Le Frère musulman Mohamed Morsi, déclaré dimanche vainqueur de l'élection présidentielle égyptienne, a assuré qu'il était «le présid...
Le Frère musulman Mohamed Morsi, déclaré dimanche vainqueur de l'élection présidentielle égyptienne, a assuré qu'il était «le président de tous les Egyptiens»
«Je suis le président de tous les Egyptiens, sans exception», qu'il soient «à l'intérieur ou à l'extérieur» du pays», a-t-il affirmé. «Je ne serais pas ici maintenant, en tant que premier président élu par la volonté libre des Egyptiens, sans la grâce de Dieu et (...) le sang des martyrs», a également déclaré Mohamed Morsi en allusion aux quelque 850 personnes mortes en janvier-février 2011, victimes de la répression. «Merci aux martyrs, aux âmes des martyrs, aux mères des martyrs, aux pères des martyrs», a-t-il ajouté.
Premier président islamiste
Mohamed Morsi a été déclaré dimanche vainqueur de la présidentielle en Egypte. Il devient ainsi le premier islamiste à la tête de ce pays, le plus peuplé du monde arabe avec ses quelque 82 millions d'habitants.
M. Morsi a obtenu 13'230'131 de voix contre 12'347'380 à son rival Ahmad Chafiq, un ancien Premier ministre de M. Moubarak, a annoncé dans l'après-midi le président de la commission électorale, Farouk Soltan.
Mohamed Morsi, un ingénieur de 60 ans diplômé d'une université américaine, est le premier président à avoir été élu depuis la chute de Hosni Moubarak, le 11 février 2011.
Sa victoire a été saluée par une explosion de joie place Tahrir au Caire, où plusieurs dizaines de milliers de ses partisans ont crié «Allah akbar» (Dieu est le plus grand), lancé des feux d'artifice, et scandé «A bas le pouvoir militaire».
Le maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), l'instance qui dirige le pays depuis la chute de M. Moubarak, ainsi que le candidat malheureux Ahmad Chafiq, ont chacun adressé leurs félicitations au nouveau président.
Marché entre les Frères et l'armée?
Selon la commission électorale, le taux de participation au second tour de cette présidentielle, qui s'est tenue les 16 et 17 juin, s'est élevé à 51%. Le nombre de votants s'est lui chiffré à 26,4 millions sur 50,9 millions d'inscrits. Les 23 et 24 mai, la participation au premier tour avait été de 46%.
A l'annonce des résultats, la déception était vive au sein du camp Chafiq, qui n'avait cessé de proclamer sa victoire sur la base de résultats provisoires au cours des derniers jours. Plusieurs de ses supportrices ont hurlé, d'autres étaient en pleurs alors que des hommes se sont pris la tête entre les mains, a constaté une journaliste de l'AFP.
Le responsable de communication de la campagne de M. Chafiq, Ahmad Baraka a refusé de commenter cette défaite.
«Je suis vraiment triste», a affirmé Magued, un partisan de Chafiq. «Je ne vois pas comment l'Egypte sera représentée par cet homme et son groupe», a-t-il estimé. «C'est un marché conclu entre l'armée et les Frères», a déploré pour sa part une supportatrice qui a refusé d'être identifiée. A ses yeux, «l'armée a peur que le pays s'engage dans la violence».
Victoire saluée
A l'inverse, le mouvement palestinien du Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza et allié des Frères musulmans, a immédiatement salué la victoire de Mohamed Morsi, la qualifiant de «moment historique» pour le Moyen-Orient.
«C'est une nouvelle ère qui s'ouvre en Egypte. Il s'agit d'un revers pour le programme de normalisation et la coopération sécuritaire avec l'ennemi (israélien), a estimé Mahmoud Zahar, un haut dirigeant du mouvement islamiste palestinien.
Les Emirats arabes unis ont eux aussi «favorablement accueilli» cette élection. Dans un communiqué publié par l'agence officielle WAM, ils expriment «l'espoir de voir les efforts converger maintenant pour assurer la stabilité» de l'Egypte «et la coopération entre tous dans le cadre de l'action nationale commune».
Marge de manoeuvre réduite
Chef du Parti de la Justice et de la Liberté (PLJ), vitrine politique des Frères, Mohamed Morsi avait bénéficié lors de sa campagne du soutien de l'immense réseau militant des Frères, la plus importante et la mieux organisée des forces politiques du pays face au pouvoir incarné par l'armée.
Fort d'une légitimité populaire, le futur président disposera toutefois d'une marge de manoeuvre très réduite face au Conseil militaire aux commandes du pays.
L'armée a en effet récupéré le pouvoir législatif après la dissolution mi-juin de l'Assemblée, contrôlée par les islamistes, suite à un jugement déclarant illégal le mode de scrutin. Elle a promis de remettre avant le 30 juin le pouvoir exécutif au nouveau chef de l'Etat issu de l'élection présidentielle.
Le chef par intérim de l'Eglise copte félicite le président
L'évêque Pachomius, chef par intérim de l'Eglise copte orthodoxe d'Egypte, a félicité dimanche l'islamiste Mohammed Morsi pour sa victoire à la présidentielle égyptienne, selon la télévision publique. «L'évêque Pachomius (...) félicite le Dr Morsi pour la présidence», a indiqué la télévision dans un bandeau.
Le sit-in continue
Les Frères musulmans ont indiqué dimanche qu'ils poursuivraient leur sit-in sur la place Tahrir au Caire pour protester contre les dispositions constitutionnelles prises récemment par l'armée, qui permettent à celle-ci de continuer à contrôler largement le pouvoir.
«Le sit-in place Tahrir va se poursuivre jusqu'à l'annulation de la déclaration constitutionelle complémentaire», a dit un responsable de la confrérie, Mohamed al-Beltagui, à la télévision d'Etat, peu après l'annonce de la victoire à la présidentielle de l'islamiste Mohamed Morsi. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) «n'a pas le droit de confisquer le pouvoir exécutif ni législatif», a dit ce dirigeant islamiste.
Dimanche dernier, le CSFA, au pouvoir depuis le départ en février 2011 de Hosni Moubarak, avait annoncé dans une Déclaration constitutionnelle amendée qu'il exercerait le pouvoir législatif jusqu'à l'élection d'une nouvelle Assemblée du peuple, qui pourrait avoir lieu vers la fin de l'année.
La Chambre des députés, dominée par les Frères musulmans, a en effet été dissoute en application d'un arrêt de la Haute cour constitutionnelle pour un vice juridique dans la loi électorale.
Le nouveau scrutin ne pourra toutefois pas avoir lieu avant l'adoption d'une nouvelle Constitution, pour laquelle le CSFA s'est accordé un droit de veto sur tout article qu'il estimerait «contraire aux intérêts suprêmes du pays». La Déclaration stipule aussi que le CSFA garde la haute main sur «tout ce qui relève des forces armées».
Les Frères musulmans ont qualifié ces mesures de «coup d'Etat» et appelé leurs partisans à multiplier les manifestations à Tahrir.
Paris «prêt à travailler»
Le président français François Hollande a adressé ses félicitations dimanche au nouveau président égyptien élu Mohamed Morsi, assurant que la France était «prête à travailler avec lui» et souhaitant l'établissement en Egypte d'«un système politique démocratique et pluraliste». «La France tient à saluer le peuple égyptien, qui dans le calme et avec détermination, a participé au processus électoral, témoignant une nouvelle fois de son aspiration à choisir librement et démocratiquement ses représentants et ses dirigeants», écrit la présidence dans un communiqué.
«Notre pays se tient prêt à travailler avec le nouveau président élu. Il importe aujourd'hui que la transition, commencée en février 2011, se poursuive afin, conformément aux engagements pris, que s'établisse en Egypte un système politique démocratique et pluraliste et un Etat de droit garantissant les libertés civiles et politiques de tous les citoyens comme des minorités», poursuit l'Elysée.
«La France soutiendra l'Egypte dans les instances européennes et internationales pour surmonter les difficultés auxquelles elle est aujourd'hui confrontée, notamment sur le plan économique. Le président de la République a rappelé, lors du sommet du G8 à Camp David, que la France est pleinement engagée dans le partenariat de Deauville visant à soutenir les transitions démocratiques dans le monde arabe», conclut le texte du communiqué.
Un jour «historique» pour l'Egypte
L'Union Européenne a félicité dimanche le nouveau président égyptien, le candidat des Frères musulmans Mohamed Morsi, et qualifié d'«historique» cet événement «pour le pays et pour la région».
La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, «salue la tenue pacifique des élections présidentielles et félicite Mohamed Morsi pour son élection comme président de l'Egypte. C'est une étape majeure dans la transition démocratique de l'Egypte et un moment historique pour le pays et la région», selon un communiqué publié dimanche soir par ses services.
Mme Ashton exprime son souhait de «travailler avec le président Morsi et son administration, à qui elle fait confiance pour représenter la diversité de l'Egypte». Dans ce but, elle «encourage le président élu à tendre la main à tous les autres groupes politiques et sociaux», ajoute le texte.
La joie des partisans de Morsi
(ats/afp)
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