Allocution de Son Excellence Docteur IKILILOU DHOININE, Président de l’Union des Comores lors de la clôture du Séminaire Gouvernementa...
Allocution de Son Excellence Docteur IKILILOU DHOININE, Président de l’Union des Comores lors de la clôture du Séminaire Gouvernemental
Palais du Peuple, le 28 décembre 2012
Honorable Assistance,
Nous voici à la fin du séminaire gouvernemental désormais faisant partie intégrante de nos mœurs républicaines.
Je voudrais d’ores et déjà exprimer aux participants,
Membres du Gouvernement et des Cabinets ministériels, ma très profonde
sympathie pour le temps que vous vous êtes donné afin de faire le bilan
de l’action gouvernementale de l’année écoulée.
Cet exercice, comme je l’ai déjà exprimé, constitue sans
aucun doute, notre volonté de rendre notre action davantage
transparente mais encore conforme à l’idée que nous nous faisons de la
gouvernance.
En effet, la bonne gouvernance aujourd’hui est le baromètre grâce auquel nous pouvons être jugés.
Aussi, en faisant ce travail, nous participons en même
temps à la pérennisation et à la consolidation de la démocratie dans
notre pays.
En réalité, comment devons-nous comprendre la bonne gouvernance et quels en seraient les principaux aspects ?
La gouvernance est une vaste notion qui englobe tous les
aspects de la gestion des affaires d’un pays, notamment la politique
économique, le cadre réglementaire et l’état de droit.
La corruption (l’abus d’autorité ou de confiance dans
l’exercice de la puissance publique détournée à des fins
d’enrichissement personnel) y est étroitement liée, la mauvaise
gouvernance ouvrant la voie aux abus et incitant davantage à la
corruption.
La corruption mine la confiance de l’opinion publique à
l’égard des pouvoirs publics. Elle menace aussi l’intégrité du marché,
elle fausse la concurrence et nuit au développement économique.
La mauvaise gouvernance nuit manifestement à l’activité et au bien-être économique.
C’est dans ce cadre que la mission de surveillance du
Fonds Monétaire International consiste à procéder chaque année à un
réexamen des politiques économiques menées par les pays membres, dans le
cadre du processus dit des consultations au titre de l’article IV.
C’est dans ce cadre qu’il peut donner des avis de politique générale, le
cas échéant, sur les questions de gouvernance.
Un grand nombre des conditions structurelles incluses
dans les programmes appuyés par le FMI portent sur des mesures
d’amélioration de la gouvernance, notamment le renforcement du contrôle
des dépenses budgétaires, la publication des comptes audités des
organismes publics et des entreprises publiques, la rationalisation et
le retrait des mesures arbitraires de l’administration des recettes,
l’amélioration de la transparence de la gestion des ressources
naturelles, la publication des comptes audités de la Banque centrale, et
l’application plus stricte de la supervision bancaire.
Dans tous ces domaines, le FMI apporte aussi une
assistance technique qui contribue à la bonne gouvernance. Il aide
aussi les pays à renforcer leurs moyens de lutte contre la corruption en
offrant des conseils sur la mise en place de dispositifs juridiques à
cet effet.
Le FMI encourage la bonne gouvernance par des
initiatives spécifiques, qui entrent dans le cadre de ses activités de
surveillance, de prêt et d’assistance technique. Plusieurs de ces
initiatives sont menées en étroite collaboration avec la Banque mondiale
et d’autres organisations.
Je voudrais donc rappeler à juste titre, que la décision
du Fonds Monétaire et de la Banque Mondiale en faveur de l’Union des
Comores pour le point d’achèvement de l’IPPTE, est surtout le résultat
de cette surveillance.
Ces organismes nous encouragent à améliorer la
responsabilisation en rendant plus transparente la divulgation des
documents, conformément à leur politique en matière de transparence.
Nous sommes, par conséquent, dans l’obligation de
redoubler nos efforts en matière de maîtrise de nos dépenses publiques
mais en même temps d’améliorer nos recettes.
Honorable Assistance,
Puisque nous sommes constamment évalués, nous devons
donc nous prendre en mains et nous évaluer nous-mêmes pour le bien de
nos populations mais encore pour que notre conscience soit tranquille.
Ceci parce que la bonne gouvernance ne serait pas un
vain mot. Il ne serait non plus une mode juste pour paraître. Il ne
serait pas enfin une fourberie. Elle est une véritable méthode
scientifique de conduite des affaires de l’Etat.
J’en citerai six éléments constitutifs :
D’abord, il s’agit de l’obligation de rendre compte. Sur
ce, les administrations publiques doivent être capables et désireuses
de montrer en quoi leur action et leurs décisions sont conformes à des
objectifs précis et convenus, d’où l’importance de ces séminaires
gouvernementaux.
Aussi, il s’agit de la transparence. Pour cela,
l’action, les décisions et la prise de décision des administrations
publiques doivent, dans une certaine mesure, être ouvertes à l’examen
des autres secteurs de l’administration, du Parlement, de la société
civile et parfois d’institutions et d’autorités extérieures. C’est
justement ce qui explique notre volonté d’inviter à ce séminaire les
différents groupes socio-professionnels et nos partenaires au
développement.
Mais encore, il s’agit de l’efficience et de
l’efficacité. Ainsi, les administrations publiques que vous êtes, devez
s’attacher à une production de qualité, notamment dans les services
rendus aux citoyens, et veiller à ce que vos prestations répondent à
l’intention des responsables de l’action publique. Voyez-vous,
administrateurs et collaborateurs des Ministres, vous êtes utiles à la
bonne gouvernance.
Certainement, il s’agit aussi de la réceptivité. Parce
que les autorités publiques doivent avoir les moyens et la flexibilité
voulus pour répondre promptement à l’évolution de la société, tenir
compte des attentes de la société civile lorsqu’elles définissent
l’intérêt général et elles doivent être prêtes à faire l’examen critique
du rôle de l’Etat. Ainsi les critiques faites ici, dans ce séminaire,
ne sont que des actions s’inscrivant dans la normalité des choses. Nul
ne doit se sentir viser.
Il s’agit également de la prospective. En effet, les
autorités publiques doivent être en mesure d’anticiper les problèmes qui
se poseront à partir des données disponibles et des tendances
observées, ainsi que d’élaborer des politiques qui tiennent compte de
l’évolution des coûts et des changements prévisibles (démographiques,
économiques, environnementaux, par exemple). Et ici, vous trouverez tout
le sens de mes plaidoiries à vous inviter d’établir vos rapports
mensuels à vos chefs hiérarchiques.
Et enfin, la bonne gouvernance est de la primauté du
droit. Comprenons que les autorités publiques doivent faire appliquer
les lois, la réglementation et les codes en toute égalité et en toute
transparence. Le respect par exemple des règles d’attribution des
marchés en est une preuve supplémentaire.
Mesdames, Messieurs,
Voilà ma conception de la bonne gouvernance. Je vous demande de vous l’approprier désormais.
Nous ne pouvons plus faire marche arrière ! Nous nous
sommes engagés et les résultats sont ostensibles aujourd’hui avec
l’encouragement des institutions monétaires et financières
internationales.
Les Comoriens ont consenti beaucoup de sacrifices. Nous
avons l’obligation de réussir le pari de faire de notre pays un bel
exemple de démocratie politique mais surtout de démocratie économique et
administrative.
D’ailleurs, en tant que Chef de l’Etat et Chef du
Gouvernement, je déclare l’année 2013 en Union des Comores, Année de la
Bonne Gouvernance.
Les administrateurs du Ministère de l’Economie, des
Finances et du Budget, vont devoir prendre leurs responsabilités et
continuer sur cet élan. Nous exigeons le respect de l’orthodoxie
budgétaire. Plus jamais, ne seront tolérés des dérapages, aussi minimes
soient-t-ils, et vous en êtes avertis.
Au département de l’Aménagement du territoire et de
l’Equipement, nous attendons de vous des rapports réguliers sur les
grands travaux de mise en place des infrastructures stratégiques du
pays. Vous allez devoir respecter scrupuleusement les procédures
contractuelles auxquelles nous nous sommes convenus avec nos
partenaires.
A la Production, Pêche et Environnement, outre la mise
en exécution de votre plan d’action très ambitieux et conforme à nos
objectifs nationaux, nous attendons de vous, plus de volontarisme pour
qu’enfin nous arrivions à l’autosuffisance alimentaire conformément aux
Objectifs du Millénaire pour le Développement et au Document de
Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté.
Pour cela, la valorisation des produits locaux, la
vulgarisation des techniques de préparation et de production agricole
vis-à-vis des paysans, sont des vecteurs essentiels.
Ils permettraient certainement la diminution des coûts de production et la mise en valeur de nos produits locaux.
Administrateurs du Ministère des Relations Extérieures,
vous êtes la vitrine de notre pays, notre référence. En dépit des
efforts que vous ne cessez de déployer pour le rayonnement de notre
pays, je dois vous dire la vérité : changez vos comportements.
Vous ne pouvez plus continuer à passer inaperçus alors
que vous êtes les fonctionnaires de l’Etat les plus sollicités et à tout
moment.
Pensez à restructurer, à réorganiser votre département
qui souffre de beaucoup de carences. J’en appelle à votre
professionnalisme. La nouvelle année qui commence doit être celle d’un
nouveau dynamisme pour une diplomatie plus offensive. De vous, nous
attendons des propositions pour rehausser notre perception des relations
internationales.
Vous ne pouvez plus continuer à ignorer les changements
géopolitiques et géostratégiques qui s’opèrent chaque jour partout dans
le monde. Notre pays doit prendre la place qui est la sienne au sein de
la Communauté des Nations.
D’ailleurs, j’ai décidé de provoquer une grande
concertation avec tous les fonctionnaires du MIREX pour mettre fin à
certaines pratiques qui nuisent à notre diplomatie. Et comme vous le
souhaitiez, le Gouvernement fera adopter votre statut spécial afin de
vous permettre de travailler correctement.
Il semble que le Ministère des Transports, Tourisme,
Postes et Télécommunications, a des sérieuses difficultés. De
l’extérieur, nous avons l’impression que nous sommes face à une
gigantesque machine autour de laquelle graviteraient des éléments
incontrôlés.
Et pourtant, qu’il s’agisse des transports, du tourisme
ou des nouvelles technologies de communications, vous êtes les
dépositaires de la modernité et c’est une fierté.
Aujourd’hui, voyager entre nos îles, par air ou mer, est
devenu un cauchemar. Vous avez l’obligation de veiller à la sécurité
des voyageurs et à la quiétude des passagers.
La multiplicité des contrats occultes ainsi que certains
investissements que réalisent Comores télécom sans que le Gouvernement
en soit saisi, laissent penser à un Etat dans l’Etat. Aussi, le manque
d’initiative en matière de tourisme nous désole.
Prenez, vous aussi, vos responsabilités. Dès le début de
l’année prochaine, j’impulserai un nouveau dynamisme pour réussir le
redressement de votre département et je compte sur vous pour relever les
multiples défis auxquels nous faisons face.
Le Ministère de la Justice, de la Fonction Publique, des
Réformes Administratives, des Droits de l’Homme et des Affaires
Islamiques, est un département clef dans la bonne gouvernance. Votre
plan d’action le démontre aisément et vous avez mon soutien.
En effet, sans une Justice juste et une fonction
publique saine, il est clair qu’on ne peut pas parler d’un Etat de
droit. Vous savez tous que les comoriens n’ont plus confiance en leur
Justice et cela ne nous réjouit pas.
En tant que Premier Magistrat du pays, je vous exhorte à
changer de comportements. La justice est indépendante. Mais elle l’est
dans l’impartialité, dans l’observation juste des lois. Je demande
solennellement aux magistrats de remettre de l’ordre dans cette maison
nécessaire pour la réussite de notre politique de lutte contre la
délinquance, les crimes organisés et la corruption.
Les comoriens ont l’impression que vous vous occupez
plutôt de futilités, abandonnant des hommes et des femmes en détresse.
J’espère que ce n’est qu’une impression.
J’attends dès le début de l’année de propositions concrètes de remise à niveau des parquets.
Sans vous, tous nos efforts seront inutiles et je suis persuadé que vous en êtes conscients et je vous demande de le prouver.
Les réformes mises en place pour la renaissance d’une
fonction publique saine et productive doivent se poursuivre aussi
longtemps que le flou persistera dans un domaine si sensible que celui
où sont gérées les carrières des fonctionnaires.
Quant au département des droits de l’homme, activez et
mettez en œuvre les conventions ratifiées par notre pays. Nous nous
sommes engagés à remettre au centre de la vie, l’Homme et ses droits.
Nous attendons de ceux qui organisent notre vie pieuse
des recadrages pour éviter les dérapages dans notre Islam.
Concertez-vous, proposez des solutions pour barrer la route aux
extrémismes de tout genre contraires aux principes de tolérance de notre
Islam Sunnite hérité de nos parents.
L’Education Nationale semble retrouver peu à peu ses repères même si les résultats ne suivent pas encore.
Une meilleure coordination entre le Ministère national
et les Commissariats chargés de l’enseignement dans les Iles Autonomes,
nous éviterait des échecs que subissent nos enfants.
L’université des Comores doit se remettre en question
pour imaginer d’autres horizons. L’Orientation et la Recherche doivent
être au centre des préoccupations des responsables universitaires.
Multipliez les contacts avec l’extérieur pour permettre à nos enfants
d’être toujours éveillés.
La Culture et les Sports constituent des domaines de
prédilection d’épanouissement de la jeunesse. A cet effet, soyez
volontaristes et engagez-vous à placer notre jeunesse dans des
conditions optimales pour leur réussite.
La Santé, la Solidarité, la Cohésion Sociale et la
Promotion du Genre ont une place de choix dans les Objectifs du
Millénaire pour le Développement.
Le DSRP leur consacre plusieurs programmes de développement.
Médecins, Paramédicaux et Personnels de santé, Nous vous
demandons de prendre conscience de la situation dans laquelle se
trouvent nos centres hospitaliers notamment notre hôpital de référence,
El Maanrouf.
Posez-vous des questions simples : par exemple, pourquoi
nos concitoyens préfèrent partir à l’extérieur en dépassant des sommes
colossales pour des pathologies qui ne nécessitent pas une prise en
charge spéciale ?
Il est urgent de porter des solutions adéquates aux maux
qui frappent nos hôpitaux et qui rendent notre santé malade. J’exhorte
le Ministère d’ouvrir, au plus vite, des concertations inclusives afin
de trouver les voies et moyens de remédier à une situation chaotique qui
n’a que trop durer.
La solidarité et la déontologie qui caractérisent votre
fonction devront vous guider en laissant de côté les frustrations et les
petites querelles dont les victimes sont les populations les plus
vulnérables.
Les Commissariats rattachés au Ministère doivent être
davantage dynamiques afin de réussir l’égalité entre les genres et la
cohésion sociale, éléments indispensables pour l’harmonie dans toute
société. Je fais confiance aux Gouverneurs des Iles Autonomes avec qui
nous travaillons en parfaite harmonie.
Le Ministère de l’Emploi, du Travail, de la Formation
Professionnelle et de l’Entreprenariat Féminin, va devoir vite
s’approprier de différents projets du Gouvernement pour lutter contre le
chômage des jeunes.
En collaboration avec les autres ministères, le département de l’emploi va devoir faire preuve d’imagination.
La coopération bilatérale avec nos voisins immédiats
pourrait apporter au pays un savoir-faire indispensable pour la réussite
des missions que vous vous êtes définies.
Tout ce programme serait voué à l’échec si la sécurité des personnes et de leurs biens n’était pas assurée.
Le Ministère de l’Intérieur, de l’Information et de la
Décentralisation, est la garantie sur laquelle reposent tous nos
espoirs. Je voudrais d’ailleurs saluer les fonctionnaires de la police
ainsi que les militaires de leur implication dans la résolution des
conflits qui portent atteinte à la paix civile.
Les services de renseignement doivent être performants
pour prévenir les conflits qui semblent prendre de l’ampleur dans notre
pays.
Policiers et Gendarmes retroussez vos manches et permettez aux Comoriens de vivre dans la quiétude !
Notre position géographique en tant que pays insulaire
où il est difficile de surveiller les entrées et sorties du territoire,
complique davantage votre travail.
Voilà pourquoi, vous devez redoubler de vigilance. La
délinquance prend de plus en plus d’ampleur. Une situation très
inquiétante semble conduire la jeune génération vers la débauche.
Une consommation d’alcool exagérée et même de drogue
détruit chaque jour nos espoirs. Ce sont ces jeunes qui doivent assurer
la relève de demain.
N’abdiquez pas, au contraire, persévérez et nous gagnerons ce combat pour l’amour de la patrie.
Je voudrais avant de conclure attirer l’attention du
Secrétariat Général du Gouvernement sur le rôle spécifique devant être
jouer par le Commissariat général au plan sur le suivi des grands
dossiers de développement du pays.
En le disant ici, je fais allusion par exemple à la
conférence de Doha ainsi qu’aux dossiers devant être coordonnés afin
d’éviter les doublons.
Il est urgent pour que le Commissariat Général au Plan
joue son rôle car nous avons besoin de ses services et je compte sur
vous.
Honorable Assistance,
Comme je l’ai annoncé à Mohéli, l’année 2013 sera
l’année des grands changements. Elle sera celle de la confirmation de
notre engagement commun pour redresser notre pays. Elle sera surtout
celle de tous les espoirs.
Je lance un appel aux pays partenaires au développement
des Comores, de continuer à nous accompagner dans la lutte contre la
pauvreté. Rassurez-vous, le Gouvernement de la République continuera à
remplir ses obligations comme à l’accoutumée.
Je ne peux terminer mon propos sans remercier très
sincèrement tous les Membres du Gouvernement de leur assiduité au
travail, de l’engagement personnels de chacun des Ministres et de leurs
collaborateurs pour la réussite de ce séminaire gouvernemental.
Une mention spéciale au Secrétariat Général du
Gouvernement et aux services rattachés qui ont pris toutes les
dispositions pour que nous travaillions dans les meilleures conditions.
Enfin, je remercie mes frères, Gouverneurs des Iles, et
les Commissaires qui les ont accompagnés et dont leurs contributions
furent précieuses pour la réussite de nos travaux.
Les résultats obtenus aujourd’hui dans ce séminaire
gouvernemental, sont encourageants, par conséquent, je déclare validés
les résultats du séminaire ainsi que les programmations de l’exercice
2013.
Et je déclare clos le séminaire gouvernemental du 27 et 28 décembre 2013.
Vive la solidarité entre les Iles de l’Union des Comores,
Vive la République,
Vive les Comores
Beit salam
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