit de déjeuner et de dîner avant les familles chez qui
elles sont exploitées. Elles récupèrent, dans la majorité des cas, les
restes.
A ce jour, aucun chiffre ne permet de déterminer avec exactitude le
nombre de petites bonnes employées au Maroc. Mais selon le
Haut-Commissariat au plan, près de 123 000 enfants de moins de 15 ans,
toute catégorie de travail confondue, sont employés au Maroc.
Par source : afrik.com
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