Un hommage a été rendu hier par les fidèles de la mosquée des Lataniers à la mémoire d’Adolphe Naïlane, sa femme et sa petite-fille, disp...
Un hommage a été rendu hier par les fidèles de la mosquée des Lataniers à la mémoire d’Adolphe Naïlane, sa femme et sa petite-fille, disparus tragiquement vendredi dernier dans l’île comorienne d’Anjouan.
SAINT-DENIS
« Souriant », « serviable », sont les mots qui reviennent le plus souvent pour qualifier Adolphe Naïlane, membre actif de la mosquée des Lataniers et fossoyeur durant de nombreuses années des carrés musulmans des cimetières de l’Est et du Butor.
Hier, la communauté musulmane de Saint-Denis lui a rendu hommage à l’issue de la traditionnelle prière du vendredi, en plein ramadan. L’imam a salué « un homme serviable, et qui avait le sens de l’humour. » Et de conter quelques anecdotes sur ce colosse d’1,90 m que tout le monde connaissait dans la communauté.
« Peu de chance qu’on sache la vérité »
« Il disait souvent comme ça à ceux qui l’embêtaient : “De toute façon, c’est moi qui vous enterrerai et pas vous !“ », se souvient le guide religieux. « Quelque part, il avait raison… » En effet, le Dionysien d’origine anjouanaise a très probablement déjà été inhumé quelque part dans son île de naissance, où il a trouvé la mort la semaine dernière avec sa femme et une de ses petites-filles dans des conditions troubles (nos éditions précédentes). Mais quelles que soient les causes de sa mort, « cet homme et sa famille sont morts en martyrs et ont droit au paradis », souligne l’imam.
En attendant, la nouvelle de cette triple mort tragique continue d’alimenter les conversations dans les communautés musulmanes et comoriennes de l’île, dans lesquelles Adolphe était très investi.
Naufrage d’un kwassa ou crime prémédité, les spéculations continuent d’aller bon train alors que la police anjouanaise privilégie pour l’instant la thèse de l’accident en mer. Un passeur en kwassa a été arrêté et un autre est recherché mais, officiellement, dans le cadre d’une enquête pour « homicide involontaire ». « Il y a peu de chance qu’on sache un jour la vérité », commente un membre de la communauté, « on ne fait pas d’autopsie aux Comores. »
Vendredi dernier, Adolphe Naïlane, son épouse et deux de leurs petites-filles avaient embarqué à bord d’un kwassa pour se rendre d’Anjouan à Mohéli, où ils devaient assister à un grand mariage. Sans qu’on sache encore réellement ce qu’il s’est passé à bord, les corps des deux grands parents ont été repêchés sans vie le lendemain, alors qu’une des deux fillettes était miraculeusement retrouvée vivante. Le corps de sa sœur, en revanche, n’a pas encore été retrouvé.
Le père des fillettes, qui réside à la Réunion, a décollé en début de semaine pour Anjouan avec l’un de ses frères, dans l’espoir d’en apprendre plus sur le drame et assurer une sépulture décente à ses parents. La fillette ayant réchappé à la mort, qui a déclaré que ses grands-parents et sa sœur avaient été volontairement tués par les passeurs en kwassa, se trouve toujours actuellement à Mayotte en compagnie d’une de ses tantes
S. G. Journal de l'Ile de la Réunion
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