Devant les Ambassadeurs et Chefs de Missions de l’Union des Comores à l’étranger et les diplomates nationaux qu’il a réunis ce samedi ...
Devant les Ambassadeurs et Chefs de Missions de
l’Union des Comores à l’étranger et les diplomates nationaux qu’il a
réunis ce samedi 5 janvier 2013 au Ministère des Relations Extérieures,
dans le cadre des vœux du nouvel an, le chef de l’Etat, SE Dr IKILILOU
Dhoinine, a rappelé les grandes lignes de la diplomatie comorienne.
Entouré du Vice-président SE Dr Fouad MOHADJI et de SEM
Mohamed BAKRI Ben Abdoulfatah Charif, Ministre des Relations
Extérieures, le Président de la République a, à cette occasion, prononcé
l’allocution dont nous publions ci-après l’intégralité
Monsieur le Ministre des Relations Extérieures,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Chefs des Missions Diplomatiques,
En ce début de l’année 2013 et à quelques quatre mois du
second anniversaire de mon accession à la magistrature suprême de notre
pays, j’ai pris l’initiative de vous réunir tous, au Ministère des
Relations Extérieures, pour deviser avec vous sur notre diplomatie et
votre façon de travailler.
Je vous remercie donc d’être venus.
Permettez-moi tout d’abord de profiter de cette occasion
rare d’être avec presque tous les Chefs des Missions de l’Union des
Comores à l’étranger et les diplomates ainsi que tout le personnel du
Ministère, pour vous présenter mes vœux, les meilleurs de nouvel an et
vous souhaiter santé et prospérité pour vous-mêmes et pour tous les
vôtres et je vous demande de transmettre à tous vos collaborateurs les
souhaits que je forme à leur intention.
= Mesdames et Messieurs,
Nous le savons : l’année 2013 comme 2012, sera une année
de très grandes difficultés, sans doute l’une des plus difficiles
depuis des décennies.
D’abord, sur le plan économique et donc sur le plan
social. En effet la crise internationale qui secoue les Grands Etats du
Nord a des conséquences directes sur nos économies restées profondément
tributaires du capitalisme mondial.
Notre principal partenaire, l’Union Européenne n’étant
pas épargné, il est tout à fait normal que nous ressentions
douloureusement les effets de la crise.
Dans ces conditions, nous n’avions plus de choix.
Il nous a fallu remplir nos engagements vis-à-vis de nos
partenaires multilatéraux notamment, les institutions financières et
monétaires internationales, à savoir la Banque Mondiale et le Fonds
Monétaire International pour espérer remettre le pays sur les rails du
développement.
J’ai le plaisir de vous annoncer que le Gouvernement de
la République vient de remporter une victoire grâce aux efforts de tous
les comoriens dont nos diplomates. Nous avons atteint le point
d’achèvement de l’Initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés.
Ensuite, sur le plan de la sécurité internationale ou
plutôt sur le front de la guerre et de la paix, la situation n’est pas
satisfaisante.
Après les évènements qualifiés de « printemps arabe », certes, les peuples concernés ont vaincu la peur et gagné en démocratie.
Cependant, la paix obtenue, vous le savez aussi bien que
moi, est très fragile. Ces pays ont besoin du soutien multiforme de
toute la communauté internationale dont notre pays.
Notre pays a un devoir envers ces pays frères avec lesquels nous partageons beaucoup de choses.
D’autant que dans ce vaste arc de crise qui va du
Proche-Orient au Pakistan, les conflits historiques connus ne semblent
pas trouver de solution malgré la détermination et l’engagement de toute
la communauté internationale.
Le conflit israélo-palestinien, la guerre en Syrie, le
conflit interne en Afghanistan avec ses implications sur le plan
régional et international, ont met le monde en émoi chaque jour.
Dans notre région, au nom de la Nation, je formule les
vœux que la République sœur de Madagascar retrouve au plus vite le
chemin du retour à la légalité constitutionnelle pour la concorde du
Peuple frère de la Grande Ile.
Enfin, sur le plan diplomatique, beaucoup desdifficultés
semblent compliquer la tâche des diplomates pour réussir l’union sacrée
du monde moderne face aux grands défis mondiaux : La négociation sur le
climat, la défense de notre Environnement, pour ne citer que ces cas,
sont autant de difficultés face auxquelles nous devons nous affirmer.
Mais l’année 2013 peut aussi être une année fondatrice.
Une année de naissance d’un nouvel ordre mondial ; une année de progrès
décisifs vers la paix. Cela ne dépend que de notre volonté.
Un dirigeant du monde s’est interrogé à ce propos, je
cite « Voulons-nous subir la crise ou voulons-nous rebondir grâce à la
crise ? ».
C’est précisément ce que le Gouvernement de la République a décidé lors du séminaire Gouvernemental.
Ne plus subir les événements mais être acteur. Ne pas
être à la défensive, mais s’attaquer aux problèmes, à leurs racines,
avec audace et détermination.
Je me suis engagé personnellement en tant que Premier
Magistrat du pays. Cette année 2013, je l’aborde avec la volonté, la
détermination de tout faire, de tout mettre en œuvre pour que notre pays
échappe à la fatalité.
Pour qu’il retrouve le chemin de la croissance économique.
Ce faisant, nous avons décidé d’adopter par exemple, des
règles claires et universelles pour réguler notre sphère financière.
Nous sommes tous tenus à les respecter désormais.
Aussi, nous avons approuvé des objectifs ambitieux mais
indispensables pour permettre à notre pays de remplir ses obligations
internationales.
C’est ainsi que nous nous sommes rapprochés de façon
décisive vers des Organisations internationales, régionales et sous
régionales en répondant positivement mais progressivement à nos
obligations statutaires.
L’Etat, grâce aux efforts du Ministère des finances, est
devenu propriétaire des immeubles dans certains pays pour permettre à
nos missions diplomatiques de travailler dans la dignité.
Ceci pour vous permettre d’être à l’aise lors de vos entretiens avec vos collègues à l’étranger.
Alors, Mesdames, Messieurs les Chefs des Missions
Diplomatiques à l’étranger, tout n’est pas en rose, mais je vous demande
de rester dignes des missions qui vous sont confiées.
Vous me trouvez sans doute trop ambitieux. Peut-être ; surtout si vous avez le sentiment que j’ai : « SOLITAIRE ».
Mais permettez-moi de vous donner la raison principale
du volontarisme qui m’anime et que je revendique : je suis convaincu, à
l’inverse de tous les raisonnements diplomatiques habituels ou comme on
dit « diplomatiquement correct », que le temps joue contre nous.
Je vous le dis parce qu’en réalité, nous n’avons plus de temps.
Le monde évolue si vite qu’un petit retard dans la prise
de décisions dans un domaine comme le vôtre, nous éloigne de nos
partenaires pourtant nécessaires au développement de notre pays.
Croire que l’on a le temps, c’est une erreur stratégique majeure.
Voilà pourquoi tout en vous rappelant les dispositions
pertinentes de notre loi fondamentale notamment l’article 12 selon
lequel le Président de l’Union « ...assure la plus haute représentation
de l’Union dans les relations internationales. Il est le garant du
respect des traités et accords internationaux. Il détermine et conduit
la politique étrangère », je vous demande de changer vos comportements.
Vous devez mettre de l’ordre dans votre maison et
m’accompagner dans ces ambitions qui, franchement, ne sont que les
ambitions des comoriens. Voir rayonner notre diplomatie.
Ce qu’il faut faire, nous le savons. Alors, faisons-le. Les idées sont sur la table. Vous les avez en tête.
Qu’attendez-vous ? Je sais que ce que l’on ne fera pas en 2013, sera encore plus difficile à faire en 2014.
Voilà la réalité des choses. J’en appelle à votre
conscience collective, à votre professionnalisme mais surtout à votre
patriotisme.
Je voudrais que cet appel constitue la première rupture
de mauvaises habitudes. Que vous compreniez enfin que nous n’avons plus
le temps. Tout presse. C’est la vérité.
C’est la priorité de 2013 que les hommes et les femmes
qui sont aux responsabilités utilisent ces responsabilités pour agir et
non pas pour commenter.
Pour agir et non pas pour attendre. Parce que
finalement, l’attente sans ne rien faire, ce n’est rien d’autre que de
la complicité. Voilà la réalité des choses. Ceux qui ne feront rien
contre la corruption, contre la prise de mauvaises décisions au MIREX,
pourtant malmenant nos relations traditionnelles avec nos partenaires
seront sévèrement sanctionnés.
Ceux qui ne feront rien pour la reconquête de notre
place au sein de la communauté des nations, ne seront plus maintenus à
leur poste.
Ceux qui continueront à se contenter de l’immobilisme
qui semble caractériser certains fonctionnaires dans ce Ministère,
rendront des comptes.
Je suis venu vous le dire moi-même parce que très franchement je suis persuadé que certains parmi vous le pensent aussi.
La mauvaise gouvernance, je le dis comme je le pense, ce
n’est pas une fatalité. Elle est le résultat des excès dans tous les
secteurs dans l’administration. Elle est le résultat d’un laisser-aller
infécond. Elle est surtout la conséquence directe de l’absentéisme et
l’incompétence avérée.
Mais encore, la mauvaise gouvernance est le résultat de
l’éclatement d’une gigantesque montagne d’actions non concertées et donc
non-coordonnées dans nos administrations publiques et qui aurait donc
accouché d’une souris.
Je ne le dis pas en termes diplomatiques, certes, mais
je décris très exactement ce que des dizaines, des centaines de millions
de gens à travers notre pays décrivent parfaitement et cela ne vous
honore point.
Parce que lorsqu’on se hasarde de vous poser la question
de responsabilités au sein de votre département sur ce qui nous arrive
chaque jour, vous répondez avec la courtoisie qui est la vôtre en tant
que diplomates, et vous dites que l’on a du mal à désigner les
responsables.
Non, nous avons tous une part de responsabilité.
Mais il y en a certains qui ont encore plus de
responsabilités que les autres et qui doivent aujourd’hui les assumer.
Parce qu’un monde où personne n’a de responsabilité, c’est un monde qui
deviendra ingouvernable.
La mauvaise gouvernance est enfin, une sorte d’inconscience collective de la valeur des fonctions que nous exerçons.
Ce qui nous arrive aujourd’hui, après 37 ans d’indépendance mais également d’insouciance, cela devait finir par arriver.
Mesdames, Messieurs,
Notre pays doit trouver les voies et moyens pour booster
nos relations avec notre partenaire principal, sans passion, mais aussi
sans abdiquer.
En tant que professionnel, l’exercice n’est pas si
compliqué puisque en tant que pays membre des Nations Unies, nous avons
le devoir de respecter sa Charte et ses principes.
Nul ne conteste l’appartenance de l’Ile de Ngazidja, de
Mwali, de Ndzouani et encore moins de Maoré, à l’Ensemble Naturel qu’est
les Comores.
Le problème se pose d’une façon simple et concrète :
Aujourd’hui, à l’heure où je vous parle, la France, ancienne puissance
coloniale, administre illégalement, du point de vue du droit
international, une partie de notre territoire.
Alors comment concilier notre intérêt vital, la raison
même de l’existence de notre Etat à la nécessité de vivre ensemble en
paix dans notre région ?
Avons-nous l’idée d’abandonner un jour cette revendication légitime ?
La réponse est NON. Tout le monde ici le sait. Mais ne
sommes-nous pas suffisamment intelligents pour vivre ensemble avec ceux
qui sont nos frères et sœurs dans la concorde ?
Vous avez le devoir, en tant que professionnel du métier, de résoudre cette équation ou tout au moins de l’équilibrer.
Une chose est sûre : sans le dialogue permanent avec
tous les acteurs, vue la place géostratégique que notre pays occupe, il
serait suicidaire d’imaginer une sortie responsable de cet imbroglio
dans lequel nous nous trouvons.
Je vous exhorte de plus d’imaginations, de plus de retenu pour qu’enfin nous trouvions un début de sortie de ce tunnel.
Nul doute qu’avec la France, nous sommes tout simplement condamnés à coopérer avec sincérité et loyauté.
Nous avons l’obligation d’être les Représentants d’un
Etat responsable, d’une Nation où les valeurs de tolérance liées à notre
appartenance à un Islam sunnite profondément basé sur la paix et le
dialogue,sont immuables.
D’ailleurs, sans être prétentieux, la diplomatie ne
serait-t-elle pas la conduite de négociations entre les personnes, les
groupes ou les nations en réglant un problème sans violence ?
Elle ne serait-t-elle pas la mise en œuvre de la politique étrangèred’un Etat par l’intermédiaire des diplomates ?
Alors, Mesdames et Messieurs, soyez diplomates et c’est tout ce que nous vous demandons.
Pour terminer mon propos et espérer que désormais chacun
en ce qui le concerne, nous allons nous mettre au travail, je vous
renouvelle mes vœux de bonne et heureuse année 2013.
Vive la solidarité internationale,
Vive la République,
Vive les Comores dans la paix.
Je vous remercie.
Beit salam
COMMENTAIRES