Myriam Genier/afp Dimanche soir, la chaîne française a diffusé des extraits des négociations entre Mohamed Merah et la police. Le parquet de...
Dimanche soir, la chaîne française a diffusé des extraits des négociations entre Mohamed Merah et la police. Le parquet de Paris a ouvert une enquête.
Le scoop de TF1 a choqué le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls. Dans un communiqué, celui-ci a fait savoir qu'il regrettait «cette diffusion au moment même où la justice est saisie. Aucune précaution n'a été prise pour respecter les familles des victimes.» Il a précisé «qu'un enregistrement a bien été réalisé par la police, mais qu'il n'a jamais été rendu public. Il convient donc de s'interroger sur les moyens par lesquels le diffuseur a pu se le procurer.»
«Il faut aller jusqu'au bout»
Le ministre de l'Intérieur a indiqué lors d'une conférence presse à Chartres lundi qu'il fallait «aller jusqu'au bout pour connaître les auteurs» des divulgations des enregistrements audio diffusés par TF1. Ces policiers ont commis une «infraction claire», a-t-il souligné. «L'inspection générale de la police nationale (IGPN, la police des polices, ndlr) est saisie à la fois par mes soins et par la justice», a-t-il précisé.
De son côté, la ministre de la Justice Christiane Taubira «tient à ce que la lumière soit faite sur cette affaire». Dans un communiqué, la garde des Sceaux déclare «comprendre l'émotion des familles des victimes».
Les proches veulent saisir la justice
Choqués, les proches des victimes ont annoncé qu'ils allaient saisir la justice afin d'interdire d'autres diffusions. De son côté, le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) a contacté dimanche les dirigeants de TF1 dans le même but. Ces réactions ont été entendues, puisque la chaîne a retiré les extraits de son site web. Ils sont cependant encore disponibles sur YouTube.
Mais TF1 ne va pas s'en tirer comme ça. La justice française a décidé d'ouvrir une enquête préliminaire pour violation du secret de l'instruction. Et Michel Boyon, président du CSA, a expliqué sur Europe 1 que TF1 risque «des sanctions financières ou bien la lecture d'un communiqué à l'antenne dans lequel on indique que la chaîne a commis une faute». Le CSA auditionnera mardi la direction de la première chaîne, ainsi que ceux de BFMTV et d'i-Télé, qui ont diffusé les extraits.
Devoir d'informer
«Nous sommes des journalistes, notre travail, c'est d'informer (...). Toutes les rédactions du monde travaillent pour sortir des informations», a expliqué à l'AFP Catherine Nayl, directrice de l'information du groupe TF1. Ces extraits contenaient «des informations très importantes sur la façon dont les hommes du Raid ont négocié», affirme-t-elle.
«Je pense que ce document prouve que, jusqu'au bout de l'assaut, les négociateurs ont essayé d'arrêter Mohamed Merah, et de l'arrêter vivant», a poursuivi Catherine Nayl. «On comprend aussi dans ce document que Mohamed Merah, avec un sang-froid et une détermination absolus (...), s'est construit un personnage.»
«On comprend parfaitement le choc et la violence pour les familles des victimes d'entendre la voix de celui qui a assassiné un des leurs», a-t-elle ajouté. Cependant, selon elle, le document diffusé dimanche a été fait d'une façon «absolument pas sensationnaliste». «Il a été fait de manière journalistique, pierre après pierre.»
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Richard Prasquier, a de son côté jugé «justifiée» la colère des familles, estimant «insupportable» d'«entendre cet assassin plastronner».
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