Tout reprendre pour un tout petit point. En ce début d’année, Viliène s’avoue lasse. « Je n’ai pas envie de baisser les bras, pour mes fil...
Tout reprendre pour un tout petit
point. En ce début d’année, Viliène s’avoue lasse. « Je n’ai pas envie
de baisser les bras, pour mes fils, et ma fille qui est née en France.
Mais c’est beaucoup de souffrances », reconnaît la mère de famille
haïtienne. Fin décembre, cette habitante de Châtenay-Malabry s’est vue
refuser la nationalité française par la sous-préfecture d’Antony.
A son test de connaissance de français (TCF), elle n’a en effet
obtenu que 299 points à la compréhension orale, au lieu des 300, requis
depuis le 1er janvier 2012 pour les prétendants à la naturalisation.
« J’avais déjà mis plusieurs mois pour obtenir
un rendez-vous à la sous-préfecture, fin décembre. Alors quand la dame
m’a dit que je n’avais pas le niveau de français, je n’y croyais pas »,
raconte Viliène.
En août, lorsqu’elle passe les deux épreuves du centre de Sèvres,
Viliène sort pourtant confiante : « La dame qui m’a fait passer les
épreuves m’a dit que c’était bon. Je ne savais pas quel niveau je devais
obtenir, mais je n’étais pas inquiète », se souvient-elle.
C’est lors de son rendez-vous, quatre mois plus tard, qu’on
l’informe, à la sous-préfecture d’Antony, que son niveau de français
n’est pas suffisant. « Même la personne à qui j’ai montré les notes
était étonnée. Mais on m’a dit que mon seul recours était de repasser un
nouveau test », lâche Viliène. Et débourser encore au moins 100 €.
« C’est comme si on voulait nous empêcher de devenir français. Depuis un an et demi, je cours
les administrations pour monter mon dossier. On m’a demandé des
certifications, alors même que la langue officielle à Haïti est le
français! Sans compter les timbres fiscaux ou les photocopies. J’ai déjà
dépensé plus de 1800 €. Je suis dans le rouge tous les mois. Je ne peux
pas continuer comme ça », s’inquiète-t-elle.
Il y a deux ans déjà, elle avait affronté les affres de l’administration pour permettre à ses fils de la rejoindre en France. « Pourquoi est-ce si compliqué? Je travaille, je paie des impôts,
mes enfants ont obtenu des diplômes. Ma vie est ici. Si je ne savais
pas parler français, je ne réussirai pas à faire tout cela »
interroge-t-elle.
Mais, de son côté, la préfecture, qui instruit les dossiers
et envoie les naturalisations à valider au ministère de l’Intérieur,
assure ne rien pouvoir faire. « Il faut repasser les tests »,
explique-t-on.
Du côté du secrétariat général de l’immigration, pourtant, on affirme
le contraire : « Au sein du ministère, il nous fallait établir des
normes sur le niveau de français exigé. Mais pour quelques points, les
préfets et sous-préfets disposent bien évidemment d’un pouvoir
d’appréciation et d’une forme de souplesse. Dans ce cas, il me semble
que la sous-préfecture devrait pouvoir répondre favorablement »,
souligne Michel Auboin, directeur de l’intégration au ministère de
l’Intérieur.
Dès lundi, avec l’aide de RESF (Réseau éducation sans frontières),
elle devrait envoyer un recours au sous-préfet. Mais le temps presse. A
la fin du mois, une partie des certifications arrivera à expiration. Il
faudra alors que Viliène recommence le parcours du combattant pour
devenir française.
Le Parisien
COMMENTAIRES