Paris se prépare à fêter le quarantième anniversaire des accords de coopération monétaire de la zone franc.

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Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo pour la zone UEMOA avec la BCEAO, à Dakar, comme banque...

Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo pour la zone UEMOA avec la BCEAO, à Dakar, comme banque centrale. Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad pour la zone CEMAC avec la BEAC, à Yaoundé, comme banque centrale. S'ajoute à ces deux ensembles régionaux l'Union des Comores avec la Banque centrale des Comores.

Quinze Etats d'Afrique et de l'océan Indien se trouvent ainsi en partenariat financier avec la France dans le cadre de la zone franc. Qui, affirme aujourd'hui Paris, « a permis de prendre en compte les évolutions qui ont vu le jour depuis l'accession des anciennes colonies françaises à l'indépendance et l'aspiration des Etats africains de la zone franc à accroître leurs responsabilités dans le domaine économique et financier ».

Dans quelques jours, le vendredi 5 octobre 2012, au lendemain de la réunion des experts puis des ministres des Finances concernés, le ministre français de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici, organise un colloque intitulé : « Regards croisés sur 40 ans de zone franc ». 40 ans, car si la création de la zone franc remonte, stricto sensu, au 9 septembre 1939, date à laquelle un décret a instauré un régime des changes commun pour tous les territoires de l'empire colonial français, si le franc CFA a été créé le 25 décembre 1945 (sa valeur étant portée à 2 francs français à compter du 17 octobre 1949 avant le lancement du nouveau franc français le 1er janvier 1960 et sa dévaluation de 50 % étant opérée le 11 janvier 1994), c'est en 1972 qu'ont été signés les trois accords de coopération monétaire qui ont donné à la zone franc la physionomie qui est la sienne actuellement. Sans que ces dates-phares, d'ailleurs, n'aient jamais été jusqu'à présent considérées comme telle (on ne les trouve d'ailleurs jamais formulées précisément dans les documents historiques sur la zone franc).
Mais, puisque 40ème anniversaire il y a, ne rechignons pas à sa célébration. D'autant plus que, depuis toujours, on écrit régulièrement l'épitaphe de cette fameuse zone franc ; mais qu'elle est, jusqu'à présent, increvable. Il y aura donc, ce jour-là, une première table-ronde consacrée à « la zone franc et le tournant des accords de coopération monétaire des années 1970 » ; et une seconde intitulée : « De l'intégration monétaire à l'intégration économique ». Les anniversaires sont faits, surtout, pour édifier les nouvelles générations.

Mais les promoteurs de ce projet ont choisi, à en croire le programme initial, de laisser la parole aux valeurs sûres de la zone. C'est donc Alassane Ouattara, ancien gouverneur de la BCEAO et actuel président de la République de Côte d'Ivoire, qui ouvrira les travaux. Auxquels participeront Casimir Oyé Mba, gouverneur de la BEAC (1978-1990) et, un temps, candidat à la présidentielle gabonaise, mais aussi Charles Konan Banny, gouverneur de la BCEAO (1990, comme intérimaire d'abord, à 2005) et ancien premier ministre de Côte d'Ivoire (et qui se serait bien vu président de la République).
A noter encore la participation d'Abdoulaye Bio Tchané, ancien ministre de l'Economie et des Finances de Mathieu Kérékou, ex-président de la BOAD (2008-2011) et candidat (battu) à la présidentielle du Bénin. Il y a aussi le Camerounais Jean Nkuete, secrétaire exécutif de la CEMAC (1999-2006), un économètre particulièrement brillant lors de ses études (cf. LDD Cameroun 032/Mardi 3 octobre 2006), proche de Paul Biya qui en a fait un ministre d'Etat.

Il faut citer aussi Michel Camdessus, gouverneur de la Banque de France (1984-1987) directeur général du FMI (1987-2000), ami de Ouattara (et de l'Afrique), Sylviane Guillaumont-Jeanneney, professeur émérite de l'Université d'Auvergne, spécialiste de la zone franc, fille de l'économiste, diplomate (premier ambassadeur de France en Algérie) et homme politique Jean-Marcel Jeanneney, épouse de Patrick Guillaumont (pour ceux de ma génération, auteur des trois tomes d'une « Economie du développement » éditée par PUF), Jean-Claude Trichet, gouverneur de la Banque de France (1993-2003), président de la Banque centrale européenne (2003-2011), Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, Saïd Mohamed Mshangama, directeur général de l'Institut des Comores (1977-1981), Olivier Feiertag, professeur des universités.

La zone franc a un passé. A-t-elle un avenir ? Comment est-elle perçue aujourd'hui par la nouvelle génération ? Il ne faut pas attendre de réponses lors de la table-ronde du 5 octobre 2012. Pour respectables et compétents que soient les intervenants de « Regards croisés sur 40 ans de zone franc », ils ont dépassé l'âge de la retraite (à l'exception de Moscovici et de Feiertag ; le plus jeune intervenant est Bio Tchané, né en 1952 !). Et ces « regards croisés » seront des regards myopes, astigmates, hypermétropes, etc. Pas des regards critiques : Ouattara, Oyé Mba, Mshangama, Konan Banny, Trichet, Camdessus, Bio Tchané, Noyer, soit 8 des 12 intervenants, ont été banquiers centraux. Feiertag dirige la collection de la Mission historique de la Banque de France (Albin Michel) ; Guillaumont-Jeanneney a été par le passé membre du conseil de perfectionnement de l'Institut de formation de la Banque de France.

Oyé Mba (BEAC) et Mshangama (BCC) en ont été les premiers gouverneurs africains ; Ouattara (BCEAO) en a été le deuxième (le premier étant Abdoulaye Fadiga). C'est dire que l'africanisation des banques centrales est récente. Fin 1988, alors que la BEAC, gouvernée par Oyé Mba, venait d'inaugurer son nouveau siège à Yaoundé (7 décembre 1988) et que Ouattara avait prêté serment de gouverneur de la BCEAO à Dakar (22 décembre 1988), dans Jeune Afrique Economie j'avais déjà signé un dossier intitulé « CFA, comment vas-tu ? » dont les protagonistes étaient… Oyé Mba, Ouattara et Camdessus (FMI). Le franc CFA n'était pas au mieux de sa forme. Oyé Mba était opposé à la dévaluation (qui aura lieu le 11 janvier 1994).

Avec lui, j'avais évoqué un Brazzaville II pour renégocier les accords signés avec Paris en 1972 à Brazzaville. Il m'avait répondu : « Il faut reconnaître que nous sommes, nous Africains, dans une certaine mesure responsables de notre situation actuelle. Nous avons initié des investissements qui n'étaient pas toujours rentables, ni très appropriés, ni convenablement dimensionnés, dont les schémas de financement n'étaient pas correctement établis. Nous avons quelquefois géré les banques, les entreprises (publiques et privées), dans des conditions qui ne permettaient pas qu'elles soient viables. Voilà les raisons qui font que nous nous trouvons dans la situation d'aujourd'hui. Ce n'est pas le système de la zone franc en lui-même qui est mauvais ».

Ouattara, qui débarquait du FMI, constatant que la « Banque centrale a un rôle monétaire essentiel » mais que les pays membres de l'UMOA (on ne parlait pas encore d'UEMOA) « n'ont pas de politiques économiques coordonnées », m'affirmait que « l'avantage des interventions du FMI et de la Banque mondiale, c'est qu'elles permettent d'opérer une certaine coordination ». Camdessus me rappellera que la BEAC et la BCEAO, « par nature, multilatérales, possèdent une expérience des relations avec le FMI, que les seuls experts du pays concerné ne peuvent acquérir en l'espace d'une seule négociation » et, qu'ainsi elles « parviennent à s'imposer plus fortement face aux experts du Fonds ». Vingt-cinq ans plus tard, ce double bilatéralisme : Banque de France/BEAC-BCEAO et FMI/BEAC-BCEAO, est-il encore une nécessité ? Ce n'est pas le vendredi 5 octobre 2012 que sera dit le contraire… !

Pourtant, Moscovici souhaite que ce soit « l'occasion de nous projeter dans cet avenir commun. Nos partenaires du Sud exigent de préserver leurs ressources naturelles et culturelles ; ils attendent nos investissements. Nos entreprises, attachées à la responsabilité sociale, peuvent porter un partenariat renforcé, dépassant l'horizon du libre-échange, et trouver ici de nouveaux marchés ou des compléments de compétitivité » (Le Monde daté du 29 août 2012). Faut-il le croire ?

Jean-Pierre BEJOT
LA Dépêche Diplomatique
Lefaso.net
La création du franc CFA

En 1939 le franc français était la monnaie qui circulait dans la plupart des colonies françaises et notamment dans toutes les colonies françaises d'Afrique. Cependant la seconde guerre mondiale conduit à la rupture de cette unité monétaire. Dans les territoires français contrôlés par le Régime de Vichy, le franc lié au Mark se dépréciait avec une forte inflation. A contrario, les colonies raliées à la France libre bénéficiaient du maintient à la parité ancienne du franc garanti par la Banque d'Angleterre. A la fin de la guerre, les hausses des prix par rapport à 1939 ont été différentes selon les territoires. Elles vont de 2,5 à 5 fois.
L'adhésion de la France au FMI nécessite une définition de la parité du franc. Cette définition est réalisée en décembre 1945. Mais il faut distinguer trois zones :
  • En France métropolitaine, en Afrique du Nord et aux Antilles, la parité est définie à 1 dollar pour 119,10 francs français.
  • Dans les colonies du Pacifique, il faut 50 francs pour 1 dollar. Le franc CFP est né.
  • Ailleurs, c'est-à-dire essentiellement en Afrique subsaharienne (cf. carte ci-contre) mais aussi à Saint-Pierre-et-Miquelon (en Amérique du Nord), on crée le franc CFA. La parité de cette monnaie est fixée à un taux intermédiaire de 85 francs CFA pour un dollar.

Ainsi, lors de sa création, le franc CFA vaut 1,70 francs français. Cette parité est maintenue jusqu'en 1948 où une dévaluation du franc français ramène la parité à 1 franc CFA pour 2 franc français. Par la suite, cette parité sera conservée jusqu'en 1994 ; hormis le fait que la réforme du nouveau franc en France en 1960 ramènera mécaniquement la parité à 100 francs CFA pour 2 francs français.
A noter que dès 1949, Djibouti (Côte Française des Somalis), compte tenu de sa situation locale, quitte la zone CFA pour faire usage du franc de Djibouti aligné sur le dollar.
A partir de 1958, la décolonisation est en marche : "franc CFA" ne signifie plus "franc des colonies françaises d'Afrique" mais "franc de la communauté française d'Afrique".

Les pièces de l'Afrique Occidentale Française et du Togo
De 1948 à 1956, les pièces de monnaies émises pour les territoires de l'Afrique Occidentale Française (AOF), d'une part, et pour le Togo, d'autre part, sont différentes.
L'AOF est composée de la Côte d'Ivoire, du Dahomey (actuel Bénin), de la Guinée, de la Haute-Volta (actuel Burkina-Faso), de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal et du Soudan (actuel Mali).
A partir de 1957, les nouvelles pièces sont émises conjointement pour les territoires de l'AOF et le Togo.




1 franc
AOF
1948-1955
2 francs
AOF
1948-1955



1 franc
Togo
1948
N/D
N/D
2 francs
Togo
1948
N/D
N/D



5 francs
AOF
1956
10 francs
AOF
1956
25 francs
AOF
1956



5 francs
Togo
1956



10 francs
AOF
Togo
1957
25 francs
AOF
Togo
1957



En 1958, la Guinée proclame son indépendance avec le souhait de se retirer rapidement de la zone CFA.
En 1959, l'Institut d'Emission de l'AOF et du Togo devient la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO).
En 1960, les terriroires d'Afrique de l'Ouest restés français accèdent à l'indépendance. Pour la plupart d'entre-eux, la BCEAO restera la banque centrale, dans le cadre de ce qui deviendra l'Union Monétaire Ouest-Africaine.


Les pièces de l'Afrique Equatoriale Française et du Cameroun
En 1948, des pièces de monnaies sont émises pour les territoires de l'Afrique Equatoriale Française (AEF), d'une part, et pour le Cameroun, d'autre part.
L'AEF est composée du Moyen-Congo (qui deviendra Congo-Brazaville en 1958), du Gabon, de l'Oubangui-Chari (qui deviendra la Centrafrique en 1958) et du Tchad.
En 1958, de nouvelles pièces sont émises conjointement pour les territoires de l'AEF et le Cameroun.




1 franc
AEF
1948
2 francs
AEF
1948



1 franc
Cameroun
1948
2 francs
Cameroun
1948
N/D
N/D



5 francs
AEF
Cameroun
1958
10 francs
AEF
Cameroun
1958
25 francs
AEF
Cameroun
1958



En 1959, l'Institut d'Emission de l'AEF et du Cameroun devient la Banque Centrale des Etats de l'Afrique Equatoriale et du Cameroun (BCEAEC).
En 1960, le Cameroun français et les territoires de l'AEF accèdent à l'indépendance.
La BCEAEC restera la banque centrale de ces nouveaux pays, dans le cadre de ce qui deviendra l'Union Monétaire de l'Afrique Centrale.


Les pièces de Madagascar et des Comores
De 1948 à 1953, des pièces sont émises pour Madagascar. Ces pièces circulent également aux Comores où il n'y a pas de pièces de monnaie spécifiques.



1 franc
Madagascar
1948-1958
2 francs
Madagascar
1948
5 francs
Madagascar
1953



10 francs
Madagascar
1953
20 francs
Madagascar
1953



En 1960, Madagascar accède à l'indépendance et conserve le franc CFA jusqu'en 1963 où la monnaie du pays devient le franc malgache.
En conséquence, à partir de 1964 des pièces de monnaie sont émises pour l'Archipel des Comores.




1 franc
Comores
1964
2 francs
Comores
1964
5 francs
Comores
1964



10 francs
Comores
1964
20 francs
Comores
1964
N/D
N/D



En 1975, les Comores (sauf l'île de Mayotte) accèdent à l'indépendance.
Dès 1976, le franc français remplace le franc CFA à Mayotte.
En 1979, le franc comorien devient la monnaie des Comores. Cette nouvelle monnaie s'inscrit dans la continuité du franc CFA : elle gardera une parité de 1 pour 1 avec le franc CFA jusqu'en 1994.


Les pièces de l'île de La Réunion
En 1946, l'île de La Réunion devient un département d'outre-mer. Des pièces de monnaies sont émises pour La Réunion à partir de 1948.



1 franc
Réunion
1948-1973
2 francs
Réunion
1948-1973
5 francs
Réunion
1955-1973



10 francs
Réunion
1955-1973
20 francs
Réunion
1955-1973



50 francs
Réunion
1962-1973
100 francs
Réunion
1964-1973



En 1975, le franc français remplace le franc CFA à La Réunion.
La Réunion fera désormais usage de la même monnaie que la France métropolitaine. Ce sera le franc français jusqu'en 2001 et l'euro à partir de 2002.


Les pièces de Saint-Pierre-et-Miquelon
En 1948, deux pièces sont émises pour l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon :



1 franc
SPM
1948
2 francs
SPM
1948



Les billets en circulation sont des billets représentant des paysages africains. Ces paysages n'ont rien à voir avec ceux de l'archipel qui se trouve près des côtes de Terre-Neuve en Amérique du Nord. Les billets africains en circulation sont simplement contremarqués "Saint-Pierre-et-Miquelon".

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