Dans une interview accordée à l'ORTC, le Chef de l'Etat parle de sa rencontre avec le Secrétaire Général de l'ONU, de ses entr...
Dans une interview accordée à l'ORTC, le Chef de l'Etat parle de sa rencontre avec le Secrétaire Général de l'ONU, de ses entretiens avec plusieurs de ses homologues, des questions évoquées dans son allocution à la tribune des Nations Unies, notamment les crises syrienne et malienne, la question de l'Ile comorienne de Mayotte et le programme engagé avec le FMI.
De retour de l'Assemblée Générale de l'ONU, le Président a accordé une interview à l'ORTC en langue nationale dont nous vous proposons ci-après la traduction.
ORTC : Comme il est de coutume, chaque fois que le Président de la République revient d'un voyage, nous nous faisons l'obligation de le rencontrer pour savoir comment s'est déroulé le voyage et les rencontres qu'il a eues avec ses homologues et partenaires. Le Docteur IKILILOU Dhoinine revient des Etats Unis où il a pris part à la soixante-septième session ordinaire de l'Assemblée Générale des Nations Unies, une occasion pour le Chef de l'Etat, de prononcer une allocution que nous avons tous suivie simultanément. Aujourd'hui, avec lui, nous allons discuter des grands points abordés lors de ce rendez-vous annuel.
Durant votre séjour américain, vous avez eu plusieurs rencontres dont la plus importante reste celle avec le Secrétaire Général des Nations Unies Ban Ki-Moon. Quels sont les sujets qui ont été abordés lors de votre entretien ?
Dr IKILILOU Dhoinine : Merci pour l'intérêt que vous portez à notre voyage de New-York, pour l'Assemblée Générale des Nations Unies au cours de laquelle nous avons eues beaucoup de rencontres et participés à plusieurs réunions.
Dès notre arrivée, nous nous sommes entretenus avec le Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, sur les Comores et sur la situation mondiale en général.
Concernant les Comores, Ban KI-Moon a remercié et encouragé les efforts déployés dans le pays pour le développement, la stabilité et l'image positive dont jouissent les Comores au niveau international. Nous nous sommes réjouis que ce soit lui qui nous fasse cet éloge sur les progrès réalisés dans notre pays.
Après l'avoir remercié pour l'octroi de 9 millions de dollars pour le fonds de consolidation de la paix qui a beaucoup contribué à la stabilité et servi pour la construction des commissariats, des logements des militaires, aux kits distribués aux femmes des anciens FGA, et à plusieurs sensibilisations dans notre pays, il était nécessaire de nous entretenir avec lui pour lui demander, lui et collaborateurs, de nous soutenir dans le suivi de ce que nous avons entamé. Ils nous ont accordé une assistance à hauteur de 2,5 millions de dollars pour renforcer ce qui a déjà été réalisé.
Nous avons saisi cette opportunité pour informer M. Ban Ki-Moon, avoir fait parvenir à son secrétariat, un courrier sur les accords de délimitation de frontières que nous avons signés avec nos frères de la République Unie de Tanzanie, des Seychelles et du Mozambique. Nous lui avons adressé tout naturellement, les remerciements du Gouvernement et du peuple comoriens pour l'assistance qu'il nous a apportée après les violentes pluies qui se sont abattues sur les Comores en avril dernier. Vous savez, les Nations Unies nous ont beaucoup aidés. L'ONU est même à l'origine de la rencontre d'Afrique du Sud pour attirer des bailleurs de fonds aux Comores et développer une politique de prévention de telles catastrophes naturelles et renforcer les capacités en matier d'assistance aux victimes des catastrophes. Vous savez, notre pays étant un petit Etat insulaire, compte parmi les plus exposés à de tels déchaînements de la nature au vu de son relief qui se traduisent souvent par la montée des eaux qui menacent les côtes et la menace permanente du volcan Kartala.
Nous avons souhaité une assistance pour pouvoir protéger surtout les villes et villages situés sur les côtes. Par la suite, nous avons eu des entretiens avec certains Chefs d'Etat comme c'est souvent le cas dans de telles rencontres.
ORTC : Excellence Monsieur le Président, il y a les pays avec qui nous avons des relations anciennes comme le Koweït qui a accueilli depuis longtemps des étudiants comoriens et ceux avec qui nous venons d'établir des nouvelles relations diplomatiques. Avec ces nouveaux pays, avez-vous abordé ce sujet concernant l'accueil des étudiants ?
Dr IKILILOU Dhoinine : Nous avons rencontré le Premier Ministre koweitien et avons discuté des relations entre nos deux pays, d'abord pour lui faire part de notre satisfaction quant-à la qualité de nos relations bilatérales, et de notre désir de les renforcer davantage. Ce qui a été bien accueilli puisqu'il nous invite à une grande réunion qui doit se tenir à Koweït-City cette année.
Nous avons souhaité que le Koweït nous assiste sur la formation, surtout technique, de nos jeunes sur les différents domaines du développement.
Nous lui avons transmis un message de remerciement pour Son Altesse Royale, l'Emir du Koweït, pour l'aide de 2,5 millions de dollars qu'il a bien voulu octroyer aux Comores, destinée à la création d'emplois pour les jeunes dans le domaine agricole et maritime. Nous nous sommes aussi entretenus sur nos dettes avec le Fonds Koweitien et les autres institutions financières. D'ailleurs le Koweït nous a accordé une assistance pour payer le service de la dette en attendant l'aboutissement du point d'achèvement du programme que nous avons avec le FMI et la Banque Mondiale. Nous sommes proches de ce point d'achèvement et il était normal de notre part de rappeler à Son Altesse Royale où nous en sommes pour un éventuel suivi puisque en atteignant ce point, une partie de nos dettes sera annulée et une autre sera allégée, et qu'il faudra alors les honorer pour pouvoir continuer le développement.
ORTC : Excellence Monsieur le Président, Vous avez aussi rencontré l'Emir de Qatar, un pays qui a d'excellentes relations avec les Comores. Cette fois vos discussions ont porté sur quels sujets ?
Dr IKILILOU Dhoinine : Nos discussions ont porté comme d'habitude sur le développement de notre pays. De leur côté ils attendent de nous des appuis, des participations ou du soutien sur différentes propositions. Ils nous aidé à organiser la Conférence de Doha à l'origine de plusieurs projets aux Comores dont certains sont déjà en cours comme celui de la pêche qui évolue bien, et nous avons souhaité que celui sur le tourisme soit entamé, de même que celui de l'agriculture.
Nous avons expliqué que d'autres infrastructures sont en cours d'exécution dans les villages par des ONG et en réponse, ils répondu qu'ils suivent avec attention tout ce qui se passe aux Comores et qu'ils préparent des dossiers importants pour les Comores, d'ailleurs ceux qui en sont responsables nous ont été présentés et ils comptent arriver incessamment ici pour discuter avec nous des priorités par rapport à tous les projets et nous montrer ce que le compte dispose pour l'exécution de ces projets.
ORTC : Excellence Monsieur le Président, vous avez récemment effectué une visite en Guinée Equatoriale. Vous avez rencontré à nouveau le Président Obiang à New-York, qu'avez-vous discuté en plus des domaines abordés lors de votre déplacement de Malabo ?
Dr IKILILOU Dhoinine : Nous avons parlé du renforcement de ces relations que nous avons amorcées à Malabo. Comme vous le savez les deux n'ont jamais eu d'accords de coopération auparavant et nous avons commencé par en signer. Durant cette rencontre nous avons abordé ensemble, l'accord général qui doit être signé à Moroni entre les Ministres des Affaires Etrangères des deux pays. Malabo compte aujourd'hui parmi les pays à forte croissance entre 10 et 11, voire plus. Cela prouve qu'ils sont prospères et qu'ils peuvent aider d'autres pays africains.
Nous avons demandé au Président Obiang de se rendre aux Comores et assister à la signature de cet accord et il a d'ailleurs répondu positivement.
ORTC : Excellence Monsieur le Président, cette visite du Président Obiang aux Comores, est elle pour bientôt ?
Dr IKILILOU Dhoinine : Il a donné son accord, mais c'est à lui aussi de décider selon son calendrier, ce qui est sûr c'est que bientôt nous en serons fixés sur les dates de cette visite.
Dans ce même cadre, vous avez aussi rencontré le Président iranien Son Excellence Mahmoud Ahamadinejad. Avec lui, quels sujets avez-vous abordé ?
Nous avons évoqué le Sommet des Non Alignés qui vient de se tenir à Téhéran. Il m'a d'ailleurs assuré de son bon déroulement et m'a parlé des sujets abordés. Par ailleurs, nous avions demandé à l'Iran de nous aider en bitume pour construire les routes et refaire celles qui sont abîmées sur l'étendue du territoire. Les Iraniens ont bien accueilli notre demande, ils ont manifesté leur disponibilité à nous fournir le bitume mais il va nous falloir assurer le transport jusqu'à Moroni. Ce ne sera pas facile mais nous avons l'obligation de le faire comme pour celui en provenance de la Libye qui nous a été d'une grande utilité. Nous avons donc discuté des modalités du transport et du débarquement de ce bitume.
ORTC : Excellence Monsieur le Président, en marge des rencontres avec les Chefs d'Etat et de Gouvernement, vous avez rencontré les responsables de la Fondation Clinton. Pourquoi les avez-vous rapprochés et quels ont été les sujets abordés ?
Dr IKILILOU Dhoinine : C'est la Fondation Clinton elle-même qui a souhaité me rencontrer d'abord pour mieux connaitre les Comores ainsi que les problèmes auxquels nous sommes confrontés pour, éventuellement, apporter leur contribution. J'ai reçus les responsables et je me suis entretenu avec eux. C'est une Fondation qui intervient sur plusieurs domaines. J'ai notamment eu des échanges avec le département qui s'occupe des énergies renouvelables. Vous savez que sans énergie dans un pays, il n' ya pas de développement possible. Il s'avère que les Comores disposent d'une importante source d'énergie géothermique, même si les études ne sont pas encore effectuées.
Nous les avons invités à venir compléter les études entamées pour pouvoir, dans l'avenir, exploiter cette source d'énergie qui serait une chance pour le pays, dans la mesure où cela réduirait sensiblement nos factures de commande de gasoil de même que la facture d'électricité.
La persistance de la cherté de l'énergie ne permettra pas la concurrence dans notre pays. C'est pour cette raison que nous allons axer nos recherches sur la géothermie qui offrira beaucoup de facilités pour le développement du pays et pour la vie de tout un comorien puisque chacun pourrait utiliser les équipements qu'il veut à moindre coût.
Nous pourrions aussi, si l'énergie est à la portée de tout le monde, l'utiliser dans les voitures électriques pour sauvegarder l'environnement surtout dans un petit pays comme les Comores. Aucun comorien détenteur d'une voiture ne peut rouler plus de 100km par jour en raison de la cherté des carburants alors qu'avec l'énergie solaire, une fois les batteries chargées, on peut facilement faire le double de cette distance. Cela réduira comme je l'ai dit, la facture énergétique de même que la pollution.
ORTC : Excellence Monsieur le Président, dans le cadre des discours que vous avez prononcés, celui sur le SIDA a eu un grand retentissement, sur quoi était il basé ?
Dr IKILILOU Dhoinine : Le Président de l'Union Africaine avait sollicité la participation de tous les Présidents à une assemblée sur le sida. Nous aussi, nous luttons contre cette maladie depuis des années dans notre pays qui est un archipel où on note beaucoup de mouvements et de contacts avec l'étranger. Nous avons aussi un programme de lutte contre ce fléau qui nécessite non seulement de l'argent mais aussi des programmes et un savoir-faire. Dans ce cadre, nous disposons des financements depuis longtemps et nous venons de nous entretenir avec l'Onu-sida qui nous assiste aussi dans la lutte contre cette maladie.
Donc nous étions conviés à cette réunion pour discuter de ce fléau en Afrique et surtout du degré d'infection au niveau continental ainsi que de ce qui se passe aussi dans notre pays par rapport à la propagation de la maladie. Tous les intervenants ont unanimement salué les efforts des Comores dans la lutte contre le sida pour avoir impliqué les écoles, les religieux dans la sensibilisation. Nous distribuons aussi les médicaments aux malades gratuitement compte tenu des difficultés financières des uns et des autres qui exigent que ces gens-là soient assistés. Ce qui nous a placés à l'avant-garde, c'est le fait d'avoir su stabiliser la prévalence à un niveau très bas mais cela ne doit pas nous amener à baisser la garde. Si nous pouvions faire un dépistage sur un grand nombre de la population dans plusieurs villages, cela nous donnerait une idée précise de cette prévalence.
Ce qui est sûr c'est que la maladie prend chaque jour d'ampleur et nous ne sommes pas à l'abri. Rien que pour cette année 2012, des personnes sont identifiées porteuses du virus du Sida selon le dépistage. Donc il ya lieu de prendre toutes les précautions pour limiter la propagation. La fréquence de la syphilis et de la gonococcie prouvent que nous pouvons être confrontés à cette catastrophe à tout moment.
Si nous ne forçons pas les choses, le pays pourrait se trouver dans des difficultés dans l'avenir car le Sida est une maladie extrêmement dangereuse qui peut affecter tout un pays et hypothéquer son avenir et son développement. Il était donc normal pour nous de participer à cette réunion pour présenter notre manière de lutter contre la maladie.
ORTC : Excellence Monsieur le Président, permettez moi de faire un détour sur l'allocution que vous avez prononcée à la tribune des Nations Unies, au cours de laquelle vous avez fait un tour d'horizon de l'actualité internationale, notamment ce qui se passe en Syrie et au Mali, sur la représentativité au sein de l'Onu, avec une insistance particulière, pourquoi justement cette particularité ?
Dr IKILILOU Dhoinine : Concernant mon allocution à la tribune des Nations Unies, je me suis inspiré sur ce qui se passe à travers le monde, notamment la question syrienne qui est aussi la nôtre, la Syrie étant comme les Comores, un pays musulman qui a toujours accueilli des étudiants comoriens et dont certains y sont jusqu'alors ou se seraient réfugiés dans les pays voisins. Cette question est enfin la nôtre du fait qu'elle concerne la Ligue Arabe à laquelle nous sommes membres. Il y a eu certes les révolutions qu'on a qualifiée de ''Printemps arabe'' mais ici, elle a beaucoup duré et fait de plus en plus de victimes ; elle a été source de divergence au sein-même de la famille onusienne.
Au vue de la situation géographique de la Syrie, tout le monde craint une internationalisation de ce conflit qui commence d'ailleurs à affecter les pays voisins. Raisons de plus pour nous tous de nous pencher sérieusement sur cette question cruciale d'autant plus que l'ancien Secrétaire Général des Nations Unies Son Excellence Koffi Annan a démissionné faute de solution et de soutien face à l'intransigeance des parties en conflits qui restent sourdes à tous les appels à mettre fin à la violence. Un autre émissaire a été nommé en la personne de Son Excellence Monsieur Ibrahimi, mais la situation n'a pas pour autant connu d'évolution positive. La violence se poursuit et les populations civiles continuent à en payer les frais avec les dommages collatéraux.
Aujourd'hui ce conflit s'est transporté en Turquie et rien ne dit qu'il ne se transportera pas dans d'autres pays de la région, une région où un rien du tout pourrait embraser le monde. Aujourd'hui, le monde ne peut pas faire prévaloir la notion d'ingérence dans les affaires intérieures d'un pays. Rester sans rien faire reviendrait à une non-assistance à peuple en danger. Il faudrait par tous les moyens réunir les Syriens autour d'une même table pour discuter ensemble et non continuer à soutenir telle ou telle partie.
On dit que les occidentaux auraient choisi leur camp, les pays arabes le leur, comme c'est aussi le cas pour l'Iran et l'Irak, vous voyez donc la complexité de la question. C'est pour ces raisons que nous, Chefs d'Etat, avons choisi de discuter ensemble pour trouver une solution définitive qui puisse mettre fin aux pertes humaines de chaque jour qui augmente les rancœurs et les vengeances.
ORTC : Excellence Monsieur le Président, est ce pour cela que vous avez soutenu la représentativité au sein des Nations Unies ?
Dr IKILILOU Dhoinine : Il y a plusieurs années depuis que cette revendication est présentée au Conseil de Sécurité, car on ne peut pas prétendre instaurer une paix dans le monde tout en maintenant le fait que certains pays ont deux représentants et décident pour les autres, pendant que l'Afrique toute entière ne dispose d'aucun représentant. Nous avons estimé au sein de l'Union Africaine, que le continent devait y être représenté et participer à la prise des grandes décisions.
Vous savez, les décisions unilatérales qui ont été imposées en Libye sans consulter l'Union Africaine, a crée un malaise et un mécontentement au sein de l'Organisation continentale. C'est pourquoi nous, en tant que pays membres de cette organisation, revendiquons cet équilibre, convaincus que cela pourrait contribuer à la recherche des solutions dans les conflits qui menacent le monde. La conviction que la force n'est pas de nature à résoudre ces conflits. Ce qu'il faut privilégier, c'est la concertation et la force de conviction, le droit de véto n'est pas de nature à arranger les choses.
ORTC : Excellence Monsieur le Président, les Petits Etats Insulaires devraient bénéficier d'une attention particulière lors des rencontres internationales pour leur permettre de faire face aux déchaînements de la nature. Tout le monde en parle, mais il n'y a jamais eu d'engagement concret. Pourquoi cette fois, avez-vous surtout insisté sur ce point précis ?
Dr IKILILOU Dhoinine : Il est vrai que le changement climatique devient de plus en plus une préoccupation, surtout pour les Petits Etats Insulaires comme les Comores qui sont victimes des pays développés. Nous sommes menacés par la montée des eaux. Déjà plusieurs villages côtiers ont disparus. A cela s'joute la violence des pluies comme celles du mois d'avril dernier aux Comores avec tous les dégâts et pertes humaines que nous avons enregistrés. Le changement climatique en est en grande partie responsable.
Nous avons souhaité que le Secrétariat Général des Nations Unies se penche sur les difficultés qui nous frappent, revenir sur les résolutions antérieures notamment celles de Copenhague qui exige que les pays victimes du changement climatiques bénéficient d'une assistance Il y a aussi le protocole de Kyoto. On ne peut certes pas éviter les catastrophes naturelles mais avec une assistance permanente, on peut en atténuer les effets. Nous le voyons, chaque fois qu'un cyclone dévaste un pays développé, le lendemain les victimes sont indemnisées et les infrastructures sont reconstruites rapidement tandis que ce n'est pas le cas dans les pays en voie de développement. Haïti en est un des exemples. La population vit dans la misère depuis le tremblement de terre qui a dévasté ce pays et cela révèle bien le déséquilibre entre les pays riches et pauvres surtout les Petits Etats Insulaires.
ORTC : Excellence Monsieur le Président, vous avez dénoncé dans votre allocution les attaques contre toutes représentations diplomatiques, notamment à américaine de Benghazi en Lybie, pourquoi cette dénonciation ?
Dr IKILILOU Dhoinine : Il existe dans le monde des traités et des accords auxquels tout le monde se réfère, et qui protège les représentations diplomatiques contre toute sorte de violation.
Ainsi, nous sommes responsables de la sécurité de toutes les représentations diplomatiques étrangères dans notre pays de même que le personnel y exerçant. Nous sommes parmi les pays qui ont ouvert des ambassades à l'étranger. Donc ce qui s'est passé à Benghazi doit nous interpeler tous pour que plus jamais cela ne se reproduise nulle part ailleurs puisque cela constitue une violation des accords internationalement reconnus. Nous avons évidemment dénoncé cette attaque à l'origine de la mort de l'Ambassadeur et des fonctionnaires de cette ambassade américaine de Benghazi, comme nous avons condamné ce qui s'est passé ailleurs contre d'autres représentations diplomatiques.
ORTC : Excellence Monsieur le Président, vous avez évoqué la question de l'île comorienne de Mayotte dans votre discours, mais cette fois vous avez clairement dénoncé le fait que tous les coups contre les trois autres îles sont fomentés à Mayotte. Cela est connu depuis longtemps, mais pourquoi avez-vous officiellement dénoncé cela aujourd'hui ?
Dr IKILILOU Dhoinine : Vous savez bien ce qui se passe sur le bras de mer qui sépare Mayotte des autres îles et ce n'est pas la première fois que cette question a été évoquée dans sa globalité. Personnellement, j'ai souhaité qu'on se réunisse pour discuter clairement et en toute sincérité de cette question car je le sais et sans équivoque, qu'au niveau des Nations Unies, Mayotte est une partie du territoire comorien, mais qu'il y a eu une incompréhension entre nous et la France et nos frères de Mayotte. Cette incompréhension a fait que nos frères de Mayotte ont leur Administration et nous la nôtre. Mais cela ne peut pas nous empêcher de nous asseoir et de discuter ensemble comment vivre ensemble et en toute sécurité.
Mayotte est beaucoup plus proche des autres îles que de Madagascar, de la Tanzanie ou d'autres pays de la région. Notre destin est commun. Nous avons des liens de sang, des liens religieux et nous ne pourrions pas vivre séparés. La tendance actuelle est le rapprochement des peuples. Nous appartenons à une organisation régionale pour pouvoir rapprocher les peuples et leur préparer un meilleur avenir dans la paix et la prospérité.
Des fois, des gens qui commettent des crimes ici, s'enfuient à Mayotte et vice-versa. Cela doit nous faire réfléchir. Il ne se passe pas un mois sans que le pays ne soit endeuillé par la mort de gens qui ont voulu traverser le bras de mer entre Anjouan et Mayotte par Japawa. Nous devons tous nous sensibiliser mais cela ne sera possible tant que la France sera à Mayotte. Les comoriens appartiennent à la même famille, qu'ils viennent de Mayotte-même, de Grande-Comore, d'Anjouan ou de Mohéli. Nous aurons des difficultés à vivre ensemble car la France a imposé un mode de vie qui ne facilite pas du tout les rencontres avec nos frères de Mayotte, ce qui est à l'origine aujourd'hui des plusieurs disparitions.
J'ai souhaité que des assises aient lieu entre les parties comorienne et française pour discuter de tous ces problèmes puisque les échanges verbales ne déboucheront jamais sur une solution juste. C'est ce qui permettra à la population de vivre dans la paix, l'entente, la stabilité et le développement dans l'archipel des Comores. L'ennemi numéro 1 des Comores est celui qui aidera à déstabiliser les Comores. Et toutes les instabilités dont nous avons été victimes, ont été fomentées à Mayotte. Nous ne voudrions pas aujourd'hui que le développement amorcé et salué d'ailleurs par beaucoup de pays, soit compromis.
ORTC : Excellence Monsieur le Président, vous avez dans cette même intervention, émis l'espoir qu'en décembre prochain, les Comores atteignent le point d'achèvement dans le programme qu'il a engagé avec le FMI, où en sont les discussions ?
Dr IKILILOU Dhoinine : Cela dépendra de la manière dont le FMI appréciera les résultats. Il nous faudra dans un premier temps passer par l'initiative PPTE : pays pauvres très endettés qui déboucherait soit à la réduction, soit à l'annulation de la dette, mais cela nous donnera des facilités pour bénéficier des aides ou contracter d'autres prêts auprès de nos partenaires financiers pour le développement de notre pays. Vous le savez, notre pays figure sur la liste rouge et qu'il ne peut pas dans ce cas, contracter des crédits. Même si des pays veulent nous prêter comme les Chinois ou les Indiens, les institutions financières internationales nous l'interdisent.
J'ai reçu il y a quelques jours, une délégation de la Banque Mondiale qui m'a exprimé sa satisfaction pour la manière dont nous gérons le pays. Une autre délégation du FMI a fait la même chose et a salué les efforts consentis par le Gouvernement comorien ; Cela doit constituer une source de satisfaction pour chaque comorien. Aux dires de ces deux institutions, nous attendons seulement les décisions du Conseil d'Administration du FMI pour les Comores le 17 décembre prochain ; Toutefois, au vu des efforts constatés, tout laisse penser que nous allons aboutir à ce point d'achèvement, ce qui est une bonne chose pour le pays tout entier.
J'ai été en contact avec le Vice-président en charge des finances qui participe au sommet de la zone franc. Il m'a assuré que tout le monde parle des Comores en bien et la gestion est unanimement saluée. C'est une fierté pour nous tous et pour le pays qui, désormais, est classé parmi ceux qui sont dans la bonne voie. Ce dont nous avons le plus besoin aujourd'hui, c'est la stabilité et encore la stabilité pour accompagner le climat favorable que connait notre pays. Si nous ne sommes pas conscients de cela, nous ne pourrons jamais amorcer un quelconque développement dans notre pays pour que nous puissions enfin être autosuffisants dans tous les domaines. Nous disposons de toutes les compétences, mais il nous faut en plus de cela, nous faire confiance car c'est surtout ce qui nous fait défaut pour pouvoir aider ce pays. Je crois fermement que nous sommes capables d'atteindre ce cap.
Beit Salam
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