Lors d'une audience devant le tribunal administratif de Saint-Denis à la Réunion, le mardi 14 août, la compagnie Corsair a contesté l...
Lors d'une audience devant le tribunal administratif de Saint-Denis à la Réunion, le mardi 14 août, la compagnie Corsair a contesté l'aide financière des collectivités de la Réunion pour la recapitalisation d'Air Austral à hauteur de 63,5 millions d'euros. Pour Corsair, il s'agit d'une aide d'Etat portant atteinte à la concurrence. Le tribunal devrait trancher d'ici à une semaine.
Semaine à hauts risques pour Air Austral. Le tribunal administratif de Saint-Denis doit se prononcer d'ici à une semaine sur la validité de la recapitalisation de la compagnie aérienne réunionnaise par les conseils régional et général de la Réunion.
L'une de ses concurrentes, Corsair; mal en point également, a en effet demandé mardi dernier au tribunal administratif de Saint-Denis (dans le cadre d'un référé suspensif) d'invalider les délibérations des conseils régional et général de la Réunion sur leur participation à cette recapitalisation de 63,5 millions d'euros.
Interrogé par l'AFP, le directeur général adjoint de Corsair, Sylvain Bosc, explique : « Nous considérons que les fonds apportés par les deux collectivités locales à Air Austral constituent une aide d'Etat qui aurait dû avoir l'aval de la Commission européenne, car elle perturbe le jeu normal de la concurrence entre les compagnies ».
Les difficultés d'Air Austral
La recapitalisation de la compagnie aérienne date du 6 juillet dernier. Elle s'est avérée nécessaire en raison dessérieuses difficultés de la compagnie réunionnaise. En effet, pour 2011-2012, les pertes d'exploitation de la compagnie s'élevaient à près de 50 millions d'euros. Les difficultés s'expliquent par le maintien des lignes long-courriers déficitaires, la cherté du pétrole, la sortie de cash pour payer les acomptes des nouveaux avions ou la chute des réservations.
En mai, à peine arrivé aux commandes d'Air Austral, Marie-José Malé, un ancien d'Air France, a lancé un plan de restructuration. Elle est passée par la suppression des liaisons vers la province métropolitaine (effective dès novembre prochain), dont le taux de remplissage ne dépassait pas 50%. Mais aussi, par le réajustement de la flotte de la compagnie de 11 à 9 appareils. Et la suppression de 53 postes en CDD d'hôtesses et de stewards.
En complément de cette restructuration, le besoin de liquidités était indispensable à la compagnie aérienne pour redécoller.
Le 6 juillet dernier, la région et le département ont participé à hauteur de 63,5 millions d'euros à l'augmentation de capital de Sematra, une société d'économie mixte. Elle est venue dans les mêmes proportions augmenter le capital d'Air Austral. La participation de Sematra dans le capital de la compagnie aérienne est alors passé de 46,7% à plus de 95%.
Le 6 juillet dernier, la région et le département ont participé à hauteur de 63,5 millions d'euros à l'augmentation de capital de Sematra, une société d'économie mixte. Elle est venue dans les mêmes proportions augmenter le capital d'Air Austral. La participation de Sematra dans le capital de la compagnie aérienne est alors passé de 46,7% à plus de 95%.
La légalité de l'aide des conseils général et régional de la Réunion
Pour la compagnie Corsair, Air Austral a bénéficié d'une « aide d'Etat », qui fausse la concurrence. Sylvain Bosc, le directeur général adjoint de Corsair, a affirmé que le recours de Corsair constitue une « protection du consommateur ». Il permet l'exercice d'une « concurrence loyale et saine » entre les compagnies.
Les « aides d'Etat », c'est-à-dire l'intervention des fonds publics, sont interdites par Bruxelles quand elles sont susceptibles de fausser la concurrence. Ces interventions sont en revanche autorisées quand elles participent à l'intérêt général.
Air Austral a évidemment un point de vue divergent sur la question. La compagnie réunionnaise estime que la participation des collectivités est « légale » et que les mesures de restructuration devraient permettre à terme à la compagnie de retrouver l'équilibre.
Investisseur avisé?
Les avocats des deux collectivités ont estimé que celles-ci ont agi en « investisseur avisé » et que les mesures prises par Air Austral sauvegardent les intérêts des actionnaires. La direction de la compagnie aérienne table sur un chiffre d'affaires de 372 millions d'euros et une perte de 26,7 millions pour 2012-2013. L'objectif est alors de revenir à l'équilibre et à des bénéfices pour l'exercice 2013-2014.
Corsair ne croit pas en un retour à la rentabilité pour Air Austral
Ces perspectives optimistes ne convainquent pas Sylvain Bosc qui pense qu'il y a « peu de perspectives d'un retour à la rentabilité ».
Le directeur général adjoint de Corsair a indiqué que la destination Réunion représente 30% du chiffre d'affaires de sa compagnie. Il a rappelé aussi à l'AFP les mesures « douloureuses » prises par Corsair, dont la suppression de 440 postes pour limiter les pertes. Pour lui, c'est « sans commune mesure avec l'effort fait par Air Austral ».
Le directeur général adjoint de Corsair a indiqué que la destination Réunion représente 30% du chiffre d'affaires de sa compagnie. Il a rappelé aussi à l'AFP les mesures « douloureuses » prises par Corsair, dont la suppression de 440 postes pour limiter les pertes. Pour lui, c'est « sans commune mesure avec l'effort fait par Air Austral ».
Par Marine Lathuillière
Source:latribune.fr
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