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© DR
Selon certains experts, les gisements découverts l’an dernier au large
de la Guyane pourraient renfermer des milliards de barils. Une manne
inespérée...
A l’aéroport de Cayenne, la moiteur équatoriale pénètre la chemise des
voyageurs dès la descente d’avion. En dehors des quelques touristes
venus visiter les anciens bagnes et la mangrove infestée de serpents,
les rares étrangers qui s’aventuraient jusqu’à présent dans ce
territoire filaient au centre spatial de Kourou, l’unique pôle
d’attraction économique local. Mais, depuis que l’odeur du pétrole s’est
mise à flotter sur la Guyane, géologues, ingénieurs, techniciens et
autres spécialistes venus du monde entier débarquent à jet continu sur
le tarmac de l’aéroport. Et une noria d’hélicoptères font la navette
avec la zone d’exploration, située à 150 kilomètres des côtes. «Ça
n’arrête pas. On a l’impression que notre pays se réveille enfin»,
exulte un chauffeur de taxi, dont les recettes ont progressé d’environ
20% en l’espace de quelques semaines. A l’hôtel Amazonia, en plein
centre de la ville, où un groupe d’experts pétroliers termine de régler
sa note, on affiche le même sourire de ravissement : «Cette nouvelle
clientèle va compenser le creux de la saison.»
Eh bien, ça promet ! Un an à peine après la découverte d’une poche d’hydrocarbures au large de Cayenne par la société britannique Tullow Oil, les Guyanais ne jurent déjà plus que par le pétrole. Certes, ils avouent avoir eu quelques frayeurs lorsque Nicole Bricq, la ministre de l’Environnement du premier gouvernement Ayrault, a annoncé la suspension du permis d’exploration pour des motifs écologiques. «L’arrêt, même temporaire, du projet aurait été une catastrophe pour nous», transpire Jocelyn Ho Tin-Noé, le premier vice-président de la région. Fort heureusement pour lui – et pour le lobby pétrolier – Nicole Bricq a été priée d’abandonner son maroquin pour celui, moins sensible, du Commerce extérieur. Et Shell, qui mène le consortium constitué avec Hardman Petroleum (27,5%) et Total (25%), a pu reprendre ses forages exploratoires. Toute la question est en effet de savoir sur combien de barils est assise la Guyane. Est-on en présence d’un «big cat», comme les professionnels appellent les gisements de plus de 300 millions de barils ? D’un «élephant» (plus de 500 millions) ? Ou d’un gisement bien plus gros encore, capable à lui seul de booster notre économie et nos finances publiques, comme certains l’imaginent déjà ?
Pour le moment, Shell se montre ultradiscret. Il suffit de se rendre dans l’antenne locale de la société, à quelques kilomètres de Cayenne, pour s’en rendre compte. En bas du petit immeuble quasiment neuf, c’est l’anonymat le plus total : aucune plaque n’indique la présence du groupe. Et Bruno Thomé, le responsable, refuse de donner le moindre chiffre. «On ne pourra rien dire avant la fin du forage en cours, prévue pour début octobre», se borne-t-il à répondre. Son sourire en coin laisse toutefois penser qu’il a quand même une petite idée… Quelques estimations circulent d’ailleurs, de-ci de-là. D’après l’Union française des industries pétrolières (Ufip), le premier champ découvert, baptisé Zaedyus, pourrait receler plus de 400 millions de barils exploitables, ce qui permettrait de produire 120 000 barils par jour pendant dix ans. Ce serait déjà énorme : «Cela représenterait dix fois notre production actuelle, et près de 7% de notre consommation», calcule Jean-Louis Schilansky, le président de l’Ufip.
Les explorations ont repris cet été au large de la Guyane
Eh bien, ça promet ! Un an à peine après la découverte d’une poche d’hydrocarbures au large de Cayenne par la société britannique Tullow Oil, les Guyanais ne jurent déjà plus que par le pétrole. Certes, ils avouent avoir eu quelques frayeurs lorsque Nicole Bricq, la ministre de l’Environnement du premier gouvernement Ayrault, a annoncé la suspension du permis d’exploration pour des motifs écologiques. «L’arrêt, même temporaire, du projet aurait été une catastrophe pour nous», transpire Jocelyn Ho Tin-Noé, le premier vice-président de la région. Fort heureusement pour lui – et pour le lobby pétrolier – Nicole Bricq a été priée d’abandonner son maroquin pour celui, moins sensible, du Commerce extérieur. Et Shell, qui mène le consortium constitué avec Hardman Petroleum (27,5%) et Total (25%), a pu reprendre ses forages exploratoires. Toute la question est en effet de savoir sur combien de barils est assise la Guyane. Est-on en présence d’un «big cat», comme les professionnels appellent les gisements de plus de 300 millions de barils ? D’un «élephant» (plus de 500 millions) ? Ou d’un gisement bien plus gros encore, capable à lui seul de booster notre économie et nos finances publiques, comme certains l’imaginent déjà ?
Pour le moment, Shell se montre ultradiscret. Il suffit de se rendre dans l’antenne locale de la société, à quelques kilomètres de Cayenne, pour s’en rendre compte. En bas du petit immeuble quasiment neuf, c’est l’anonymat le plus total : aucune plaque n’indique la présence du groupe. Et Bruno Thomé, le responsable, refuse de donner le moindre chiffre. «On ne pourra rien dire avant la fin du forage en cours, prévue pour début octobre», se borne-t-il à répondre. Son sourire en coin laisse toutefois penser qu’il a quand même une petite idée… Quelques estimations circulent d’ailleurs, de-ci de-là. D’après l’Union française des industries pétrolières (Ufip), le premier champ découvert, baptisé Zaedyus, pourrait receler plus de 400 millions de barils exploitables, ce qui permettrait de produire 120 000 barils par jour pendant dix ans. Ce serait déjà énorme : «Cela représenterait dix fois notre production actuelle, et près de 7% de notre consommation», calcule Jean-Louis Schilansky, le président de l’Ufip.
Les explorations ont repris cet été au large de la Guyane
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